Ca sent la fin!

Sucre – Santa Cruz de la Sierra – Lima

Nous profitons de la matinée pour faire quelques achats et après un repas de midi léger, nous nous rendons à l’aéroport de Sucre pour prendre un premier vol vers Santa Cruz de la Sierra où nous arrivons en fin d’après-midi. On prend un taxi vers notre hôtel (malencontreusement choisi à l’autre extrémité de la ville paralysée par la circulation). Ce que l’on aperçoit de la ville lors de la traversée en taxi n’est pas très engageant, et devant nous lever tôt le lendemain, nous décidons de manger au restaurant de l’hôtel qui s’avère être désespérément vide. Le lendemain matin on refait le trajet inverse, mais cette fois beaucoup plus rapidement (normal il est 5h00 du matin). C’est la dernière opportunité pour profiter de l’amour des sud-américains pour la paperasserie et les formalités, puisqu’il faut remplir plusieurs formulaires officiels pour pouvoir quitter le pays, dont l’utilité de l’un d’entre eux restera pour toujours un mystère, puisque personne ne nous l’a réclamé, et il finira dans une poubelle à Lima. De plus, alors que nous avions jusqu’à présent payés des taxes dérisoires dans les aéroports et terminaux de bus, on nous réclame 25 USD pour quitter le pays, somme que nous n’avons pas, et il nous faut trouver un distributeur de billets. Un fois arrivés à Lima, nous avons une demi-journée à attendre avant de reprendre un vol pour l’Europe. Nous décidons de prendre un taxi pour le centre ville, malgré les conseils d’un américain rencontré dans le train pour le Machu Picchu et connaissant la ville et à qui j’avais demandé ce qu’il conseillait de faire si l’on avait quelques heures à Lima. Sa réponse: “Stay in the airport”! Une fois sur place on comprend mieux son conseil. A part la place du centre historique et ses bâtiments aux façades oranges, la ville est triste et grise, et en plus plongée dans une brume grisâtre, ce qui est assez choquant après 3 semaines de ciel bleu épousoutflant. Dans l’après-midi, retour à l’aéroport, puis vol sur Madrid, puis Zürich. Arrivée à la maison tard le dimanche soir, et lundi matin, c’est le retour au labo!

du Sucre blanc

Potosi – Sucre

Couvent St Felipe Neri

Assez étrangement, alors que des bus font le trajet entre Uyuni et Sucre, il n’y a aucune ligne régulière depuis Potosí. Il nous faut donc prendre un taxi collectif pour nous rendre dans la cité blanche où l’on arrive en fin de matinée. Suite à l’expérience de l’hôtel précédent, nous avons choisi une (voire deux) catégorie au dessus, et pour un prix tout de même raisonnable (moins cher que certains hôtels au Pérou), nous profitons d’un grand luxe.

Nous visitons la ville, qui est magnifique avec ses bâtiments tout blanc, et une circulation bien plus supportable que ce que nous avons rencontré jusqu’à présent. C’est sans conteste la plus belle ville que l’on ait vue en Bolivie. Après la visite du centre ville et du marché (profitons d’un bon jus de fruit), nous visitons les toits d’un couvent qui sert d’école, ainsi que la cathédrale.

Couvent St Felipe Neri

Germinal

Potosi

Au programme du jour, visite de la mine d’argent de Potosi. Bien que les veines principales ont depuis longtemps été extraites jusqu’au dernier gramme, il reste du minerais de moins bonne qualité qu’une coopérative de mineurs continue à extraire dans des conditions pas bien différentes de l’époque coloniale, et il est possible de pénétrer dans les tunnels sous la montagne pour se rendre compte du quotidien des mineurs. Le Lonely Planet est assez prudent sur sa description de la visite: c’est une mine en activité et non un musée, les conditions de travail peuvent être choquantes, et l’air saturé de poussière n’est pas des plus sain, mais alors que l’on attend le départ de notre tour aux abords d’un carrefour bouchonné, respirant à plein poumons les gaz d’échappement, on se dit que les mineurs sont moins en danger que l’équipe de flics qui tentent sans succès de réguler la circulation. Nous avons choisi une compagnie créée par d’anciens mineurs pour visiter la mine, afin de bénéficier des meilleures explications, et aussi par ce qu’au contraire de certains organismes plus touristiques, ils connaissent et respectent les mineurs.

