Pas dépaysés

Trajet : Lillehammer – Oslo : 156 km

On parcourt les derniers kilomètres jusqu’à l’aéroport avant de procéder à longue tâche du vidage de la voiture : sacs, mais aussi papiers, prospectus, tickets de caisse etc.

Visites des magasins de l’aéroport pour dépenser les derniers kékos, puis départ! Arrivée à Zurich sous la pluie de façon à ne pas être trop dépaysés. S’en suit le très long voyage en train avant une bonne nuit sur un vrai matelas et un vrai sommier!

Bois debout

Trajet : Borgund – Lillehammer : 382 km

Nous avons vu les fjords norvégiens, les fermes rouges, le soleil de minuit au cap nord, les cols enneigés et les forêts verdoyantes. Alors avons-nous vu tous les éléments clés qui caractérisent la Norvège?

Apparemment pas, car il nous manquait en tout cas la contribution norvégienne au patrimoine architectural mondial : l’église en bois debout, véritables pièces montées de bois datant du XIIe siècle. Celle de Borgund (1180), la première sur notre trajet d’aujourd’hui est la mieux conservée du pays. Le nom barbare des ces églises vient des piliers verticaux qui forment la base de l’édifice. Le terme anglais « stave church » est quant à lui nettement moins ridicule…

Après cette visite intéressante nous prenons notre dixième et dernier ferry pour être ensuite accueillis sur la berge opposée par une de ces averses dont la Norvège a le secret et qui commence par nous sortir par les trous de nez! Le temps maussade nous dissuade d’aller voir l’église de Kaupanger et, celle d’Urnes, la plus vieille qui ait été préservée, est trop compliquée à accéder vu le peu de temps que nous avons à disposition. Nous remontons une route touristique bordant le parc naturel de Jotunheimen et quittons – sous la pluie – notre dernier fjord norvégien pour nous enfoncer dans les montagnes avant d’aller admirer l’extérieur de la jolie église en bois debout de Lom. Puis c’est direction Lillehammer où nous passons notre dernière soirée qui se termine par le désormais incontournable tsjeriåu de DJ LØV.

24.5 km!

Trajet : Loen – Borgund : 380 km

Journée consacrée aux routes touristiques des fjords de l’ouest. A travers des paysages grandioses (pour ne pas changer…), nous ne comptons plus le nombre de fois où nous passons du niveau de la mer aux neiges éternelles en quelques virages en épingle à cheveux pour ensuite replonger vers un petit village au fond d’un fjord. La Norvège n’est décidément pas un pays pour les allergiques au vert, car cette couleur est omniprésente dans toutes ses variations de ton, du vert prairie au bronze de l’eau des fjords. Nous traversons aussi de hauts plateaux verdoyants comme en Irlande, et des défilés rocheux d’où jaillissent des dizaines de cascades pour soudain débarquer au bord d’un fjord si étroit et si éloigné de tout que l’on a de la peine à savoir s’il s’agit d’un lac ou d’un bras de mer. Heureusement, un immeuble de croisière nous prouve que cette étendue d’eau encaissée est bel et bien connectée à la mer.

Le relief est tellement marqué que la route est parsemée de tunnels. L’un deux affiche l’honorable longueur de 24.5 km, de quoi faire pâlir notre Gothard national. Assez curieusement, aux kilomètres 6, 12 et 18, le tube s’élargit en une sorte de grotte éclairée en violet-bleu genre glacier. Assez étonnant de trouver ça dans un tunnel! Est-ce pour nous divertir durant cette longue traversée?

Nous continuons notre route vers Borgund, et vu que nous avons eu notre quota de tunnels, nous empruntons la route historique qui les évite et qui longe une rivière au fond d’une gorge : encore des paysages surprenants!

Balade de santé

Trajet : Loen – Loen : 0km enfin, ça dépend du point de vue…

“Petite” marche au programme aujourd’hui, ce qui explique notre levé matinal à 7h30. Le programme de la journée est en effet ambitieux. A partir du parking situé à 23 mètres au-dessus du niveau de la mer, nous nous proposons d’atteindre la cabane de Skåla à 1848m d’altitude pour admirer le superbe panorama sur le fjord et le glacier du parc national de Jostedalsbreen. 1825 mètres de dénivelé sur un chemin de cabris au paysage bien varié mais toujours en pente! Il nous faut environ 3h30 pour atteindre la cabane, une petite tour ronde construite à l’époque pour y traiter les tuberculeux par le remède du grand air. Après une pareille montée, ils devaient être soit guéris soit morts, ces pauvres tuberculeux. Pas de gardien à la cabane, mais toute la nourriture que l’on veut avec les prix indiqués, y compris un important stock des terribles Kjøttkakers. Il faut même payer pour pique-niquer… par carte de crédit! La cabane est joliment aménagée, avec un grand lit en demi-cercle pour tout le monde. La nuit, ce doit être une belle rencontre de pieds.

