de la présence du sable marocain

Journée consacrée à la visite de la ville, shopping, etc. Après les magnifiques paysages que nous avons traversés au cours des 3 dernière semaines et leurs explosions de couleurs, on ne peut s’empêcher de trouver Reykjavik un peu terne. Il semblerait que ses toits soient colorés, mais il aurait fallu monter sur le clocher de l’église pour le savoir, chose que je n’ai (peut-être à tort) pas faite. D’ailleurs, à propos de cette fameuse église: Reykjavik étant désespérément dépourvue de monuments remarquables, tout touriste qui visite la ville se doit de passer par là. Par contre, la même construction dans une autre capitale européenne passerait juste pour une faute de goût architectural et serait probablement bannie des brochures touristiques!

Si la ville n’est pas autrement remarquable du point de vue touristique, il doit toutefois être assez agréable d’y habiter: c’est assez petit, étendu, avec de la verdure et pas trop de circulation. Et à propos de l’étendue de la ville: le camping est assez loin du centre-ville; il faut marcher 50 minutes pur y arriver. On pourrait prendre le bus, mais le réseau de transports publics urbain reste assez intriguant. Ursina et Florent s’y sont déjà essayé hier, avec un résultat traumatisant, puisqu’ils ont énormément attendu et se sont même faits copieusement insulter par un chauffeur de bus pour avoir pressé sur le bouton d’ouverture des portes pour monter dans un véhicule…

“Inexistant” est un adjectif trop positif pour caractériser le réseau, car dans un tel cas, il est au moins clair qu’il n’y a pas de service de bus, et on est quitte d’essayer de comprendre comment ça marche. Mais 1 bus par heure sur les grandes lignes du centre ville, ça paraît quand-même un poil faible comme cadence de passage. De plus, les horaires que nous avons sur notre dépliant (gratuit) sont faux, et on nous explique qu’il faut acheter l’horaire officiel si on veut les horaires corrects! Malgré tout on décide de tenter le bus pour aller au seul endroit coloré de Reykjavik: sa “plage”. Bon, la couleur a été importée du Maroc, puisque ladite plage est couverte de sable jaune marocain. C’est aussi le seul endroit ou l’on peut se baigner dans la mer, puisque les excès d’eau chaude de la ville y sont déversés, et l’eau a entre 15°-20°. C’est tout de même pas trop chaud, et on commence par rester là où débarque l’eau chaude et donc où la température est agréable. Mais la marée montante nous chasse vers un bassin séparé nettement plus chaud, mais vu la haute densité de gamins qui y pataugent, l’eau doit être chauffé géothermiquement et urothermiquement!

On retente le bus pour rejoindre le centre ville. Alors que selon l’horaire, il fallait encore attendre 10 minutes, un bus sans numéro se présente. Lorsque l’on demande au chauffeur s’il va au centre, il nous fait signe “oui-oui”, et nous montons avec quelques autres personnes. Le bus emprunte la voie rapide. Tout à coup, il s’arrête au pied d’une passerelle et le chauffeur déclare “Everybody out”. Nous voilà largués au milieu de nulle part. Nous empruntons la passerelle et traversons des friches pour enfin arriver à un nouvel arrêt de bus. Après de l’attente et un changement supplémentaire, on arrive enfin où on voulait!

On profite du soleil pour prendre l’apéro sur une terrasse avant d’aller manger dans un restaurant typiquement Islandais. On ne rentre pas trop tard avec le dernier bus (pour une fois sans histoire), car demain c’est le départ, et Daniel doit prendre le flybus très très tôt, car il n’a pas le même vol. Voilà, il ne reste plus qu’à tout ranger et prendre congé de l’Islande. (On ne peut pas dire au revoir à la dame au regard méchant, car elle n’est plus là).

du cercle d’or

Trajet: Reykjavik-Golden Circle-Reykjavik

Il était initialement prévu que l’on rende la voiture le matin et que l’on visite Reykjavik la journée, ainsi que le lendemain. Toutefois, notre demi-journée passée dans la ville au début des vacances nous avait convaincus qu’il n’y avait pas de quoi s’occuper 2 jours (si l’on excepte les musées), et nous avons donc prolongé la location de 1 jour. On décide d’aller voir quelques points d’intérêt dans les environs; un parcours connu sous le nom de “Golden Circle”. Ursina préfère une journée plus culturelle et tranquille et reste à Reykjavik, secondée par Florent, ouvert aux concessions.