Une des entrées de la mine de Potosi
Prêt pour visiter la mine

Le premier arrêt se fait au marché des mineurs, où ces derniers achètent le matériel indispensable à leur journée dans la mine: feuilles de coca, cigarettes, alcool à 95% (normalement réservé à la cérémonie du vendredi après-midi, parce que sinon, ça n’aide pas trop à la tâche…), jus de fruit et… dynamite. On achète quelques cadeaux à donner aux mineurs que l’on croisera pendant la visite, et notre guide nous recommande d’éviter les cigarettes et l’alcool, ainsi que la dynamite pour des raison évidente de sécurité. Ce que ne font pas tous les groupes, puisque qu’en face de la rue, un touriste très intelligent s’est mis de la dynamite avec amorce à la ceinture et feint de l’allumer avec un briquet pendant que son ami le prend en photo. D’un côté, s’il l’avait allumée, cela aurait fait un connard de moins sur terre, mais vu que l’on était juste en face, nos tympans auraient sûrement pas mal souffert, et on aurait été éclaboussé de tripaille. Donc au fond, c’est quand même pas mal qu’il ait quand même encore eu au moins deux neurones en fonction.

“Usine” de pré-traitement du minerais avant qu’il soit envoyé au Chili

Nous nous rendons d’abord dans une bâtisse où une première séparation du minerais d’argent est effectuée pour le séparer du 95% de déchet, avant d’être envoyé au Chili pour être purifié. Nous entrons ensuite dans une des nombreuses mines qui parcourent la montagne comme un gruyère (un jour, elle va s’écrouler, c’est sûr), et à l’intérieur, on se croirait dans les mines de charbon de Zola. Les mineurs sont très fiers de nous montrer leur travail, mais il faut dire qu’ils travaillent dans des conditions difficiles et avec un matériel rudimentaire.

Mineurs au travail

Par endroit on patauge dans quelques centimètres d’eau. Parfois le plafond est assez haut pour se tenir debout, mais il faut avancer plié en deux la plupart du temps, et bien sûr, aucune lumière, si ce n’est la lampe frontale du casque: il y a quelque chose d’assez inquiétant. Nous parcourons plusieurs km de couloirs, changeons de niveau, rencontrons des mineurs auxquels nous donnons les jus de fruit et les feuilles de coca, et nous ressortons finalement à l’air libre, contents de revoir la lumière du jour, mais satisfaits de cette visite très intéressante et informative.

Potosi a las Nueve

Uyuni – Potosi

Départ sur Potosi à 9 heures aujourd’hui. On nous a demandé d’être là une demi-heure avant le départ, et après avoir chargé les bagages dans le bus, il nous faut patienter quelques minutes sur le trottoir. Juste à côté, une dame portant un enfant criait à tue tête “Potosi a las Nueve, Potosi!” pour essayer de vendre les quelques places libre qui restaient. Il est fort probable que le premier mot que le gamin saura dire sera “Potosi”. Le trajet entre Uyuni et Potosi emprunte une route flambant neuve dans un paysage montagneux et magnifique. Seul point noir: la TV du bus qui nous impose “Home Alone” and “Home Alone 2”, et autant dire que ce n’est pas mieux en espagnol qu’en V.O. Matteo est très fier de l’hôtel qu’il a réservé, car c’est celui qui coûte le moins cher de tout le voyage. La cour intérieure avec toutes ses plantes est fort charmante, la chambre, elle, laisse plus à désirer. Dans l’après-midi, nous visitons la ville, dont la maison de la monnaie où furent frappées les pièces de monnaie de tout l’empire espagnol, ainsi que les pièces boliviennes depuis son indépendance et jusqu’en 1951. Il faut dire que la principale raison d’être de la ville de Potosi, est l’imposante montagne Cerro Rico dont les entrailles regorgent (ou plutôt regorgeaient) de minerais d’argent, qui fit la fortune de l’empire espagnol. Des galions ramenaient par tonnes l’argent en Espagne, dont le royaume était dépendant. Il y en avait tellement, que même les pots de chambre étaient forgés en argent. Impressionnant, mais dommage que l’Espagne n’ait pas mis de côté un peu de cet argent, car il me semble qu’il serait bien utile au pays aujourd’hui.

