L’épilogue

Puits arabe

La fin des vacances se partage entre la visite de Saint-Pierre, un peu de baignade, puis une excursion dans le sud sauvage de l’île en voiture de location: Pointe de la table, puits arabe, cap méchant, grande Anse, etc. Puis c’est déjà le moment de retourner sur Saint-Denis avec la voiture, avec un petit détour par le village des Makes et par la plage de l’Etang-Salé avant de traverser Saint-Denis paralysée par la circulation et de reprendre l’avion pour Paris (qu’il faut aussi traverser en car Air France, sur des périphériques laids et bouchonnés, et avec un chauffeur qui se perd et qui doit demander son chemin à un passager). Nous voici de retour dans la réalité…

Port de Saint-Pierre avec le cirque de Cilaos en arrière-plan.

 

la journée de la fin

Gîte de Basse Vallée – Basse Vallée

L’étape du jour est courte : environ 2h00 et 600 mètres de descente pour atteindre Basse Vallée et la route qui fait le tour de l’île. Le sentier reste magnifique jusqu’à la fin, sans aucune zone de transition longuette. Nous sommes principalement dans la forêt (toujours très touffue) et les goyaviers. Un peu plus bas, nous traversons des plantations de vanille : les plants de vanille, tel le lierre ont besoin d’un tuteur naturel pour pousser, et de nombreux plants de vanille s’accrochent donc aux troncs des arbres qui bordent le chemin. Lorsque nous approchons de la fin du sentier, Jean-Jacques et Claire déclarent qu’ils auraient bien continué encore quelques jours. Ca n’a donc pas été si terrible que ça ! Mais maintenant que la randonnée est finie, place à quelques jours de repos au bord de la mer. Il faut déjà prendre le bus, qui nous conduit à Saint-Pierre pour un prix dérisoire, puis parlementer à l’hôtel qui s’est planté dans la réservation.

c’est la fin du sentier GRR2!

Enfin, nous pouvons se détendre un moment sur la plage, enfin presque, par ce que le vent est tellement fort que le sable s’envole. Depuis le port de Saint-Pierre, on aperçoit le cirque de cilaos, le col du Taïbit et les sommets découpés qui bordent le cirque.

Profil -Étape n° 12

 

  • Départ: Gîte de Basse Vallée (724m)
  • Arrivée: Basse Vallée (55m)
  • Distance: 4.9 km
  • Cumul: 173.9 km
  • Durée (sans pauses): 1h59
  • Dénivelé: +22m / -581m
  • Cumul: +11542m / -11549m

 

la journée de la descente

Gîte du Volcan – Gîte de Basse Vallée

Aujourd’hui, descente vertigineuse depuis le volcan vers le gîte de Basse-Vallée 1868 mètres plus bas. Contrairement aux 2 jours précédents, la brume est montée jusqu’au niveau du gîte. Mais vu que nous sommes plus tôt que d’habitude, en prévision de l’étape assez longue, et que le soleil n’est pas encore levé, nous espérons que sa chaleur aura tôt fait de disperser le brouillard. Il n’en n’est malheureusement rien, et après le petit déjeuner, nous partons dans une atmosphère fraîche et humide. Après quelques minutes, le vent se lève et il commence à faire vraiment froid, puis le brouillard tourne au crachin, et il faut vite sortir les vestes imperméables. Décidément, il faudra que je retourne à la Réunion une troisième fois, si je veux voir le volcan depuis le sommet du rempart en direction du piton de Bois Vert. Car comme lors de mon précédent passage, on ne voit pas à 10 mètres, et cette fois en plus, ça mouille et il fait froid.

Nous arrivons assez rapidement au piton de Bois Vert, qui marque le début de la descente. En effet, si nous avons déjà parcouru environ 8 kilomètres, nous sommes toujours à l’altitude de départ, c’est dire si la descente sera raide. Mais on a tout notre temps. Dès que l’on descend un peu, on passe sous les nuages. Le soleil apparaît, et il est temps de ranger les vestes imperméables.

Vue sur la côte

Le paysage est magnifique : le temps est maintenant complètement dégagé et l’on aperçoit la mer tout en bas. A notre hauteur s’élève une multitude de petits cônes volcaniques enfouis dans la végétation qui se résume à des petits buissons.