Le Golden Circle, c’est l’excursion type que les touristes pressés font en bus depuis Reykjavik, et le nom a probablement été donné par les exploitants de gift shops et restaurants placés sur le parcours, qui sont de véritables mines d’or pour leurs propriétaires. On part donc assez tôt pour éviter la cohue, et il n’y a personne lorsque l’on arrive à þingvellir, notre premier arrêt, qui combine 2 intérêts. D’une part, c’est le lieu qui coupe tectoniquement l’Islande en 2, entre la plaque européenne et celle nord-américaine, plaques qui s’écartent jusqu’à 2 centimètres par an. Résultat: terrain fissuré de manière impressionnante (dramatic selon le Lonely Planet). D’autre part, ce site est le lieu historique de l’Alþingi, la toute première assemblée parlementaire instaurée par les colons où d’importantes décisions étaient prises, et la justice (sommairement) rendue. De nombreuses femmes adultères ont été noyées sur place. En juin 1944, c’est là que fut proclamée l’indépendance de l’île, jusqu’alors sous autorité danoise.

Les cars arrivent en masse, et il est temps pour nous de se diriger vers Geysir, le geyser de référence, qui a donné son nom à toute la clique. Les sources d’information que nous avons diffèrent quant à l’activité actuelle de Geysir. Certaines le donnent dormant, d’autres annoncent quelques éruptions par jour. Heureusement, à quelques mètres, son petit frère Strokkur se trouve être le plus fiable des geysers, avec une éruption toutes les 5-6 minutes. On ne se lasse pas de regarder ce trou d’eau fumante bouillonner gentiment, puis former tout à coup une sorte de boule d’où jaillit, quelques fractions de seconde plus tard, une colonne d’eau et de vapeur de 30 mètres de haut.

A nouveau, lorsque nous quittons le site, les cars arrivent, et il faut jouer des coudes pour approcher de Strokkur. A quelques kilomètres des geysers, se trouve Gullfoss, une puissante (i.e. dramatic) chute d’eau. On revient par le Sud, et plus on approche de la côte, plus le temps se dégrade et il pleut lorsque l’on arrive à Hveragerði. Nous avions prévu une petite marche pour atteindre une rivière chaude dans laquelle on peut se baigner. Si j’arrive sans trop de difficulté à motiver Daniel pour cette dernière occasion de se baigner en pleine nature malgré le crachin, Matteo, par contre, ne désire pas venir. Par bravoure (ou inconscience?) il est venu en Islande sans pantalon imperméable, et comme le crachin peut à tout moment s’arrêter ou se transformer en une pluie battante, on peut le comprendre. Il nous pose au bout du sentier de 3.5 km et retourne en ville boire un (ou beaucoup de) café.

Malheureusement pour Matteo, le crachin s’arrête peu après notre départ, et nous évoluons dans une très jolie vallée, mais ni Daniel ni moi n’avons emporté d’appareil de photo. Caramba! Après une bonne montée, nous atteignons la rivière, mais à cet endroit, l’eau n’est que tiède, comme je peux le constater en traversant la rivière à pied nus, n’osant me risquer sur les quelques pierres instables jetées dans son lit. A en juger par les fumeroles visibles plus haut dans la vallée, la température de la rivière doit sûrement y être plus élevée, et nous poursuivons donc notre chemin. Nous ne tardons pas à trouver le coin parfait, et nous y serions restés des heures, s’il n’y avait pas Matteo qui nous attendait.