De retour à l’hôtel, il est temps de prendre une bonne douche. L’eau n’est pas chaude et s’arrête même lorsque je suis plein de savon. Alors peut-être que cet hôtel est le moins cher du lot, mais une chose est sûre: à Sucre, on visera un cran en-dessus!

6 heures et 41 minutes dures pour les nerfs

Laguna Blanca – Licancabur – Laguna Blanca – Uyuni

Nous partons vers 2h30 du matin du refuge, pour un court trajet en voiture jusqu’au début du sentier, à 4600m. Notre guide, Arsenio, est bien sûr avec nous, et vu sa tête qui ne me revient pas, j’ai vite fait de le surnommer Arséniure, en l’honneur de l’arsenic présent dans les eaux de la laguna verde. Il est sensé indiquer à notre chauffeur par où passer, mais ils se perd à moitié. Enfin nous trouvons la piste et arrivons au départ de l’ascension. En plus de Matteo et moi, il y a une autre personne accompagnée par le guide qui nous a prêté les bâtons de marche. Il s’agit ici de préciser que le mot “guide” ici n’a rien à voir avec ce que nous appelons un guide dans les alpes, et “personne qui connaît le chemin” serait un terme plus approprié. Le non-professionnalisme de notre guide se manifeste par exemple quand il s’agit de trouver le chemin. Je ne doute pas qu’il sache par où passer, mais de jour uniquement, et la toute petite lampe qu’il a ne l’aide pas beaucoup. Heureusement que Matteo lui éclaire les environs de sa lampe puissante, ce qui permet à Arséniure de se repérer. Après un bout de montée, le chemin est bloqué par la neige (tiens, je croyais qu’il n’y en avait pas), et il nous faut grimper tout droit dans un pierrier. Il semble que l’autre personne avec l’autre guide a fait demi-tour, car on ne voit plus de lampe derrière nous. Arséniure s’arrête souvent “pour nous donner le temps de souffler”, mais Matteo et moi avons plutôt l’impression que c’est lui qui a besoin de souffler un peu. Nous mettons 4 heures pour monter, ce qui n’est pas mal du tout, et plus rapide que prévu puisque nous sommes avant le lever du soleil. Arséniure veut redescendre, mais on lui dit que l’on veut quand même rester au sommet pour voir le soleil qui ne va pas tarder. Il faut dire qu’avec des chaussures de ville et ses habits, ce n’est pas étonnant qu’il ait froid. Les tarifs qu’il pratique devrait lui permettre de s’équiper un peu, d’autant plus qu’il dit monter presque chaque jour.

Magnifique lever de soleil sur les montagnes environnantes, mais on ne va pas s’attarder trop quand même, vu qu’il fait extrêmement froid. Notre eau a gelé dans les bouteilles. Arséniure nous dit de descendre pendant qu’il contacte le refuge par radio pour que notre chauffeur vienne nous chercher. Il nous rattrape au bout d’un moment, et nous dit qu’il n’a pas pu établir de contact, parce que ses batteries sont mortes. Je lui en prête, afin d’éviter d’avoir à attendre 2 heures au pied du Volcan qu’Evans se pointe à l’heure initialement prévue. S’il y a une chose qu’il faut bien avouer à propos d’Arséniure, c’est qu’il descend comme une petite chèvre malgré ses godasses à 2 balles, et nous a vite semé (heu, mais un guide ne serait-il pas sensé nous attendre?). Quand nous arrivons au parking, après 3 heures de descente, nous y trouvons le type qui a abandonné la montée, son guide, Arséniure et Evans. Ce dernier nous félicite d’être arrivé en haut et d’avoir fait si vite, mais Arséniure commente sur le fait que l’on aurait pu descendre plus vite, ce à quoi Matteo rétorque que nous serions arrivés plus tôt, si notre guide n’était pas essoufflé dans la monté et ne s’arrêtait pas toutes les 5 minutes. Ceci déclenche l’hilarité générale, mais n’est pas de tout du goût d’Arséniure qui n’aime pas se voir rabaisser de la sorte…

