La fin des vacances se partage entre la visite de Saint-Pierre, un peu de baignade, puis une excursion dans le sud sauvage de l’île en voiture de location: Pointe de la table, puits arabe, cap méchant, grande Anse, etc. Puis c’est déjà le moment de retourner sur Saint-Denis avec la voiture, avec un petit détour par le village des Makes et par la plage de l’Etang-Salé avant de traverser Saint-Denis paralysée par la circulation et de reprendre l’avion pour Paris (qu’il faut aussi traverser en car Air France, sur des périphériques laids et bouchonnés, et avec un chauffeur qui se perd et qui doit demander son chemin à un passager). Nous voici de retour dans la réalité…
L’étape du jour est courte : environ 2h00 et 600 mètres de descente pour atteindre Basse Vallée et la route qui fait le tour de l’île. Le sentier reste magnifique jusqu’à la fin, sans aucune zone de transition longuette. Nous sommes principalement dans la forêt (toujours très touffue) et les goyaviers. Un peu plus bas, nous traversons des plantations de vanille : les plants de vanille, tel le lierre ont besoin d’un tuteur naturel pour pousser, et de nombreux plants de vanille s’accrochent donc aux troncs des arbres qui bordent le chemin. Lorsque nous approchons de la fin du sentier, Jean-Jacques et Claire déclarent qu’ils auraient bien continué encore quelques jours. Ca n’a donc pas été si terrible que ça ! Mais maintenant que la randonnée est finie, place à quelques jours de repos au bord de la mer. Il faut déjà prendre le bus, qui nous conduit à Saint-Pierre pour un prix dérisoire, puis parlementer à l’hôtel qui s’est planté dans la réservation.
Enfin, nous pouvons se détendre un moment sur la plage, enfin presque, par ce que le vent est tellement fort que le sable s’envole. Depuis le port de Saint-Pierre, on aperçoit le cirque de cilaos, le col du Taïbit et les sommets découpés qui bordent le cirque.
Aujourd’hui, descente vertigineuse depuis le volcan vers le gîte de Basse-Vallée 1868 mètres plus bas. Contrairement aux 2 jours précédents, la brume est montée jusqu’au niveau du gîte. Mais vu que nous sommes plus tôt que d’habitude, en prévision de l’étape assez longue, et que le soleil n’est pas encore levé, nous espérons que sa chaleur aura tôt fait de disperser le brouillard. Il n’en n’est malheureusement rien, et après le petit déjeuner, nous partons dans une atmosphère fraîche et humide. Après quelques minutes, le vent se lève et il commence à faire vraiment froid, puis le brouillard tourne au crachin, et il faut vite sortir les vestes imperméables. Décidément, il faudra que je retourne à la Réunion une troisième fois, si je veux voir le volcan depuis le sommet du rempart en direction du piton de Bois Vert. Car comme lors de mon précédent passage, on ne voit pas à 10 mètres, et cette fois en plus, ça mouille et il fait froid.
Nous arrivons assez rapidement au piton de Bois Vert, qui marque le début de la descente. En effet, si nous avons déjà parcouru environ 8 kilomètres, nous sommes toujours à l’altitude de départ, c’est dire si la descente sera raide. Mais on a tout notre temps. Dès que l’on descend un peu, on passe sous les nuages. Le soleil apparaît, et il est temps de ranger les vestes imperméables.
Le paysage est magnifique : le temps est maintenant complètement dégagé et l’on aperçoit la mer tout en bas. A notre hauteur s’élève une multitude de petits cônes volcaniques enfouis dans la végétation qui se résume à des petits buissons.
Mais au fur et à mesure que nous descendons, les arbres deviennent de plus en plus grand, et nous nous retrouvons rapidement dans une forêt tropicale dense et humide sur un sol de lave : tout est vert et noir ! A environ 1 heure du gîte, quelques gouttes se mettent à tomber. Difficile de savoir ce que cela va donner et si ça vaut la peine de sortir les imperméables. On les met quand même, et si on avait su, on aurait aussi mis les pantalons, car les quelques gouttes se transforment rapidement en une pluie tropicale torrentielle, ce que ne nous empêche tout de même pas de ramasser quelques goyaves ici et là. Le kiosque au pied duquel Matteo et moi avions dormi en 2009, nous fournit un abri à point nommé, puisque la pluie redouble d’intensité lorsque nous l’atteignons. Nous sommes d’ailleurs bientôt rejoint par deux autres randonneurs qui étaient aussi au gîte du Volcan. C’est l’occasion de faire une petite pause et de manger quelque chose. La pluie s’arrête enfin (ou du moins se réduit à presque rien) et nous en profitons pour parcourir la dernière demi-heure qui nous sépare du gîte.