Question vue malheureusement, la chance n’est pas avec nous, car le temps est bouché. Quelques mètres avant l’arrivée au sommet, les brumes se dissipent quand même, nous permettant d’apercevoir le fjord en contrebas l’espace de quelques minutes. Nous restons quelques heures au sommet dans l’espoir que les nuages se dissipent mais sans succès. Il commence même à pleuvoir et nous nous apercevons que la tour n’est pas très étanche…

Jolis champs de neige à la descente qui nous permettent de descendre rapidement en glissant sur nos chaussures, au prix de pieds trempés bien sûr, sauf pour Daniel dont les chaussures étaient “gore-texées”. Florent descend même sur un sac en plastique! Sur le chemin du retour, on croise beaucoup de personnes qui montent, probablement pour passer la nuit à la cabane. Enfin, à part les gens qui montent sans affaires et au pas de course. Ceux-ci s’entraînaient pour la course qui aura lieu le 13 Août. Pour gagner, il faut monter en environ 75 minutes!

Troll city

Trajet : Trondheim – Kristiansund : 205 km

D’après nos guides, le plus beau fjord de Norvège nous attend aujourd’hui. Je ne sais pas s’il existe des critères objectifs de beauté pour classer les fjords, mais si l’étroitesse du fjord ainsi que la verticalité (et non raideur!) des pentes qui le bordent sont les principaux atouts alors nos guides ont raison! Fantastique paysage lorsque l’on débarque avec la route à quelques centaines de mètres de hauteur sur une vue plongeante du bras de mer. Il y a comme un air de lac des Quatre-Cantons vu du Rigi : on se croirait chez nous!

Niché au fond du fjord, le petit village de Geiranger qui ne présente aucun intérêt, mais qui reçoit tout de même 600’000 visiteurs par ans, venus admirer le cadre enchanteur du lieu. Une bonne partie de cette déferlante touristique arrive par bateaux de croisière et mouillent devant Geiranger.

Autant dire que les gift shops pullulent et que la population de trolls plastifiés doit être de deux (voire trois) ordres de grandeur supérieur à celle des habitants. La route remonte ensuite, et en moins de 15 km, nous voilà passé de 0 à 1500m d’altitude au sommet de Dalsnibba, puis nouvelle descente en prenant une route touristique très étroite. Le croisement de deux cars auquel nous assistons s’est révélé extrêmement scabreux. Une petite halte s’est imposée pour aller mettre les pieds dans l’eau glacée qui descendit des plaques de neige entrain de fondre. Après une dizaine secondes, la douleur devenait insupportable. Florent s’aventure tout de même à faire le tour d’un rocher dans l’eau. Au début, il crie “j’ai pas mal!”, mais une fois le tour terminé ses cris s’étaient transformés en “j’ai très mal!”

On passe ensuite devant une station de ski d’été, avant de redescendre vers Loen, au fond d’un (vous ne devinez pas?) …fjord. Joli coucher de soleil à 22h00 avec de la purée de pdt, et une boîte de Kjøttkaker qui aura quelques conséquences gazeuses le lendemain…

Mouillés sans pluie

Trajet : Kristiansund – Valldal : 305 km

Premier arrêt de la journée à Mardalsfossen : avec ses 655 m de chute (dont 297 m en une fois d’un à-pic vertical), ce fut longtemps la 4ème (ou 5ème suivant les sources) plus haute chute du monde. Si elle a perdu son titre aujourd’hui, c’est que Mme (ou Mlle, c’est selon) ne travaille plus qu’à temps partiel, du 20 juin au 20 août pour les touristes. Le reste de l’année, l’eau est utilisée par une usine hydroélectrique et la chute est tarie. Depuis le parking, petit chemin de 2 km jusqu’à la base de la chute. Enfin, ça c’est la théorie, car à moins d’être en tenue de bain (ou d’Adam), impossible d’approcher. A 100 m on commence à être mouillé et à 50 m, on était tout dégoulinant!

Seconde partie de la journée : Trollstigen, l’échelle des trolls. Une route avec une pente de 1:12 et 11 virages en épingle à cheveux dans un paysage de montagne et cascades. En haut, gift shops vendant des trolls par m^3. Il y a aussi une sorte du musée avec un étrange panneau sur la porte d’entrée : “If you want to visit the museum, talk with the toilet personal”… La route se poursuit sur un plateau dans les montagnes pour redescendre vers Valldal et ses fraiseraies.

Une baleine échouée

Trajet : Trondheim – Kristiansund : 205 km

Visite de Trondheim durant la matinée avec notamment l’église de Nidaros, édifice gothique aux proportions inhabituelles. A midi, on s’arrête dans un café qui — exception en Norvège — semble avoir une machine à café à percolation. Toutefois, nous n’étions pas sortis de l’auberge, car “ils” ne semblaient connaître que l’espresso et le double espresso. Il a fallu quelques explications et montrer les tasses de la taille désirée pour ressortir avec le précieux breuvage.