Lever de soleil depuis le sommet du Licancabur, 5960m.

Après être retournés au refuge et avoir mangé, nous remettons toutes les affaires dans la Jeep pour la longue rentrée vers Uyuni. C’est aussi le moment de “payer” les bâtons de marche (que nous n’avons finalement pas utilisés), et d’embarquer le petit guide avec nous. Il ne faut que quelques kilomètres pour se rendre compte que nous venons de faire la plus mauvaise affaire commerciale de tout le voyage, car le type se révèle insupportable: On aurait dit un garçon de 5 ans (mal rasé). Il ne tenait pas en place, ne se taisait jamais et riait comme un crétin des alpes. A un moment, il a eu soif, et a littéralement plongé dans le coffre depuis les sièges arrières. Il n’y avait plus que ses jambes qui dépassaient et qui s’agitaient dans tous les sens. Ensuite, le voir se verser des verres de coca alors que notre 4×4 bondissait dans le désert donnait des sueurs froides. Bien que fatigués par l’ascension du Licancabur, pas moyen de se reposer! Matteo et moi ne pouvions que nous regarder d’un air entendu. “Il aurait fallu le mettre en soute” a dit Matteo. Il avait bien raison. Enfin, après 6 heures et 41 minutes d’horreur, nous arrivons enfin à Uyuni.

Ce bon bain m’a fait du bien

Laguna Colorada – Laguna Blanca

Nous continuons notre périple vers le Sud, et montons à presque 5000 mètres avant d’arriver à Sol de mañana, un champ d’activités thermales avec fumerolles et tout le toutim. Une usine géothermique est en construction afin de vendre de l’électricité au Chili. Le contraste est frappant avec l’usine que l’on avait vue en Islande! D’ailleurs dans les environs (plutôt vers le salar d’Uyuni), se trouvent les plus grandes réserves de Lithium du monde. Evo Morales a catégoriquement refusé de vendre des concessions aux entreprises nord-américaines qui se faisaient une joie de piller le sous-sol. Toutefois, la compagnie d’état qui était sensée s’occuper d’extraire le lithium ne s’est pas révélée à la hauteur de la tâche, et il a fallu demander de l’aide à l’extérieur. C’est donc vers la Corée que le président s’est tourné. Connaissant ses penchants politiques, je me demande s’il s’agit de la Corée du Nord, auquel cas le lithium n’est pas prêt d’enrichir la Bolivie!

Plus loin, nous nous arrêtons aux thermes de Polques, un petit bassin à l’extérieur avec de l’eau thermale. Notre horaire semble décalé par rapport aux autres tours, et nous nous trouvons seuls à profiter de l’eau chaude et de la vue grandiose à 4500 m d’altitude: sans aucun doute le bain le plus élevé que j’aie jamais pris! L’itinéraire passe ensuite par l’étrange désert de Dali, avant d’atteindre la Laguna Verde, dont le cocktail toxique donne à ses eaux une couleur vert profond, assez semblable somme toute au Lac du Kawa Ijen à Java. J’aurais dû ramener un peu d’eau pour acid man. Dominant la lagune se dresse l’imposant Licancabur, au sommet duquel nous irons le lendemain. Nous poursuivons jusqu’à la laguna blanca, juste à côté, où nous restons pour la nuit. Notre chauffeur nous trouve un guide pour monter sur le volcan le lendemain. Il a l’air un peu bizarre, mais c’est pas qu’il y ait le choix. Il nous dit qu’il n’y a pas de neige (tu crois que l’on est aveugle mon coco, on l’a vu le volcan il y a une demi-heure!), mais qu’il nous faut tout de même des bâtons de marche, et nous nous mettons en quête d’en trouver deux paires au refuge où nous dormons. Un petit type sorti d’on ne sait où nous en prête deux paires (dans un état assez suspect) si nous le prenons dans la jeep pour le trajet du retour vers Uyuni. Il dit en avoir parlé à notre chauffeur d’abord. Nous acceptons, même si le “deal” est en sa faveur, car nous avons bien la place dans le véhicule et ce qui reste de notre conscience écologique a déjà été mis à mal par ces quelques jours dans le désert à 4 dans une jeep prévue 6 ou 7.