Mais au fur et à mesure que nous descendons, les arbres deviennent de plus en plus grand, et nous nous retrouvons rapidement dans une forêt tropicale dense et humide sur un sol de lave : tout est vert et noir ! A environ 1 heure du gîte, quelques gouttes se mettent à tomber. Difficile de savoir ce que cela va donner et si ça vaut la peine de sortir les imperméables. On les met quand même, et si on avait su, on aurait aussi mis les pantalons, car les quelques gouttes se transforment rapidement en une pluie tropicale torrentielle, ce que ne nous empêche tout de même pas de ramasser quelques goyaves ici et là. Le kiosque au pied duquel Matteo et moi avions dormi en 2009, nous fournit un abri à point nommé, puisque la pluie redouble d’intensité lorsque nous l’atteignons. Nous sommes d’ailleurs bientôt rejoint par deux autres randonneurs qui étaient aussi au gîte du Volcan. C’est l’occasion de faire une petite pause et de manger quelque chose. La pluie s’arrête enfin (ou du moins se réduit à presque rien) et nous en profitons pour parcourir la dernière demi-heure qui nous sépare du gîte.

Forêt tropicale sur la route vers Basse-Vallée

Le gîte de Basse-Vallée est situé dans un endroit décidément bien humide, et la pluie de cet après-midi qui nous a parue torrentielle n’a semblé être qu’une petite averse pour la gardienne, qui nous explique qu’il est impossible de faire sécher la lessive et que les draps moisissent… Chouette ! Le gîte est un peu glauque et manque d’entretien. Dans la salle-de-bains dont la lumière marche, la douche est fichue, et dans celle dont la douche marche, il n’y a pas de lumière (ça ne semble pas bien difficile de changer une ampoule non ?). Je suppose que c’est le mari de la gardienne qui est responsable de ça, et à le voir, c’est pas près d’être réparé…

Profil -Étape n° 12

  • Départ: Gîte du volcan (2261m)
  • Arrivée: Gîte de Basse Vallée (624m)
  • Distance: 17.9 km
  • Cumul: 169 km
  • Durée (sans pauses): 6h37
  • Dénivelé: +222m / -1868m
  • Cumul: +11520m / -10968m

 

la journée de la lave

Piton de la fournaise

C’est la journée de “repos” aujourd’hui, même si on va quand même marcher presque 13 km. Mais au moins nous n’avons pas à porter les sacs. Au programme : l’ascension du Piton de la Fournaise. A la différence de mon précédent passage en 2009, le sentier qui mène au sommet a été rouvert, et c’est donc l’occasion d’aller voir l’intérieur du cratère Dolomieu.

Dans l’enclos du piton de la fournaise

Depuis le gîte, on commence par monter jusqu’au pas de Bellecombe, d’où l’on descend au fond de la caldeira via une série d’escaliers. S’en suit une partie en pente douce sur de la lave très dure et stable. Un fois passé la chapelle de Rosemont (Lé fai pou prié pas pou pissé), la pente se fait plus raide sur un terrain plus instable. En plus de monter, le sentier tourne aussi autour du volcan, puisque la chapelle se trouve au Nord-Ouest, et le sentier atteint le bord du cratère au Sud-Est. Le ciel est bleu au sommet, mais il y a des nuages plus bas, et on ne voit pas la côte. Le cratère forme une impressionnante dépression et a l’air bien calme… tant mieux.

Nous redescendons ensuite par le même chemin et pique-niquons dans l’enclos avant de profiter du soleil sur la terrasse du gîte. Aujourd’hui encore le soleil aura brillé jusqu’à son coucher.

Profil -Étape n° 11

  • Départ: Gîte du volcan (2261m)
  • Arrivée: Gîte du volcan (2261m)
  • Distance: 12.7 km
  • Cumul: 151.1 km
  • Durée (sans pauses): 4h30
  • Dénivelé: +720m / -720m
  • Cumul: +11298m / -9100m

 

la journée des pantalons propres

Bourg Murat – Gîte du Volcan

Petit déjeuner royal le matin, puis nous nous préparons pour la montée au volcan, qui selon mes souvenirs consiste en une pente pas trop raide, sur un chemin sec et globalement non boueux (mais si si, je vous l’assure. Lisez le passage de 2009!). Jean-Jacques a d’ailleurs lavé ses pantalons boueux de la veille vu qu’il ne devrait pas les salir. Le beau-frère de l’invisible monsieur Le Bon arrive à l’heure prévue, et nous prenons place dans sa voiture. Claire est à nouveau chargée de protéger le trésor du chauffeur. Nous lui demandons de nous laisser où il nous avait pris afin de continuer notre traversée où nous l’avons laissée, mais il s’avère être difficile de faire arrêter notre chauffeur qui tient absolument à nous pousser un bout plus loin. Nous commençons ensuite la montée qui débute dans les champs.

