Un long voyage (bis)

Réveil à 6h15. Florent et moi prenons congé de Matteo qui prend un autre vol et ne part que le lendemain. Premier vol jusqu’à Tokyo-Narita que l’on atteint en fin de soirée. Le vol pour Zurich ne partant que le lendemain matin, Japan Airlines nous offre une nuit d’hôtel. Nous débarquons donc dans l’établissement au lobby tout en marbre. Oh oh!, voici un backpacker de luxe, et en plus, on ne paye rien. La chambre se révèle à la hauteur du lobby. Il y a des pantoufles, et des toilettes électroniques qui nous douchent le postérieur lorsque l’on a fini. Évidemment, nous nous sentons obligés de tester toutes les fonctionnalités des toilettes, y compris, bien sûr, l’ajustement de la pression du jet.

Après le souper, nous nous rendons au sommet de l’hôtel où se trouvent le sushi bar (beurk, et de toute façon, n’ayant pas de cravate, nous n’aurions pas pu imiter Johnny English) et le Skybar, qui nous permet – comme nous l’explique la publicité – “de se relaxer tout en contemplant les magnifiques illuminations de l’aéroport”. On est assis à un bar en acajou, face à une immense baie vitrée, confortablement installés dans des fauteuils de cuir moelleux. Évidemment, le prix de la Sapporo (bière japonaise, reconnue par le dictionnaire de Word), est en relation avec le décor!

Le lendemain, départ vers Zurich. L’aéroport est bondé, et il nous faut environ 45 minutes pour passer la douane. Dans l’avion, on a l’honneur d’assister à la projection de Torque, le 3ème sous-sol du cinéma américain.

6’000’000 de rivets

Le matin, visite de la ville. Vu les kilomètres parcourus la veille, Florent et moi insistons pour prendre le métro. Le réseau n’est pas très efficace, et on aurait été aussi vite à pied, mais au moins on a pas eu à marcher (pour l’instant). On commence par traverser le pont de Sydney à pied, en s’arrêtant au petit musée/point de vue situé dans l’un des piliers. Outre la magnifique vue sur la baie et l’opéra, l’expo fourmille de photos et d’infos sur la construction de cet ouvrage inauguré en 1933. Il aura notamment fallu environ 6 millions de rivets pour faire tenir l’ensemble. La balade continue ensuite dans le quartier de “The Rocks”, le vieux quartier de Sydney. Ensuite, nous remontons George Street à pied, ce qui a un sérieux air de déjà vu pour Florent et moi. Notre objectif : le marché dont Matteo nous a inlassablement vanté les mérites durant ces 4 semaines. Comme disait Henri Dès : “Au marché, au marché, tu peux tu peux tout trouver”. Notre but étant bien sûr de ramener quelques souvenirs d’Australie. Mais une fois à l’intérieur, on se croirait transporté en Asie : les produits vendus (et les vendeurs aussi d’ailleurs) sont plutôt made in China et made in Taiwan que de véritables souvenirs australiens. Après des fouilles approfondies dans les allées compactes, je parviens à trouver, selon les désirs de ma soeur, un kangourou en peluche, et made in Australia qui plus est!

En fin d’après-midi, retour au backpacker pour préparer les bagages. Cette fois les vacances ont un petit arrière goût de terminé. Et pour le dernier souper, on goûte du Kangourou, qui se révèle avoir une saveur assez proche de celle du gibier.

Largage de la poubelle

Trajet : Kempsey-Sydney : 450 km

Démontage des tentes pour la X-ème (mais cette fois dernière) fois et en voiture s’il vous plaît direction Sydney que nous atteignons dans le courant de l’après-midi. Le fait que l’on arrive du Nord nous permet de passer sur le fameux Sydney Harbour Bridge, alias le “cintre”. Nous nous dirigeons ensuite vers King Cross, le quartier de la perdition (celui des backpackers), et par chance, nous en trouvons un qui a l’air correct (entendons-nous, ça reste un backpacker…)

Une fois tous les bagages sortis de notre limousine, nous nous mettons en quête d’un car wash pour redonner ses 20 ans à notre chère voiture. Hé hé, car nous avons découvert entre-temps que la voiture soit disant du début des années 90 avait été fabriquée en… 1983. Presque aussi vieille que nous la Gertrude! Trouver un car wash n’est pas très simple en plein centre ville, mais après bien des errances, nous arrivons à amener la voiture propre à l’agence de location suspecte juste quelques minutes avant la fermeture. Nous étions sensés la rendre le lendemain, mais de cette façon on s’en débarrassait plus vite sans avoir à payer un parking pour la nuit.