De lagunes en lagunes

Colcha K – Laguna Colorada

Nous partons en direction du Sud et du Chili, ce qui se traduit par une présences militaire plus marquée, afin de limiter la contrebande. Nous nous arrêtons le long de la voie ferrée qui se rend au Chili, pour admirer la vue sue le volcan Ollagüe, avant d’arriver à la lagune Cañapa où quelques flamands roses tentent d’avancer maladroitement sur la surface de la lagune, gelée vers le bord, mais pas assez pour supporter leur poid. C’est à la lagune suivante, Hedionda, qu’il y a le plus de flamands, ainsi qu’une odeur assez particulière. Ca pue, quoi.

Le long du rivage, des panneaux interdisant de faire pipi, avec deux dessins séparés, un pour les hommes et un pour les femmes. Nous mangeons dehors sur des tables près de la lagune, et Evans et Juana mangent avec nous. Cette dernière est contente, car on finit complètement le gratin qu’elle avait préparé. Dans l’après-midi, nous passons par d’autres lagunes, avant d’entrer dans le parc Eduardo Avaroa et d’atteindre la Laguna Colorada dont la couleur rouge de l’eau est due à une algue. Nous dormons à proximité, dans une sorte de gîte plus rustique que la nuit passée. Arrive un autre groupe de 6 personnes dont un groupe de 4 jeunes français que se connaissent, et là au milieu, 2 dames allemandes. Matteo et moi sortons notre allemand de cuisine, et ça les ravit de pouvoir discuter un peu, car les 4 Français ne parlent pas l’allemand, les deux Allemandes ne parlent pas le français, et les 6 parlent l’anglais à la tronçonneuse. A 20h00 les lumières s’éteignent, et il faut continuer à discuter dans la nuit. Les deux Allemandes sont vraiment intarissables, et Matteo et moi voudrions bien aller nous coucher car les dernières journées on été bien remplies. Finalement, le froid de canard pousse tout le monde à aller dans son lit.

Les Français magiques

Coqueza – Colcha K

Nous nous levons avant 4 heures du matin pour monter sur le volcan Tunupa. Evans et Juana sont déjà prêts et cette dernière nous a même préparé un petit-déjeuner. Ensuite Evans nous conduit en voiture jusqu’au début du sentier, que nous empruntons, à la lumière des lampes frontales. Lorsque l’on arrive à la limite des brousailles et qu’il faut commencer à monter sur le volcan proprement dit, deux chemins s’offrent à nous.

Lever de soleil sur le salar d’Uyuni depuis le volcan Tunupa

Nous choisissons le chemin de gauche, et la présence de cairns semble indiquer que nous sommes sur le bon chemin. Nous arrivons sur une petite crête, d’où nous jouissons d’une vue privilégiée sur le lever de soleil au-dessus de l’étendue blanche du Salar. Nous continuons la progression, mais le chemin sur le volcan est très raide et instable, et nous nous demandons si nous sommes sur le bon chemin, quoiqu’il paraisse clair que des gens sont bel et bien passés par là. Toutefois, en prenant un peu de hauteur, on voit un autre chemin mieux marqué qui attaque la montée sous un autre angle. Nous faisons donc demi-tour afin de prendre cette voie, et nous voici assez rapidement au sommet. Le paysage est assez surprenant. D’une part, en regardant vers le bas, on aperçoit la vaste étendue complètement blanche et plate du Salar, avec ses quelques “îles” ici et là. D’autre part, nous nous trouvons sur une zone de roches rouges et ocres, mais juste en face, de l’autre côté du cratère, la couleur passe au gris presque bleuté avec quelques tache de neige. Ajoutons un petit arbuste vert qui a le courage de pousser là et voici une palette de couleurs bien contrastées.