On repart donc vers la voiture après 30′ de bain. 15′ avant d’y arriver, nous croisons Matteo, qui (vu que le temps n’avait pas tourné en pluie), voulait se dégourdir les jambes! Nous redescendons tous à la voiture et on repart en direction de Reykjavik. Le soir, nous allons manger en ville, et Daniel et moi tentons le menu “puffin” (macareux). Après le repas, on tombe au hasard sur Florent et Ursina (c’est dire si la ville est grande!) qui avaient tenté un restaurant “italien” et étaient encore choqués par l’expérience. On va tous boire un verre ensemble, et l’on constate que les Islandais s’habillent comme pour aller au théâtre lorsqu’ils sortent boire des verres. Autant dire que l’on fait un peu tache…

de la dame au regard méchant

Trajet: quelque part-Reykjavik

Départ direction Reykjavik, avec un arrêt à Borgarnes pour visiter son musée de la colonisation de l’Islande. La visite est séparée en 2 parties avec une explication de l’établissement des premiers vikings en Islande, alors que la seconde partie résume l’une des nombreuses sagas de l’époque, celle du garnement Egill Skallagrímsson, qui à 7 ans tue à la hache son adversaire au hockey (mauvais perdant!) pour la plus grande fierté de sa mère. Son père, par contre, n’approuve pas; mais ce n’est pas qu’il condamne la violence, au contraire! En effet quelques années plus tard, il tue un camarade d’Egill en le lançant par terre, avant de s’en prendre à son fils, puis de poursuivre la nourrice qui s’était interposée, laquelle plonge dans la mer et est bombardée de pierres lancées par le père. Ah! le charme des histoires Viking!

Dans l’après-midi arrivée à Reykjavik et nous nous installons au camping après avoir bouclé notre tour du pays. Ce qui est rigolo, vu que l’île n’est pas grande, c’est qu’il y a des gens et des groupes que l’on a croisés à plusieurs reprises, tel ce groupe d’Allemands voyageant dans un bus jaune et aperçu de nombreuses fois entre Skaftafell et Dettifoss, ainsi que de nouveau au camping de Reykjavik. Aujourd’hui, nous découvrons la “Jack Wolfskin Family”, équipée à 100% par la marque éponyme: tentes, chaussures, vestes, pulls, sacs à dos, pub sur la voiture, etc. Ma curiosité n’était tout de même pas assez piquée pour les suivre dans les douches afin de contrôler la marque de leurs sous-vêtements! Nous aurons l’occasion de recroiser cette famille (qui passe difficilement inaperçue), demain à Gullfoss.

Une mention spéciale revient à la “dame au regard méchant”, que nous avons croisée pour la première fois à Mývatn, occupant avec son mari une tente champignon dans laquelle on peut se tenir debout. Je ne sais pas si elle s’est irritée du fait que l’on ait porté trop d’attention à sa tente, mais pendant tout notre repas, elle nous a fixé d’un regard méchant. Et rebelotte à Stykkishólmur quelque jours plus tard dans un restaurant. Et ici au camping de Reykjavik que voyons-nous? Le retour de la tente champignon! Ça ne manque pas, voilà LDARM (La Dame Au Regard Méchant) qui passe et qui nous jette… un regard méchant! Peut-être est-ce simplement son expression faciale par défaut…

du danger des sols glissants

Trajet: Stykkishólmur-quelque part

Le soleil est encore là ce matin! Nous partons pour notre tour de la péninsule avec quelques arrêts ici et là. Depuis le Nord, jolies vues sur le cratère de Snæfell, mais lorsque nous passons à l’Ouest, des nuages nous cachent le sommet. Sur une plage, 4 pierres de poids et noms différents (23kg – inutile, 49kg – miquelet, 140kg – demi portion, et 155kg – portion complète) servant à tester la force des futurs marins qui devaient être capable de lever les pierres et de les poser sur un promontoire à hauteur de nombril. Pour espérer faire carrière, il fallait au moins réussir à manipuler la pierre de miquelet. On ne compte plus les pères de famille qui se sont pété le dos en voulant impressionner leurs mioches.

le volcan endormi snæfell qui a inspiré Jules Verne pour Voyage au centre de la terre

Ensuite, nous effectuons une petite marche que le Lonely Planet recommande par temps de pluie… …sans doute par ce qu’il n’y a rien d’exceptionnel à voir, mais c’est tout de même une jolie balade le long de la côte et un bon café nous attend au bout.