Vue sur la plaine des cafres et le piton des neiges depuis le Piton Rouge (1926 m)

Lorsque nous avions fait la traversée avec Matteo, nous avons plusieurs fois loupé des bifurcations, car le balisage du chemin est souvent très discret : il faut avoir l’oeil. Mais cette fois avec le gps et le parcours de 2009, ce genre de problème a été presque totalement absent. Mais voilà qu’aujourd’hui, après quelques kilomètres de marche, un panneau de balisage du GRR2 à moitié dissimulé dans l’herbe est clair : il faut tourner à gauche. Pourtant mon gps indique clairement que Matteo et moi avions passé tout droit. En sortant la carte, il apparaît donc que nous avions loupé ce panneau avec Matteo, et avions suivi une variante du GRR2, qui rejoint le sentier principal au piton Textor. Cette fois, nous décidons de suivre le sentier officiel, qui passe par la forêt et plusieurs petits sommets. Première étape : le Piton Rouge, et ça monte sec pour y arriver. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que ça montait en pente douce ?” “Heu oui, mais on n’avait pas pris ce chemin !”. Après être redescendu sur l’autre flanc du piton rouge, nous rencontrons une zone fortement boueuse, bien pire que le jour précédent. Marcher au centre du chemin est impossible, car les chaussures s’enfonceraient complétement. D’ailleurs, il y a des traces de personnes ayant marché pieds nus, ce qui semble être une solution, à part qu’il faudrait pouvoir se nettoyer les pieds une fois la boue finie pour pouvoir remettre chaussettes et chaussures. Nous prenons donc une approche différente, qui consiste à marcher sur les flancs du sentier, tout en s’accrochant aux branches des arbres qui bordent le sentier. Heureusement, après quelques centaines de mètres le chemin devient moins boueux. On rencontre d’autre passage boueux un peu plus loin, mais moins problématiques que le précédent. Bien sûr les pantalons de Jean-Jacques sont tout crottés. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que le chemin n’était pas boueux ?”.

Pause fruits et biscuits à l’oratoire Ste-Thérèse

Une fois arrivés au piton Textor, nous nous arrêtons pour pique-niquer. Depuis là, le paysage est nettement plus minéral, et nous ne rencontrerons pas de boue. Nous arrivons ensuite à l’oratoire Ste. Thérèse et profitons d’un panorama totalement dégagé sur le piton de la Fournaise, le plateau de la rivière de l’Est, et au fond, l’océan indien. Nous arrêtons quelques instant pour profiter de la vue et manger une pomme. On aperçoit le gîte, mais il semble encore assez loin.

Sur la plaine des sables, à proximité du piton de la fournaise

On descend ensuite sur le plateau des basaltes, puis ensuite jusque sur la plaine des sables, vaste étendue minérale, que nous traversons. Nous arrivons ensuite au gîte, sous un soleil radieux : point de nuage aujourd’hui, et nous pouvons profiter de lire dehors jusqu’au coucher du soleil. Par contre, dès qu’il disparaît la température chute de manière vertigineuse, autant dehors qu’à l’intérieur du dortoir.

Profil -Étape n° 10

 

  • Départ: Pont de Trente (1616m)
  • Arrivée: Gîte du volcan (2261m)
  • Distance: 18.6 km
  • Cumul: 138.4 km
  • Durée (sans pauses): 6h02
  • Dénivelé: +1111m / -478m
  • Cumul: +10578m / -8380m

 

la journée du beau-frère

Caverne Dufour – Bourg Murat

Personne ne sera surpris d’apprendre que l’on dort vraiment mal au clapier de la cabane Dufour. A 4 heures lorsque les gens commencent à partir pour l’ascension au sommet, nous pourrions peut-être trouver l’occasion de dormir un peu, mais c’est sans compter sur Claire qui commence à ronfler, et sur deux pipelettes qui sont aussi restées à la cabane et qui causent dans le réfectoire. Enfin 6h30 arrive, et c’est le moment de sortir du lit pour contempler le lever du soleil que l’on peut aussi très bien admirer depuis la terrasse du gîte. Il fait encore très froid, mais le spectacle est magnifique et le panorama qui s’étend devant nos yeux (plaine des cafres, piton de la Fournaise, côte de l’île…) est bien dégagé.