Peu de temps après avoir quitté le sommet, nous croisons une famille de français qui montaient et devaient être à environ une vingtaine de minutes du sommet. Ils étaient tous bien équipés et cela ne faisait pas de doute qu’ils allaient atteindre le sommet. Cela les met donc à en tout cas 30 minutes derrière nous, en comptant une courte pause au sommet. De notre côté, nous ne nous sommes arrêtés que pour enlever une couche de vêtements, et n’avons été dépassés par personne.

Volcan Tunupa, aux bords du salar d’Uyuni

En arrivant au parking, Evans semble trouver que nous avons fait un peu vite et ne croit pas que l’on soit arriver jusqu’en haut du volcan. Il nous faut lui montrer une des photos que l’on a prise pour qu’il soit satisfait. On reçoit en échange un chocolat en guise de récompense. Avant de reprendre la voiture, Evans nous conduit à une petite grotte à deux pas du Parking où se trouvent 4 momies, dont deux enfants.

Momie au pied du volcan Tunupa

C’est là que survient un phénomène que les lois de la physique peuvent difficilement expliquer, et qui demeure un mystère jusqu’ici non-résolu: dans la grotte à la momie, se trouve la famille française que l’on a croisée en redescendant du volcan. Matteo et moi nous regardons sans comprendre: Ils étaient en tout cas 30 minutes derrière nous, alors comment peuvent-il être ici? A supposer qu’ils aient renoncé à aller jusqu’en haut et fait demi-tour, nous sommes certains qu’ils ne nous ont pas dépassés (personne ne dépasse Matteo). Toutes les hypothèses y passent: portail spatio-temporel? Peu crédible. Nous nous sommes évanouis une heure au bord du sentier, puis réveillés sans rien remarquer? Oui mais Evans a dit que l’on a fait vite… Ils ont une famille sosie? C’est complètement ridicule, mais encore l’hypothèse la plus plausible. Quoi qu’il en soit, cet épisode nous aura perturbé, et plusieurs fois au cours des jours suivants, le scène suivante s’est déroulée: -Tu as l’air pensif? -Oui, ça m’énerve! -Quoi donc? -Mais cette famille française téléportée? -Ah les Français magiques? Tu as raison, ça défie l’entendement.

Nous repartons en voiture sur le salar en direction d’Uyuni. Quelques questions de Matteo au chauffeur nous font comprendre que notre cuisinière, Juana, est en fait sa mère. Ceci explique pourquoi il lui demandait conseil hier! Et que demander de mieux: avec maman qui surveille, on n’est sûr que notre chauffeur ne boira pas au volant. D’ailleurs nous ne l’avons jamais vu boire de l’alcool, et il était toujours à l’heure et très sympathique. Quant à notre cuisinière, elle était aussi parfaite, mais nous apportait trop à manger, et quand on ne finissait pas tout, elle croyait que l’on n’avait pas aimé!

Isla Incahuasi: cactus et mer de sel

Nous arrivons sur l’île de Incahuasi, au milieu du salar sur laquelle pousse un grand nombre de cactus jusqu’à plus de 10m de hauts pour les plus grand, et quand on sait qu’ils poussent de 1cm par an… Cette île remplie de cactus droits comme des I et entourée par la mer de sel vaut vraiment le déplacement. D’ailleurs, nous ne sommes pas tout seul, car c’est une étape incontournable du tour de la région.