Nous poursuivons notre route jusqu’à un terrain de camping sommaire au milieu de nulle part, qui a l’avantage d’avoir une très jolie vue sur le cratère et d’être à 2 pas de la mer. On va se baigner dans une piscine dont l’eau provient d’une source thermale minérale. Il n’y a pas de produits chimiques ajoutés à l’eau ce qui fait que les parois du bassin sont couvertes d’algues, et le sol est passablement glissant, tout comme celui de la plage lorsque l’on va tester la température de l’eau de mer bien plus tard dans la soirée…

de la responsabilité d’être le “designated driver”

Trajet: Akureyri-Stykkishólmur

Au matin, Matteo part à la recherche d’une boulangerie, ce qui nous permet de savourer un petit déjeuner meilleur que d’habitude. On visite Akureyri le matin, mais même si c’est la seconde ville du pays, ça reste assez petit. Le seul point original se trouve dans le symbole de la ville : un coeur rouge. On en voit partout; même les très officiels feux de circulation sont en forme de coeur quand il sont rouges. Repas de midi dans une pizzeria qui avait un atout de taille: ils diffusaient des épisodes de “Friends” (à défaut d’une bonne pizza…).

Nous partons ensuite pour la péninsule de Snæfellnes au bout de laquelle se trouve le volcan qui inspira Jules Verne pour Voyage au centre de la Terre. Il y a pas mal de route à faire, et le ciel est toujours dépourvu du moindre nuage.

Je profite de cette étape routière pour une parenthèse sur la musique en voiture. Nous avons peuplé notre chargeur 6 CD d’œuvres qui — une exceptée — ne sont pas du goût de Matteo qui a donc tendance à subrepticement manipuler les commandes de l’installation stéréo, qui est du coup pas mal biaisée. Étant d’une nature moins patiente que mes collègues, je profite donc d’être à la place du mort pour annuler une de ces manipulations intempestives, ce qui irrite Matteo dont le jeu est exposé publiquement. Peut-être n’aimait-il pas le CD qui passait, dont l’illustration équivoque du premier titre n’était pas à son goût de chauffeur. Il faut dire que bien qu’à ce moment nous faisions 100km de route non-goudronnée Matteo nous a conduit comme un chef et personne n’a du mettre la tête à la fenêtre.


Nous arrivons à Stykkishólmur, et après le souper, nous allons contempler le coucher du soleil, histoire de profiter du beau temps. Combien de temps ça durera?

de la monstruosité du cheval d’Odin

Trajet: Vesturdalur-Ásbyrgi-Akureyri

Après le petit-déjeuner et le repliage des tentes, nous nous mettons en route en direction d’Ásbyrgi. Cette fois nous devons à nouveau tout porter, mais l’étape est plus courte. Nous continuons de longer la rivière et zigzagons à travers d’étranges formations rocheuses aux nombreuses colonnes de basalte.

Une petit passage un peu plus volcanique, après avoir été longtemps dans la verdure.

Après le passage d’une zone d’aspect plus volcanique avec des teintes rouges et noires, nous débarquons sur un plateau que nous traversons jusqu’au canyon en fer à cheval d’Ásbyrgi où nous comptons nous arrêter pour pic-niquer. Matteo prévoit 30 minutes de marche (pour 3.7 km!!!) et Ursina programme sa consommation calorifique pour une survie de 32 minutes. Hélas, elle ne connaît malheureusement pas (encore!) les terribles “minutes de Matteo”, une unité de mesure temporelle psychédélique et fantaisiste aux joies de laquelle Florent et moi avons déjà eu maille à partir. Après 40 minutes de marche (et le but pas encore atteint), il faut inoculer la dose énergétique d’urgence, mais tout le monde arrive à bon port sans pour autant s’être auto-digéré. Il aura seulement fallu 50 minutes…

Lorsque nous arrivons au canyon, nous découvrons une vue impressionnante (dramatic): on dirait le creux du Van en plus grand. La route arrive en bas du canyon, et la majorité des touristes doivent se contenter de contempler le canyon depuis en bas, mais nous pouvons profiter d’un meilleur point de vue tout en mangeant nos sandwiches (avec du concombre pour Florent, par ce que c’est plus sain).