Le gîte de Basse-Vallée est situé dans un endroit décidément bien humide, et la pluie de cet après-midi qui nous a parue torrentielle n’a semblé être qu’une petite averse pour la gardienne, qui nous explique qu’il est impossible de faire sécher la lessive et que les draps moisissent… Chouette ! Le gîte est un peu glauque et manque d’entretien. Dans la salle-de-bains dont la lumière marche, la douche est fichue, et dans celle dont la douche marche, il n’y a pas de lumière (ça ne semble pas bien difficile de changer une ampoule non ?). Je suppose que c’est le mari de la gardienne qui est responsable de ça, et à le voir, c’est pas près d’être réparé…
C’est la journée de “repos” aujourd’hui, même si on va quand même marcher presque 13 km. Mais au moins nous n’avons pas à porter les sacs. Au programme : l’ascension du Piton de la Fournaise. A la différence de mon précédent passage en 2009, le sentier qui mène au sommet a été rouvert, et c’est donc l’occasion d’aller voir l’intérieur du cratère Dolomieu.
Depuis le gîte, on commence par monter jusqu’au pas de Bellecombe, d’où l’on descend au fond de la caldeira via une série d’escaliers. S’en suit une partie en pente douce sur de la lave très dure et stable. Un fois passé la chapelle de Rosemont (Lé fai pou prié pas pou pissé), la pente se fait plus raide sur un terrain plus instable. En plus de monter, le sentier tourne aussi autour du volcan, puisque la chapelle se trouve au Nord-Ouest, et le sentier atteint le bord du cratère au Sud-Est. Le ciel est bleu au sommet, mais il y a des nuages plus bas, et on ne voit pas la côte. Le cratère forme une impressionnante dépression et a l’air bien calme… tant mieux.
Nous redescendons ensuite par le même chemin et pique-niquons dans l’enclos avant de profiter du soleil sur la terrasse du gîte. Aujourd’hui encore le soleil aura brillé jusqu’à son coucher.
Petit déjeuner royal le matin, puis nous nous préparons pour la montée au volcan, qui selon mes souvenirs consiste en une pente pas trop raide, sur un chemin sec et globalement non boueux (mais si si, je vous l’assure. Lisez le passage de 2009!). Jean-Jacques a d’ailleurs lavé ses pantalons boueux de la veille vu qu’il ne devrait pas les salir. Le beau-frère de l’invisible monsieur Le Bon arrive à l’heure prévue, et nous prenons place dans sa voiture. Claire est à nouveau chargée de protéger le trésor du chauffeur. Nous lui demandons de nous laisser où il nous avait pris afin de continuer notre traversée où nous l’avons laissée, mais il s’avère être difficile de faire arrêter notre chauffeur qui tient absolument à nous pousser un bout plus loin. Nous commençons ensuite la montée qui débute dans les champs.