Le soir, nous dormons dans un hôtel de sel. Lorsque l’on y arrive, l’extérieur du bâtiment fait un peu peur, et on se demande bien ce que l’on va trouver à l’intérieur. Mais c’est le contraste total, puisque nous entrons dans la salle à manger au carrelage blanc immaculé que deux enfants sont entrain de lustrer. La chambre a des vrais lits et de la literie, pas besoin du sac de couchage cette nuit. Il y a même une douche dans la chambre! Juana profite qu’il y ait un four pour faire des Lasagnes!

Du sel en veux-tu, en voilà!

Uyuni – Coqueza

A l’heure convenue, Evans vient nous chercher à l’hôtel, puis nous conduit au cimetière des trains à quelques kilomètres de la ville où s’entassent une bonne dizaine de locomotives à vapeur hors d’usage et qui rouillent paisiblement dans le désert. Nous repassons ensuite par Uyuni pour prendre notre cuisinière, Juana, habillée traditionnellement, et qui paraît passablement âgée, mais la rudesse du climat local met l’organisme à rude épreuve, et elle devait en fait n’avoir qu’une cinquantaine d’année. Départ ensuite pour le salar d’Uyuni. Aux abords du désert de sel, petite halte au hameau de colchani et son incontournable marché pour touristes. Il y a aussi des toilettes, et comme partout, il faut payer quelques bolivianos pour les utiliser. On nous montre ensuite comment ils traitent le sel que les habitants vont chercher sur le salar tout proche. La première étape consiste à sécher le sel, et on nous montre le four utilisé pour cela. Visiblement, un bonne partie du combustible du four (il n’y a pas d’arbres alentours) est composé du papier provenant des toilettes pour touristes, et il est donc assez rigolo de voir que l’on nous fait payer pour aller au WC, pour ensuite nous vendre du sel séché grâce au papier de toilette. Malin!

Cimetière de trains, Uyuni.

Nous pénétrons ensuite sur le désert de sel proprement dit. En hiver, il est totalement sec et prend l’allure d’une immense étendue toute plate et complètement blanche. Nous nous arrêtons d’abord vers l’endroit où le sel est collecté et déjà groupé en petits monticules, pour nous rendre ensuite jusqu’à un ancien hôtel de sel, au centre du salar. Juana installe la table à l’intérieur, et nous mangeons pendant que d’autres touristes déambulent autour de nous pour visiter l’ancien hôtel. En somme, on fait un peu figurants d’un temps révolu où l’hôtel était utilisé. Il y a une sorte de musée à côté, et il est indiqué qu’il faut acheter quelque chose à la petit boutique pour pouvoir visiter le musée. On achète 2 toblerones (on découvre trop tard qu’ils sont vendus à prix d’or), et nous entrons dans le “musée” qui se limite à deux statue grossièrement taillées dans des blocs de sel. Au moins, on a deux bon toblerones!

Salar d’Uyuni. Le sel est collecté à l’entrée du salar.

On repart et s’arrête dans une partie particulièrement plate du désert de sel. Le sol de sel est découpé en tuiles hexagonales assez régulière, dont la géométrie nous intrigue, le cristal de sel lui-même ayant une structure cubique (cubique face centrée si je me souviens bien…). Mais on dirait qu’un carreleur a pavé l’entièreté du désert de carrelage blanc. Prenant un marteau et tournevis, Evans se met à s’attaquer au sel, et nous découvrons, qu’il y a en fait de grandes poches d’eau saturées sous nous pieds, sur lesquelles l’épaisse couche de sel croît. Enfin, ça a l’air assez solide pour supporter la jeep. Une chose qui nous intrigue, c’est que c’est notre cuisinière Juana qui indique à Evans où creuser. Plus tard, lorsque l’on discute de l’heure à laquelle il faudra se lever le lendemain pour aller au volcan Tunupa, c’est vers elle qu’il se tourne, et cette dernière répond sans hésiter. Cela nous paraît vraiment bizarre étant donné l’état d’esprit un peu machiste des sud-américains, ce d’autant plus que la cuisinière est quelques échelons plus bas que le chauffeur dans la hiérarchie de ce genre de tours, puisqu’elle ne reçoit que 40% du pourboire. Bizarre bizarre.