Le soir, nous nous rendons au centre ville à pied. Finalement, après 10 “minutes de Matteo” (environ 20 minutes réelles), nous arrivons devant le bar où Matteo voulait nous emmener prendre l’apéro. Un coup d’oeil à la tenue des gens qui sont à l’intérieur et au nom du bar (l’Establishment), me fait douter de la possibilité d’entrer dans notre tenue : pas de chemise ni cravate. Le gorille ne nous laisse même pas approcher de la porte à la plus grande surprise de Matteo, qui tente de nous expliquer qu’avant ils laissaient entrer tout le monde… Nous trouvons donc un autre bar plus adapté à notre tenue décontractée, puis nous allons manger dans un restaurant Italien aux toilettes particulières. En effet, il fallait traverser une galerie d’art pour atteindre l’endroit en question, le restaurant ne disposant pas de ses propres installations sanitaires, et ayant probablement conclu un arrangement avec la galerie voisine. La soirée se poursuit dans un pub tout proche, et bientôt Matteo se sent fatigué et désire rentrer. Nous le laissons partir, pensant pouvoir retrouver notre chemin sans problème : suivre George Street puis tourner à gauche dans Park Street, c’est ce que nos cerveaux alertes avaient enregistré lorsque nous avions suivi Matteo qui nous avait conduits jusqu’ici. Seulement nous ne savions pas que les rues (certaines en tout cas) changent de nom lorsqu’elles croisent George Street (probablement un truc du genre “on ne croise pas le roi” comme à Adelaide), et ainsi Park Street se transforme donc en Druitt Street lorsqu’elle croise ce bon vieux George (Smiley ?). Et ce qui devait arriver arriva : on lisait les panneaux du mauvais côté de la rue et Park Street nous est passée sous le nez, “Damned”!

Le paradis du béton

Trajet : Miami-Kempsey : 451 km

Le matin est consacré à la visite de Surfers’ Paradise, histoire de voir de quoi ça a l’air, le paradis des surfeurs. Mouais, drôle d’Eden : urbanisation sauvage, front de mer bétonné, et hauts immeubles font passer les pires endroits de la côte d’Azur pour un coin de campagne! Les magasins de souvenirs et de sport se suivent à perte de vue. Bilabong, Quicksilver et Cie ont pignon sur rue.

Dans l’après-midi, on reprend la route jusqu’à Kempsey, à 450 km de Sydney. Le monsieur à la réception du camping a un pull polaire avec sur la poitrine un Cervin brodé surmonté d’un drapeau suisse. Nous lui demandons naturellement s’il est déjà allé en Suisse, et voilà-t-il pas qu’il commence à nous causer en Suisse-Allemand : sa femme est outre-sarinnoise, et visiblement bon professeur de langue aussi… Nous profitons pleinement de notre dernière nuit de camping puisque dès demain à Sydney, il va falloir se remettre aux backpackers, et qui sait sur quel genre de porcherie nous allons encore tomber!

Une tentative avortée

Trajet : Childers-Miami : 520 km

But du jour : Fraser Island, une île de sable couverte de végétation et de lacs. Mon “Lonely Planet” annonce la couleur : l’île ne se visite qu’en 4WD, et les marches jusqu’aux lacs partent depuis le milieu de l’île, à environ 8 km du point ou le ferry nous largue. Donc à pied et en une seule journée, pas trop le temps d’y faire quoi que ce soit d’intéressant. Pourquoi s’inquiéter de ce point organisationnel uniquement maintenant, et n’avoir pas prévu le coup? La vérité est que j’avais déjà soulevé cette problématique à Mt. Isa lorsque je lisais le guide en attendant que la voiture soit réparée, mais je m’étais fait vertement rabroué par Florent (qui n’a jamais daigné regarder dans le guide ce qu’il y avait à faire dans les régions que l’on a traversées) d’un “Ouais j’ai compris! Tu veux pas y aller”, alors je n’ai pas insisté Môssieur verrait bien sur place! Il a donc fallu que l’on arrive au Ferry et que le caissier nous déconseille fortement d’y aller pour une seule journée, pour que le point soit éclaircit.

On continue donc notre descente vers le Sud en évitant Brisbane. Juste avant la frontière entre le Queensland et l’Etat du New South Wales, on atteint la côte d’or : une vingtaine de kilomètres de côte méga-touristique dont la ville principale, Surfers’ Paradise, annonce la couleur. On s’arrête un peu plus au sud, à Miami (!) qui est un peu moins urbanisée que Surfers’ Paradise. Le camping est très calme et donne sur la plage et ses magnifiques vagues. Malgré le fait que le soleil soit entrain de se coucher, Florent et moi enfilons nos caleçons de bain pour aller affronter les vagues. L’air est assez frais, mais la température de l’eau est agréable. Le soir, souper dans un resto italien. Nourriture et vin excellents, mais ne n’est pas difficile, comparé au Subway du soir d’avant…

The team goes south

Trajet : Townsville-Childers : 1078 km

Départ de Townsville en direction de Sydney. But du jour : avancer le plus possible en direction de Fraser Island que l’on compte visiter le lendemain. On s’arrête en fin de journée à Childers, à environ une heure de voiture du point d’embarquement pour Fraser Island. Et pour la première fois des vacances : impossible de trouver un restaurant remplissant nos critères de qualité (le fait que ni Matteo ni Florent ne voulaient manger asiatique réduisait systématiquement le choix de 60%) Résultat, nous finissons donc au Subway.