Lorsque nous avions fait la traversée avec Matteo, nous avons plusieurs fois loupé des bifurcations, car le balisage du chemin est souvent très discret : il faut avoir l’oeil. Mais cette fois avec le gps et le parcours de 2009, ce genre de problème a été presque totalement absent. Mais voilà qu’aujourd’hui, après quelques kilomètres de marche, un panneau de balisage du GRR2 à moitié dissimulé dans l’herbe est clair : il faut tourner à gauche. Pourtant mon gps indique clairement que Matteo et moi avions passé tout droit. En sortant la carte, il apparaît donc que nous avions loupé ce panneau avec Matteo, et avions suivi une variante du GRR2, qui rejoint le sentier principal au piton Textor. Cette fois, nous décidons de suivre le sentier officiel, qui passe par la forêt et plusieurs petits sommets. Première étape : le Piton Rouge, et ça monte sec pour y arriver. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que ça montait en pente douce ?” “Heu oui, mais on n’avait pas pris ce chemin !”. Après être redescendu sur l’autre flanc du piton rouge, nous rencontrons une zone fortement boueuse, bien pire que le jour précédent. Marcher au centre du chemin est impossible, car les chaussures s’enfonceraient complétement. D’ailleurs, il y a des traces de personnes ayant marché pieds nus, ce qui semble être une solution, à part qu’il faudrait pouvoir se nettoyer les pieds une fois la boue finie pour pouvoir remettre chaussettes et chaussures. Nous prenons donc une approche différente, qui consiste à marcher sur les flancs du sentier, tout en s’accrochant aux branches des arbres qui bordent le sentier. Heureusement, après quelques centaines de mètres le chemin devient moins boueux. On rencontre d’autre passage boueux un peu plus loin, mais moins problématiques que le précédent. Bien sûr les pantalons de Jean-Jacques sont tout crottés. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que le chemin n’était pas boueux ?”.
Une fois arrivés au piton Textor, nous nous arrêtons pour pique-niquer. Depuis là, le paysage est nettement plus minéral, et nous ne rencontrerons pas de boue. Nous arrivons ensuite à l’oratoire Ste. Thérèse et profitons d’un panorama totalement dégagé sur le piton de la Fournaise, le plateau de la rivière de l’Est, et au fond, l’océan indien. Nous arrêtons quelques instant pour profiter de la vue et manger une pomme. On aperçoit le gîte, mais il semble encore assez loin.
On descend ensuite sur le plateau des basaltes, puis ensuite jusque sur la plaine des sables, vaste étendue minérale, que nous traversons. Nous arrivons ensuite au gîte, sous un soleil radieux : point de nuage aujourd’hui, et nous pouvons profiter de lire dehors jusqu’au coucher du soleil. Par contre, dès qu’il disparaît la température chute de manière vertigineuse, autant dehors qu’à l’intérieur du dortoir.
Personne ne sera surpris d’apprendre que l’on dort vraiment mal au clapier de la cabane Dufour. A 4 heures lorsque les gens commencent à partir pour l’ascension au sommet, nous pourrions peut-être trouver l’occasion de dormir un peu, mais c’est sans compter sur Claire qui commence à ronfler, et sur deux pipelettes qui sont aussi restées à la cabane et qui causent dans le réfectoire. Enfin 6h30 arrive, et c’est le moment de sortir du lit pour contempler le lever du soleil que l’on peut aussi très bien admirer depuis la terrasse du gîte. Il fait encore très froid, mais le spectacle est magnifique et le panorama qui s’étend devant nos yeux (plaine des cafres, piton de la Fournaise, côte de l’île…) est bien dégagé.
C’est ensuite l’heure de prendre le petit-déjeuner. Bizarrement, alors que le refuge possède une salle à manger avec une superbe vue (dont on n’a pas pu profiter lors du souper hier puisqu’il faisait complétement nuit), le plateau d’hôpital qui fait office de repas nous est servi dans un horrible espace tout sombre à la sortie des chambres, par un type qui a l’air de se faire chier royalement. Au mur, il y a une pancarte qui explique que nous sommes en altitude, ce qui limite les services qui peuvent être offerts (mais est-ce que ça justifie la gueule du gérant ?). Ceci fait un peu sourire, quand on compare au service offert dans les cabanes en Suisse dans des conditions climatiques bien plus difficiles et à des altitudes plus élevées. Mais passons ! On savait dès le départ que ce serait le gîte le moins agréable, mais il n’était pas possible de l’éviter…
Nous partons donc sitôt nos estomacs remplis pour cette étape qui s’annonce assez longue, d’une part question kilomètres (environ 15), mais surtout à cause du terrain qui est particulièrement boueux. Mais heureusement, nous avons bien assez de temps. La première partie du trajet cependant est sèche, mais nous ne progressons pas pour autant rapidement, car le chemin est parsemé de pierres couvertes d’une petite couche de givre, ce qui semble poser problème à Claire, qui prend plus l’allure de l’escargot que celle de la chèvre agile.