Alentours de Coqueza

Nous arrivons ensuite à Coqueza, où nous passerons la nuit. Evans nous amène dans un autre “musée” où il n’y a pas grand chose à voir, si ce n’est une collection de pierres à forme d’animaux. On demande à Evans de nous laisser rentrer au refuge à pied, vu que l’endroit est très joli, et il s’inquiète que l’on se perde, mais nous laisse finalement aller, non sans nous avoir quand même ramenés un petit bout. Lorsque nous arrivons, Juana avait préparé du thé chaud, puis suivit un fort bon repas.

Le tube de dentifrice

La Paz – Uyuni

Aujourd’hui nous nous rendons en avion à Uyuni. Etant donné la circulation infernale dans la Paz, et la file d’attente diabolique que nous avions dû faire à l’aéroport de Lima, nous prenons le taxi bien assez tôt. Cependant, vu la circulation à nouveau paralysée, notre chauffeur prend des petites rues qui ne doivent probablement ne figurer sur aucune carte et à la pente assez prononcée. Nous n’avons pas le temps de dire ouf que nous voici déjà à l’aéroport. Et là, nous sommes obligés de laisser échapper un fou-rire: vu que la Paz est la capitale de la Bolivie, nous nous attendions à un aéroport d’envergure, mais il se trouve que c’est tout petit, et qu’il n’y a presque personne. L’enregistrement des bagages prend 2 minutes, et nous avons encore au moins 2 heures à attendre. Dans le salon devant la porte d’embarquement, il y a entre 60 et 100 personnes, mais quand notre vol est appelé, seulement 20 personnes se lèvent. Nous sortons sur le tarmac où sont alignés quelques avions de la compagnie amaszonas avec laquelle nous voyageons, dont un tout petit machin qui ressemble à un tube de dentifrice. Evidement, c’est le nôtre, et c’est très rigolo. Une fois entré, impossible de se tenir debout, il faut avancer courbé jusqu’à son siège et prendre son sac sur les genoux, car point de compartiment à bagage en dessus de nos têtes. Un siège à gauche, un siège à droite sur 10 rangées et c’est tout. Autant dire qu’il n’y a pas d’hôtesses, de service à bord ou même de toilettes. Le vol secoue un peu, ce qui ajoute au charme de l’appareil, et après environ 45 minutes, nous arrivons à Uyuni. Lorsque l’on récupère nos bagage, il faut montrer notre billet à un employé qui contrôle que l’on a bien pris le bon sac. Marina, responsable de l’agence de l’agence Jhoeva tour, nous attend dans le hall et nous amène à la Jeep où nous rencontrons Evans qui sera notre chauffeur pour les 5 jours dans le salar d’Uyuni et désert du Lipez. Les deux personnes font très bonne impression au premier abord. Ils nous amènent ensuite à notre hôtel. Nous profitons ensuite du reste de la journée pour aller faire des provisions d’eau et de chocolat en vue de notre expédition, ainsi que pour acheter notre billet de bus pour Potosi, qui sera notre prochaine étape une fois la virée dans le désert terminée. Stratégie de Matteo: choisir la compagnie de bus en fonction de leur véhicule, et une fois que nous avons trouvé un bus en bon état, nous allons acheter le billet à la compagnie correspondante. Le soir, quand nous sortons pour aller manger, il fait un froid glacial, et le vent s’engouffre dans leas avenues larges et désertes.

La Bolivie, comme plusieurs autres pays que j’ai visités, a une plomberie qui laisse un peu à désirer, et il convient donc de ne pas jeter le papier de toilette dans la cuvette, mais dans la poubelle à côté, ce qui n’est pas toujours appétissant. Dans les hôtels des endroits plus touristiques, il y a souvent un petit mot à l’attention des utilisateurs occidentaux, de façon à ce qu’ils perdent le réflex de tout balancer dans la cuvette. Dans l’hôtel de ce soir, le panneau est trilingue, mais la traduction française laisse un peu à désirer.