Parmi les nombreuses curiosités de la ville, la plus intrigante est en fait un ascenseur à vélo (si si), dispositif assez original qui permet aux cyclistes de gravir une rue en pente tout en restant sur leur selle. On poursuit ensuite notre route vers l’Ouest pour arriver le soir à Kristiansund, où l’on passe la nuit. Sur le port, de nombreux bateaux dont la fonction nous intrigue (baleiniers?) Les baleines, quant à elles, ce sont au bar que nous les avons vues, dont une particulièrement collante (et au T-shirt très laid) dont nous n’arrivons plus à nous débarrasser. Mon numéro de “Je ne parle que le français; chers amis, traduisez!” n’était malheureusement pas assez crédible!

Un voyage en enfer

Trajet : Ossen – Trondheim : 473 km

Rien de bien spécial à signaler aujourd’hui puisque la journée fut consacrée à rouler en direction de Trondheim, 3ème ville de Norvège. Temps gris, mais sec dans l’ensemble. Quelque km avant Trondheim, nous sommes passés en enfer (dans le village de Hell) et tout comme nos “Enfers” à nous dans le Jura, ce n’est pas si horrible que ça : plage et gare. En plus, ce n’est pas le terminus de la ligne!

On atteint ensuite Trondheim (pour ceux qui douteraient de la possibilité de quitter Hell) et après avoir payé la bretelle, l’entrée dans la ville et le parking exorbitant, nous allons manger un morceau avant de partir à la recherche du camping décidément bien caché. A la réception du lieu, lorsque nous annonçons que nous sommes 3 avec 2 tentes, on nous demande : “combien de personnes dorment dans la première et combien dans la seconde, Sir?” (il faut dire qu’il y a quand même 4 possibilités 3/0, 2/1, 1/2, 0/3. Mais, comme les tentes sont indifférentiables, il n’y en a en fait que 2, dont une très intelligente…)

Oscar en Norvège

Trajet : Svartisen – Ossen : 93 km

But du jour : prendre une petite coque de noix jusqu’au fond du lac, puis petite marche jusqu’à l’extrémité du glacier.

Nous réalisons que, tel l’automate Oscar de Syberia, le gros nounours qui s’occupait du camping porte toutes les casquettes : c’est en effet lui qui nous a vendu les casquettes au kiosque, que l’on a retrouvé plus tard sur le quai pour nous vendre les billets, ainsi qu’à la barre du bateau pour nous piloter jusqu’à destination. Nous n’aurions été qu’à moitié étonnés si, au terme des 3 km de marche qui nous ont menés au glacier, nous l’aurions retrouvé derrière une échoppe de crèmes glacées!

Le soleil n’est malheureusement absent, mais au moins il ne pleut pas. Glacier joliment découpé et crevassé. Nous observons un groupe de touristes participant à une excursion “initiation à la marche sur glacier” faire leurs scabreux débuts sur la glace.

Bouchon sur la E6

Trajet : Sørkil – Svartisen : 342 km

Nous quittons notre joli emplacement de camping sans nous baigner, car un léger vent frais s’est levé. Le but du jour est de se rendre à proximité du glacier Svartisen que l’on se propose d’atteindre à pied le lendemain.

C’est seulement lorsque l’on a été forcés de s’arrêter derrière une file de voitures, que l’on a compris qu’un accident assez important avait du se produire. Et à voir la longue file de voiture devant nous, ça avait eu lieu à une bonne distance. Après environ 45 minutes d’attente, nous pouvons repartir, et l’on croise à quelques kilomètres de notre point d’arrêt un camping car totalement démoli. Après quelques kilomètres de route, on franchit le cercle polaire et comme nous sommes cette fois sur la route principale, on ne peut échapper au petit centre touristique et son inévitable gift shop vendant du kitsch boréal. Notre franchissement du cercle polaire vers le Sud marque aussi le retour du mauvais temps et des averses. Lorsque nous arrivons à la fin de la piste nous menant au terrain de camping proche du glacier, un violent orage s’abat sur nous si bien que même la vitesse maximale des essuie-glaces est insuffisante pour continuer à rouler normalement. Une fois l’orage calmé, force nous est de constater que le camping s’est transformé en marécage, et nous voilà obligés de d’installer nos tentes dans un endroit quelque peu pentu pour dormir au sec. Heureusement, le temps s’est peu à peu dégagé ce qui nous a permis de cuisiner sans pluie et même de manger avec du soleil. Avant son apparition, le lac à côté duquel le camping était situé avait un aspect fantomatique et inquiétant avec des filets de brume qui s’en élevaient tels des spectres.