C’est déjà un peu boueux, mais on n’a encore rien vu!

C’est ensuite l’heure de prendre le petit-déjeuner. Bizarrement, alors que le refuge possède une salle à manger avec une superbe vue (dont on n’a pas pu profiter lors du souper hier puisqu’il faisait complétement nuit), le plateau d’hôpital qui fait office de repas nous est servi dans un horrible espace tout sombre à la sortie des chambres, par un type qui a l’air de se faire chier royalement. Au mur, il y a une pancarte qui explique que nous sommes en altitude, ce qui limite les services qui peuvent être offerts (mais est-ce que ça justifie la gueule du gérant ?). Ceci fait un peu sourire, quand on compare au service offert dans les cabanes en Suisse dans des conditions climatiques bien plus difficiles et à des altitudes plus élevées. Mais passons ! On savait dès le départ que ce serait le gîte le moins agréable, mais il n’était pas possible de l’éviter…

Vue sur la forêt primaire de Bébour

Nous partons donc sitôt nos estomacs remplis pour cette étape qui s’annonce assez longue, d’une part question kilomètres (environ 15), mais surtout à cause du terrain qui est particulièrement boueux. Mais heureusement, nous avons bien assez de temps. La première partie du trajet cependant est sèche, mais nous ne progressons pas pour autant rapidement, car le chemin est parsemé de pierres couvertes d’une petite couche de givre, ce qui semble poser problème à Claire, qui prend plus l’allure de l’escargot que celle de la chèvre agile.

Lorsque l’on quitte le coteau Kerveguen, le chemin s’enfonce dans la forêt, et devient plus boueux. Mais c’est surtout après une abrupte montée sur un petit sommet, lorsque l’on bascule sur la pente qui descend sur Bourg Murat que la boue se montre dans toute sa splendeur, avec un chemin parsemé de petits bouts de bois sur lesquels il faut marcher pour ne pas que notre pied s’enfonce.

Mais malgré cela, nous progressons rapidement, et vers 14h30, nous voici aux kiosques de l’aire de pique-nique du pont de trente, là où Matteo et moi avions passé la nuit. Pour nous éviter les 3km de marche le long de la route nationale, nous avions pris le numéro d’un taxi des environs : Monsieur Le Bon, avec qui nous avions déjà pré-arrangé la course ; il suffit juste de le rappeler lorsque nous sommes arrivés, ce que nous faisons. Une voiture grise devrait venir nous chercher d’ici une dizaine de minutes. Lorsque ladite voiture arrive, nous faisons connaissance avec son chauffeur très bavard et sympathique, qui se trouve être le beau-frère de M. Le Bon, et qui a aussi une entreprise, « mais pas la même que celle de mon beau-frère ». Claire se voit promue au rang de gardienne du « trésor » (la sacoche du chauffeur), et nous voici en route pour un court trajet (bien animé), mais qui aurait été ennuyeux voire dangereux de faire à pied. Nous sommes déposés à la chambre d’hôtes de Clément Alicalapa-Tenon, mais pas avant d’avoir pris rendez-vous pour le lendemain afin d’effectuer le même trajet dans l’autre sens.

La halte du jour est très contrastée avec celle d’hier : propriétaire sympathique et accueillant, lit douillet dans lequel nous pourrons passer une bonne nuit de sommeil, propreté etc. Le repas du soir cuisiné par nos hôtes est très bon, avec notamment un poulet à la vanille dont nous nous souviendrons.

Profil -Étape n° 9

  • Départ: Caverne Dufour (2496m)
  • Arrivée: Pont de Trente (1616m)
  • Distance: 14.7 km
  • Cumul: 119.8 km
  • Durée (sans pauses): 6h03
  • Dénivelé: +241m / -1118m
  • Cumul: +9467m / -7902m