La formation de ce canyon reste un mystère, et parmi toutes les explications proposées, la plus plausible reste encore que Sleipnir, le cheval à 8 pattes d’Odin, aurait posé un pied sur la terre. Mais qu’est-ce qu’il devait être gros ce cheval, sans parler de son cavalier… Après avoir longé le bord du canyon, nous retrouvons la voiture et nous nous mettons en route en direction d’Akureyri. On fait un petit crochet par Goðafoss, car on n’est pas encore arrivé à saturation de chutes d’eau islandaises (dramatic).

Goðafoss, la chute des dieux, toute droit sortie d’une pub de shampoing selon le Lonely Planet

Nous arrivons en début de soirée au camping d’Akureyri et décidons de faire “rapidement” à manger, pour ensuite aller à la piscine. Sauf que faire “rapidement” à manger est mission impossible pour nous, puisque chacun a immanquablement une idée diamétralement différente sur la préparation adéquate de tel ou tel met. Aujourd’hui, c’est la cuisson des légumes, et leur intégration (ou non) à la sauce qui fait débat. De plus, devrait-on aller chercher des saucisses, mais si oui, comment les cuire? Et est-ce que l’on met l’oignon ou devrait-on plutôt le garder pour le lendemain afin d’accompagner un plat encore indéfini. Mais finalement, le repas est prêt (sans saucisse, avec oignon, et avec les légumes non intégrés à la sauce), grâce à notre art du consensus, comme le conseil fédéral, mais en un peu plus efficace (normal, on est deux de moins). Après le souper, on se rend donc à la piscine pour se relaxer dans l’eau chaude.

de la difficulté de réussir une soupe instantanée

Trajet: Húsavík-Ásbyrgi-Dettifoss-Vesturdalur

Le temps est maussade ce matin encore, mais selon la météo islandaise (si on peut s’y fier) ça devrait s’améliorer en cours de journée. On décide donc de partir pour un trek de 2 jours entre Dettifoss et Ásbyrgi. On avait déjà prévu de faire cela depuis Mývatn en se séparant en deux groupes, mais notre voiture était incompatible avec la route d’accès. On tente donc une approche par le Nord en bus, et les 5 ensemble. Une fois de plus, nous découvrons que la ponctualité du service de bus laisse à désirer: dire que l’on s’énerve en Suisse lorsque les CFF ont 5 minutes de retard!

Mais enfin le voilà qui se pointe. Nous avons conduit jusqu’à Ásbyrgi, et nous prenons le bus jusqu’à Dettifoss. Le plan est ensuite de descendre le long de la rivière Jökulsá á Fjöllum en deux jours, pour retrouver la voiture. Le bus fait un petit arrêt de 15′ au camping de Vesturdalur où nous passerons la nuit, et on profite donc pour monter les tentes et alléger les sacs, montre en main: parfait à la minute près.

Si le temps est sensé s’améliorer dans le cours de la journée, c’est mal parti, puisque nous sommes plongés dans une purée de pois incroyable. Mais vers 13h00, lorsque nous atteignons Dettifoss, le temps se débouche. Le ciel est encore couvert, mais au moins on voit. Et tant mieux, car c’est assez impressionnant: Dettifoss est un véritable mur d’eau chargée d’alluvions qui se précipite dans un gouffre. C’est puissant, bruyant, et ça mouille! On pic-nique à Dettifoss, et vers 14h30, on commence la descente de la rivière Jökulsá á Fjöllum le long de sa berge ouest, afin de rejoindre le camping de Vesturdalur, à une vingtaine de kilomètres de là. Le temps a définitivement viré au beau, comme quoi…

Rivière Jökulsá á Fjöllum

 

Une zone de la rivière protégée de l’arrivée des alluvions.