Lorsque l’on quitte le coteau Kerveguen, le chemin s’enfonce dans la forêt, et devient plus boueux. Mais c’est surtout après une abrupte montée sur un petit sommet, lorsque l’on bascule sur la pente qui descend sur Bourg Murat que la boue se montre dans toute sa splendeur, avec un chemin parsemé de petits bouts de bois sur lesquels il faut marcher pour ne pas que notre pied s’enfonce.
Mais malgré cela, nous progressons rapidement, et vers 14h30, nous voici aux kiosques de l’aire de pique-nique du pont de trente, là où Matteo et moi avions passé la nuit. Pour nous éviter les 3km de marche le long de la route nationale, nous avions pris le numéro d’un taxi des environs : Monsieur Le Bon, avec qui nous avions déjà pré-arrangé la course ; il suffit juste de le rappeler lorsque nous sommes arrivés, ce que nous faisons. Une voiture grise devrait venir nous chercher d’ici une dizaine de minutes. Lorsque ladite voiture arrive, nous faisons connaissance avec son chauffeur très bavard et sympathique, qui se trouve être le beau-frère de M. Le Bon, et qui a aussi une entreprise, « mais pas la même que celle de mon beau-frère ». Claire se voit promue au rang de gardienne du « trésor » (la sacoche du chauffeur), et nous voici en route pour un court trajet (bien animé), mais qui aurait été ennuyeux voire dangereux de faire à pied. Nous sommes déposés à la chambre d’hôtes de Clément Alicalapa-Tenon, mais pas avant d’avoir pris rendez-vous pour le lendemain afin d’effectuer le même trajet dans l’autre sens.
La halte du jour est très contrastée avec celle d’hier : propriétaire sympathique et accueillant, lit douillet dans lequel nous pourrons passer une bonne nuit de sommeil, propreté etc. Le repas du soir cuisiné par nos hôtes est très bon, avec notamment un poulet à la vanille dont nous nous souviendrons.
Départ pour la cabane Dufour et une sacrée montée aujourd’hui. Le rempart a presque l’air vertical vu d’en bas. Mais le début est bien gentil jusqu’au bloc, où les choses sérieuses commencent. Sur le chemin, nous passons par le point de vue de la Roche Merveilleuse qui offre un joli panorama sur le cirque de Cilaos.
Dans la montée raide, Claire décide de trucer du fameux tube d’énergie liquide. Ah enfin, on va pouvoir voir l’effet que ça a! Moi qui m’attendait à un truc du genre potion magique de Panoramix, j’ai été déçu on a rien vu du tout. Le pire c’est que peu de temps après nous sommes arrivés au seul endroit un peu plat de la montée adapter à faire une petite pause, et une partie de l’effet « tube » a donc été gaspillé en temps de pause. Nous attaquons la dernière partie de la montée, et nous voici déjà au sommet du rempart sous un ciel radieux. Cilaos s’étend à 1200 mètre en contrebas et le piton des neiges est encore 600 mètres au-dessus de cette position. Nous profitons de la vue grandiose pour faire la halte de midi.
Étant donné la longue étape probablement boueuse qui nous attend demain, nous décidons de ne pas aller voir le lever du soleil au sommet du Piton, car cela retarde passablement l’heure du départ de la cabane, tout en ajoutant un sacré dénivelé dans les jambes. Cela ne me dérange pas trop, d’autant plus qu’avec les 80 (!) gulus présents à la cabane, ce ne sera pas trop le calme de la montagne là haut demain matin…
Mais vu le ciel encore dégagé, je décide de rapidement monter au sommet en ce début d’après-midi. Il fait encore beau quand j’arrive en haut, environ une heure après être parti de la cabane, mais des nuages en contrebas m’empêchent de voir le fond du cirque de Cilaos. Par contre, je suis tout seul en haut, et ne croise qu’une ou deux personnes sur le sentier. Mais ce calme est soudainement interrompu en arrivant à la cabane, puisque 80 personnes sont sur place, les chambres sont super-petites avec des lits sur trois étages, et le refuge tient plus d’un clapier que d’une cabane. C’est vraiment désagréable, et notre emplacement de bivouac d’il y a trois ans, à quelques dizaines de mètres de là était on ne peut plus luxueux. C’est la première étape pour laquelle la nuit en bivouac fût nettement meilleure que celle en gîte !