Konala

Trajet autour de Townsville jusqu’à notre départ : ~45km

Au matin, Florent n’est pas d’humeur à nous accompagner sur Magnetic Island, une petite île à quelques encablures de Townsville, et préfère aller faire un tour en ville. C’est donc uniquement Matteo et moi qui prenons le ferry pour l’île au nom intriguant. Jolies promenades dans l’île, mais Matteo avance au pas de charge mode “Rekrutenschule”. Pic-nique dans une jolie baie. Nous profitons pour nous baigner. Dans l’après-midi, nos pas nous conduisent à travers des restes de bunkers et positions d’artillerie de la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas le petit moustachu que les Australiens craignaient à l’époque, mais plutôt une attaque des Japonais. L’ensemble est joliment caché dans la végétation luxuriante et le relief montagneux de l’île. Malheureusement (enfin bon…), les Japonais ont posé un lapin aux Australiens, et ne se sont pas montrés à la fête. Résultat : comparé à la Normandie, pas une seule éraflure ni impact d’obus ne marquent les bâtiments: tout est comme neuf (comme nos bunkers à nous, quoi).

Perché sur un arbre au bord du chemin, nous apercevons un koala assoupi. A voir son air benêt, on veut bien croire les scientifiques qui nous disent que le cerveau du koala est atrophié et flotte dans un liquide à l’intérieur de la boîte crânienne. D’où l’expression toute trouvée par Florent : “Être con comme un koala”. Lors du trajet de retour sur le ferry, l’accès au port est momentanément bloqué par un énorme cargo sortant du chenal et qui a tôt fait de devenir la cible de l’attention des passagers. Lorsque le monstre nous croise, on découvre avec surprise un pavillon familier flottant sur la plage arrière : c’était un bateau de la marine suisse!

Finding Nemo

Trajet autour de Townsville jusqu’à notre départ : ~45km

Départ tôt le matin pour aller prendre le bateau qui nous mènera à la grande barrière de corail. Seconde sortie de nos T-shirts suisses. Les 2 heures de bateau qui nous séparent du massif corallien se révèlent assez agitées et le bateau tangue pas mal. Plusieurs sacs à régurgitations ont été remplis par certains passagers (beurk). Arrivés sur place, nous laissons Florent qui s’était inscrit à un baptême de plongée, et Matteo et moi partons avec nos palmes, notre tuba et notre masque (dans lequel nous avons consciencieusement craché comme nous l’a conseillé le staff) à la découverte du récif et de ses habitants : un vrai festival de couleurs! Après plus d’une heure passée dans l’eau, c’est l’heure d’en sortir pour manger. Bien que l’eau ne soit pas trop froide, le snorkeling implique de rester presque immobile dans l’eau, et vu que mon tissu adipeux n’est pas très développé, j’ai quelques problèmes d’isolation et tremble comme une feuille pendant au moins 15 minutes après être sorti de l’eau. Difficile de se servir de nourriture au buffet!

En fin d’après-midi, on effectue la traversée du retour sur le pont supérieur pour échapper aux éventuels crises de vomi des autres passagers. Le tangage rend les déplacements sur le pont assez difficiles, et on avance comme si nous étions “tout bourré”.

Enfin la côte

Trajet : Pentland-Townsville : 289 km

Quelques centaines de kilomètres séparent Pentland de Townsville sur la côte, et nous y arrivons dans la matinée. Après s’être installés au camping, nous parcourons à pied les 5 km qui nous séparent du centre ville en longeant la côte. Le bord de mer est très bien aménagé et bordé d’arbres expansionnistes (verdus tentaculus vulgaris) qui possèdent des racines partant des branches pour s’ancrer dans le sol et soutenir l’arbre, ce qui lui permet de s’étendre horizontalement. En ville, on s’inscrit pour une excursion de snorkeling sur la grande barrière de corail le lendemain. Pose boisson le long du mall, vite interrompue par un petit gamin vomisseur.

De retour au camping, nous nous préparons à manger un barbecue, puisque le site est équipé de deux engins à gaz. Manque de chance, la bonbonne du premier semble être vide et la réception déjà fermée. Quant au second, il est occupé par un immense groupe. Nous souvenant d’avoir vu des barbecues publics le long de la mer, on s’y rend en voiture avec notre viande et nos chips, mais impossible de faire démarrer les damnés machins, ceux-ci étant probablement reliés à une minuterie pour ne pas être utilisés pendant la nuit. Retour au camping avec notre viande, en espérant que le grand groupe aura fini. C’est le cas, et nous avons enfin pu cuire notre viande. Enfin presque… Le feu étant d’une puissance micro-wattique, la viande a plutôt bouilli que cuit.

Nouveau départ

Trajet : Mt. Isa-Pentland : 671 km

Le matin à 10h30 notre poubelle est réparée, mais elle reste tout de même une poubelle (y a pas de miracles…). Le garagiste sympathique a bien mérité la bouteille que nous lui apportons en guise de remerciement. Sans son aide, on aurait été bloqués plus longtemps. Notre progression vers l’Est continue, mais la côte est trop loin pour être atteinte aujourd’hui encore. Vers 19h00, nous arrivons à Pentland, avec sa rue, son camping et son motel. Le restaurant du motel ayant l’air trop glauque pour que l’on s’y aventure, on mange au petit bistrot du camping, fort sympathique.