Le paysage est grandiose (ou “dramatic” pour reprendre l’adjectif que le lonely planet utilise à tour de bras pour qualifier le moindre point d’intérêt touristique en Islande). Tantôt nous longeons le haut de impressionnant (dramatic) canyon, tantôt nous descendons au bord de la rivière et passons une chute tonitruante (dramatic) qui nous couvre de crachin. Le chemin traverse des endroits secs et rocailleux, puis des endroits humides couverts de fleurs et parcourus de rivières aux flots limpides, dont une (on n’y coupera pas) qu’il nous faut traverser à gué: on n’aura donc pas pris nos sandales pour rien.

Karl og Kerling

Il est déjà 20h00 lorsque nous arrivons au camping, et que nous retrouvons nos tentes; droit l’heure de faire à manger. Si le saumon et les légumes sont cuits à la perfection dans une cuiseuse à vapeur improvisée avec de l’Alu et des couvercles, le tout sur le réchaud à essence, nous fûmes tout de même fort honteux d’avoir raté la soupe instantanée prévue en entrée…

de l’art de chasser la baleine

Trajet: Mývatn-Húsavík

Conformément à la météo affichée au centre d’information, le temps s’est aujourd’hui gâté. Il ne pleut pas, mais le plafond nuageux est bas. Après avoir nettoyé les tentes des crottes de mouettes (bizarrement, la mienne était la plus décorée; probablement une basse vengeance pour avoir poursuivi un de ces infâmes volatiles qui nous avait volé un cookie, et repris le bien mal acquis, qui — comme personne ne l’ignore — ne profite jamais), nous partons pour Húsavík.

Le temps étant maussade, nous nous offrons le luxe d’une nuit en Guesthouse. Húsavík étant connu pour ses baleines et son offre de whale watching, nous décidons de nous y lancer, malgré la temps crachineux et la visibilité réduite. Matteo revêt une combinaison du plus bel effet prêtée pour l’occasion à ceux qui le voulaient. Il fût un peu pénible de trouver les baleines, mais on a vu de nombreux dauphins et des milliers de “puffins” (Fratercula, ou aussi Macareux, mais je préfère le mot anglais…). Enfin après un long moment de whale “searching”, on peut finalement passer au “watching”, tout en gardant un oeil sur les autres bateaux, car quand tout le monde converge à toute vitesse (bon, ok, seulement 20km/h) vers le même point, gare à l’épronnage! On rentre au port sans dommages, mais la combinaison de Matteo a quelque peu pompé l’humidité ambiante. Il est malheureusement trop tard pour visiter un haut lieu culturel de Húsavík: le musée du phallus.

Matteo dans son éponge qui prend l’eau.

Le soir, nous laissons Ursina et Florent manger en tête à tête, et Daniel, Matteo et moi allons manger de notre côté. A nouveau, contrairement à ce que nous avions pu entendre sur la cuisine islandaise, l’expérience est très positive. En sortant du restaurant, on remarque que Florent et Ursina y étaient aussi, mais à un étage différent: il faut dire que le choix n’est pas bien grand

de la cuisson des homards

Trajet: Mývatn-Askja-Mývatn

Aujourd’hui, excursion au cratère d’Askja. Étant 5, le prix du tour en bus nous coûte à peu de choses près autant que de louer un 4×4 avec chauffeur, ce que nous faisons. Notre chauffeur a l’air tout gentil, mais parle un anglais de cuisine pas facile à comprendre.

Nous traversons des paysages fantastiques. Après une plaine désertique et un champ de lave, nous voici au pied de la “reine des montagnes” pour une petite balade sur la lave. Nous continuons ensuite vers Askja dans un décor incroyable: cette fois, plus la moindre trace de végétation, mais un fin gravier couleur crème sur lequel sont posés de gros blocs de lave noire. Si on ne voyait pas le ciel, on se serait cru sur la lune. Les astronautes américains se sont d’ailleurs entraînés là dans les années 60.

Nous arrivons enfin à notre destination après une montée sinueuse sur un champ de lave (mais comment ont-ils construit cette route?) 30 minutes de marche nous conduisent au centre du cratère qui contient un grand lac, ainsi qu’un plus petit cratère aux flancs très pentus au fond duquel se trouve un lac chaud (enfin, plutôt tiède) aux couleurs étranges, dans lequel on peut se baigner. Malheureusement, le vent glacial coupe notre élan. Plus courageux, Ursina et Daniel décident d’y retourner après le pic-nique.