Nous commençons par la montée au Col du Taïbit, qui s’effectue facilement. Au sommet, c’est notre dernière occasion de jeter un coup d’œil sur le magnifique cirque de Mafate dans lequel nous avons serpenté, à gauche à droite, en haut en bas, durant les 4 derniers jours. Sitôt le sommet du col passé, nous entrons dans le cirque de Cilaos et nous apercevons même St. Pierre et la mer tout en bas. Mes parents avaient déjà fait ce tronçon lors de leur premier séjour sur l’île, et ils aimeraient bien prendre un thé à l’îlet des Salazes, où Matteo et moi nous étions aussi arrêtés. Malheureusement, il semble que le stand à thé et biscuit ait été démonté (il y avait bien une nouvelle structure en bois un peu en amont, mais il n’y avait personne).
Dommage donc, pas de tisane ni de biscuit au maïs. Nous arrivons bientôt à la route départementale, et une bonne partie du chemin reste à parcourir, ainsi qu’un dénivelé important, même si ce scrogneugneu de guide FF randonnée (édition 2006. Espérons que les 2312 erreurs ont été corrigées dans la nouvelle édition. Mais je ne suis pas assez masochiste pour l’acheter et vérifier moi-même) affirme le contraire. Mais au moins cette fois, je sais à quoi m’en tenir.
Vers 13h00 nous arrivons à la cascade du bras rouge, atteinte après une forte descente. Joli endroit pour le pique-nique, que l’on peut manger les pieds dans l’eau. Ensuite, nous remontons sur Cilaos pour une nuit à l’Hôtel des neiges. Il y a un inventaire des objets de la chambre à effectuer sous peine de se voir facturer tout objet manquant. Moi qui pensais partir au Piton des Neiges avec la table de bureau, c’est raté. Même la brosse à chiotte figure sur la liste ; zut, ça aurait fait un si joli souvenir à ramener chez soi.
Nous quittons brièvement le GRR2 pour éviter la descente au pied du Bronchard, et nous nous lançons donc sur le GRR 3 en direction de Marla via les trois roches. Pour changer de la vache-qui-rit sur lit de biscottes nous achetons 3 sandwiches à la saucisse frite au gîte avant de partir. Le sentier commence par monter, puis suit le pied du rempart du Maïdo. Il y a pas mal de petits ruisseaux qui traversent (voire suivent) le sentier, et il faut parfois faire un peu d’équilibre sur les pierres. Bientôt nous arrivons aux 3 roches, où nous retrouvons cette bonne vieille rivière des galets, qui se précipite dans un gouffre de 80m. Nous nous asseyons un moment sur la roche lisse du site après avoir traversé la rivière à gué. L’endroit idéal pour une petite pause de 10h00 pendant laquelle nous nous partageons l’un des fameux sandwiches “Merlin”, assez bon mais passablement bourratifs (saucisse frite, on ne s’étonne pas…), et Jean-Jacques se plaint d’un effet quelconque sur ses gencives… A peine le sandwich sorti que débarquent 3 chats d’on ne sait où attirés par l’odeur. Ils n’auront pas de saucisse frite les monstres, mais tout de même un peu de vieux pain qu’ils se disputent avec acharnement. Lorsque l’on se remet en route, on aperçoit de l’autre côté de la rivière les 4 personnes croisées à Aurère. On se fait des signes, mais on ne les attend pas pour dire bonjour, étant donné que l’on se verra ce soir au gîte.
Le sentier longe ensuite la rivière des galets, mais il y a quand même quelques petites montées/descentes pour pas que ça devienne trop facile. Le paysage devient un peu plus aride dans cette région du cirque. Finalement vers midi, on traverse une dernière fois la rivière des galets, à un endroit parfait pour la pause. Jean-Jacques ne peut résister à l’appel de l’eau et se baigne dans la rivière même si l’eau est nettement plus froide que lorsque l’on a traversé la rivière pour la première fois à sa sortie du cirque de Mafate.
Maintenant, il ne nous reste plus qu’une montée jusqu’à Marla pour atteindre le gîte des 3 roches. Arrivés à Marla, nous partons boire une bière à la boutique/bar, et comptons aussi faire quelques courses pour les piqueniques, mais à part de l’alcool et du cassoulet en boîte, il n’a pas grand chose à vendre le gaillard que l’on a l’air de superbement déranger. Pas de saucisse sèche, pas de biscottes. La seule chose qu’il reste est une maxi-boîte à 2 étages de vache-qui-rit, sûrement celle que Christophe et Christophine ont refusée d’acheter le jour précédent.
A l’heure du repas, la table est mise pour 7, et nous nous attendons donc à voir nos 4 marcheurs. Mais ils semblent s’être trompés lorsqu’ils nous ont donné le nom de leur gîte, car voilà que débarque une famille avec 3 enfants, dont une chose d’un âge incertain, mais au stade “hurle, bave, court et touche à tout”, s’apparentant plus au Gremlin qu’au Mogwai. “C’est ma petite sœur et elle est super chiante” déclare d’emblée l’un des deux fils. Les règles basiques de la politesse et du savoir vivre m’empêchent de lui donner publiquement raison. Heureusement qu’un élément du décor (une sorte de bout de lave fixé au mur) empêche le gremlin de passer derrière ma chaise. Ce fût un repas éprouvant pour les nerfs.
Notre itinéraire commence pas nous faire descendre jusqu’à la rivière des galets que nous traversons sur un pont, avant une grimpette assez raide passant à proximité de l’îlet des Lataniers et arrivant à l’îlet des Orangers. Avant ce dernier, le chemin passe dans une étroite ravine bien ombragée au fond de laquelle coule un petit ruisseau. C’est tout vert et il fait bien frais, ce qui est bien agréable durant cette montée. Nous nous arrêtons pour boire une bière à la boutique de l’îlet des orangers, mais il nous faut patienter pendant que le propriétaire, assis sur le gazon et en méditation contemplative, réfléchit s’il est rentable qu’il se lève et ouvre sa boutique pour 3 bières.
Prochaine étape, le sommet de la brèche (Ti Col), que l’on atteint après un nombre de marches incroyable. A l’instar de la roche écrite, la vue durant la montée est limitée, mais dès que l’on est au sommet, tout Mafate s’offre à notre regard dans un panorama à couper le souffle. A notre gauche, le bas de Mafate, et tous les îlets que nous avons déjà traversés, et à notre gauche le haut du même cirque que nous traverserons ces prochains jours jusqu’au col du Taïbit. C’est l’endroit parfait pour le repas de midi.
Ensuite, un sentier en descente nous conduit à Roche Plate. Nous dormons dans un gîte privé, chez Merlin, d’une part parce qu’il avait des chambres de 4, et d’autre part, parce qu’il est situé à l’extrémité du village côté Bronchard, et offre donc une magnifique vue sur Cayenne où nous étions le soir précédent. Arrivent deux autres personnes au gîte en provenance de Marla, qui semblent à première vue être un père et sa fille, mais qui se révèlent être un vieux (*) et sa secrétaire, que nous appellerons Christophe et Christophine.
Ce gîte est très récent, et donc il a l’avantage d’être en très bon état, comparé aux baraques qui tombent un peu en cannelle des gîtes de la maison de la montagne. Par contre les lits superposés sont métalliques et grincent au moindre mouvement. Claire a pris un lit en haut et il semblerait qu’elle remuait trop au goût de Jean-Jacques qui a vu son sommeil perturbé…
(*) ce n’est pas moi qui le dit, mais lui-même, puisque lorsque nous avons discuté des achats de pique-nique dans les boutiques des îlets, et que nous lui avons dit que nous avions acheté de la vache-qui-rit, il a répondu « Ah ben nous quand même pas, on est trop vieux pour ça ». D’ailleurs à propos, c’est rigolo comme les fabricants de produits de mauvaises qualité (de m… quoi) axent leur marketing sur les enfants (en plus de l’exemple sus-mentionné, notons Kinder, Babybel, etc.)