L’équipe complète
L’eau était tellement chaude que l’on a même pas froid dehors!

Au retour, notre chauffeur nous fait du café dans une cabane, et nous indique l’existence d’une grotte avec de l’eau à 42° tout près du camping. Nous décidons de partir à sa recherche après le souper. Grâce à ses explications, ce ne fût pas difficile. L’eau est en effet fort chaude (plus que 42°, c’est certain) et nous donne une vague idée de ce que peuvent ressentir les homards quand on les cuit. Au moment où l’on part, débarquent 3 islandais avec du shampoing: ils viennent prendre leur bain en groupe dans la cave!

De retour au camping, nous assistons au débusquage des mauvais payeurs: toutes les tentes ne possédant pas la vignette ad hoc sont secouées sans ménagement pour en faire sortir les occupants qui avaient ensuite affaire à un type muni d’une énorme clé anglaise… Nul ne sait ce qu’il advient des plus récalcitrants.

de l’art de faire ce qu’il y a à faire

Journée plus tranquille aujourd’hui dans les environs de Mývatn. On commence la journée par une petite marche de 11km en se séparant. Daniel, Matteo et moi partons du camping, alors que Florent et Ursina se rendent en voiture à l’autre extrémité du chemin et le parcourent en sens inverse. L’idée est donc de se retrouver au milieu et de se passer les clés de la voiture. Mais pour compliquer la chose, le centre du chemin est situé sur un cratère que l’on peut longer sur ses deux bords. On avait décidé de prendre du côté du lac, mais finalement que peut être il serait plus judicieux de longer le côté le plus élevé pour avoir plus de vue… et augmenter les chances de se louper. Arrivés en haut du cratère, on constate d’une part que ses bords sont assez vallonnés et qu’il est donc difficile de définir lequel est plus haut, et d’autre part que son diamètre est assez important pour que l’on ne reconnaisse pas les gens en face.

On finit tout de même, après un peu de suspense suite à la disparition temporaire de Matteo, à localiser nos comparses et nous poursuivons en direction de la voiture à travers un champ de lave chaotique.

Puisque l’on parle de balade dans la nature, c’est l’occasion de citer à nouveau une perle de notre magazine “safetravel”, qui sait aller droit au but: “Nous devons tous faire attention aux signaux de la nature et il n’est pas nécessaire de l’expliquer plus longtemps. Certains aspects de cet élément sont incontestablement plus simples que d’autres. S’il vous est impossible d’atteindre le prochain abri ou aménagement, il faudra envisager une autre solution. Trouvez un refuge et faites un petit trou, et enfin faites ce qu’il y a à faire”. C’est ce qu’on appelle tourner autour du pot; littéralement!

Après le retour au camping, nous partons au visitor center, afin de réserver une excursion à Askja en jeep pour le lendemain. Nous avons affaire à une sympathique masse gélatineuse avec deux bras et une tête qui s’agite derrière son comptoir, telle un gentil Jabba the Hut féminin.

Usine géothermique de Krafla

Nous partons ensuite à Krafla, dans l’espoir de pouvoir visiter l’usine géothermique, mais le pavillon visiteur est assez décevant: une courte vidéo, puis 60 marches à monter pour une vue sur… le capot de la turbine Mitsubishi. Par contre, la visite des environs vaut le coup: Aux habituelles fumerolles s’ajoutent des tuyau d’amenée de vapeur, une installation de condensation, et des puits de captage desquels s’échappe de la vapeur dans un bruit tonitruant, similaire à un 747 au décollage. Nous suivons un chemin qui nous emmène à travers des pots de boue bouillants et leur indécrottable odeur d’oeuf. Au camping, nous profitons du fait d’avoir trouvé du pain potable (donc pas du pain toast pré-tranché) pour faire notre fondue Gerber amenée depuis la Suisse, ce que nos voisines danoises ont trouvé “fucking awsome”. Je ne sais pas si c’est ça qui leur a ensuite donné l’envie de chanter dans leur tente à 6h du matin..