La course au Bivouac

Kasbah au bord du M’Goun – Chez la gouvernante

Depuis le passage au sommet du M’Goun, nous voici dans une région légèrement plus touristique puisque les emplacements de bivouacs sont aussi occupés par d’autres groupes, alors que nous n’avions croisé personne le long de la Tessaout. Or il semblerait que le bivouac prévu pour ce soir offre une place bien meilleure que les autres, mais encore faut-il arriver les premiers. Nous partons donc plus tôt que les jours précédents: 7h30 voire même 6h30 si on prend en compte le retour à l’heure d’hiver imposé par le Ramadan. Autant dire que dans les campements qui nous entourent, les touristes sont seulement entrain d’émerger.

Lahcen

D’ailleurs vue que l’on croise d’autre groupes, on a aussi l’occasion d’apercevoir leurs muletiers. Et force est de constater que notre équipe de muletiers qui sont des berbères nomades ont quand même bien meilleure façon, que ceux des autres groupes qui ont plutôt l’air d’étudiants de Marrakech qui font un petit boulot d’été…

L’étape du jour est partagée entre marche dans la rivière, à travers les jardins (comprendre les champs) et les villages.

Maman communique avec Mule la mule

Finalement lorsque nous arrivons au village du Bivouac, nous découvrons que nos muletiers ont réussi leur mission et “sécurisé” la meilleure place de bivouac, gérée par la gouvernante du village.

Village dans l’Atlas, le long de la rivière M’Goun

Lorsque le soleil se couche, nous prenons le petit-déjeuner avec Brahim et les muletiers (et oui, pour eux, c’est le début de la journée), puis une soupe, et enfin le plat de résistance (que les muletiers eux prendront plus tard). Mais pour nous, cela fait beaucoup de nourriture à avaler d’un coup.

Début du Ramadan

Pied du M’Goun (nord) – Kasbah au bord du M’Goun

Pour Brahim et les muletiers, Ramadan a commencé ce matin. Plus de boisson ni de nourriture depuis environ 4h00 du matin jusqu’à 20h30. Mais pour nous, petit-déjeuner comme d’habitude, puis départ pour l’étape du jour.

Tout en haut de la vallée du M’goun

On descend le long de la rivière M’Goun jusqu’à une Kasbah abandonnée près de laquelle nous campons, tout en profitant de la rivière pour faire un brin de toilette.

Kasbah le long de la rivière M’Goun.

Il n’y a pas de vent et il fait chaud, alors nous profitons de dormir à la belle étoile. Caroline et Thierry ont choisi un emplacement peu stratégique, car une fois la nuit tombée, les muletiers s’affairent à cuire les “délices de l’Atlas” qu’ils ont préparé avec les abats de la chèvre le jour précédent. Il s’agit de sortes de fricandaux confectionnés à l’aide de lamelles de gras roulées dans des morceaux de panse et le tout attaché avec des bouts d’intestin. Et il semblerait que le vent a poussé le fumet de la cuisson de ces délices jusqu’à Caroline et Thierry, qui ne se sont pas relevés pour demander aux muletiers de goûter à cette préparation locale.

Ascension du M’Goun

Pied du M’Goun (sud) – Pied du M’Goun (nord)

Départ tôt le matin à la lampe frontale pour l’ascension du M’Goun. Nous apercevons quelques dromadaires pendant notre montée. Après quelques heures de montée, nous arrivons à un col.

Tasserdount 2 et Tasserdount 3 en route pour le col du M’Goun.

C’est là que nous nous séparons des muletiers qui descendent directement installer le campement. Même Mule la mule ne nous accompagne pas jusqu’au sommet. Au col, un vent violent souffle, et un des muletiers qui voulait nous accompagner au sommet sur lequel il n’est encore jamais allé, renonce à cause du vent, et c’est Lahcen qui vient avec nous.

On approche du sommet du M’Goun

C’est donc lui qui prend la veste polaire, par contre, il reste sans chaussettes! Plus nous montons, plus le vent devient fort. Heureusement, nous trouvons un endroit abrité pour une petite pause. Lorsque nous arrivons au sommet, nous avons droit à un magnifique panorama, mais il est difficile de tenir debout.

Nous voici au sommet du M’Goun. Ca souffle!

A la descente, Lahcen avance assez vite, probablement pressé de ramener ses pieds nus vers des températures plus clémentes, qui ne tardent pas à arriver, car une fois le sommet quitté, nous retrouvons rapidement la chaleur.
Le soir, Brahim et les muletiers on été chercher une chèvre auprès d’un berger, et nous avons des brochettes au menu. Le reste de la viande composera le méchoui de demain, quant aux abats… on aura l’occasion d’en reparler.

Descente du M’Goun en direction de notre bivouac

Arrivée au pied du M’Goun

Haut de la Tessaout-Pied du M’Goun (sud)

Le départ est donné après que Thierry se soit quelque peu débattu avec de la boue en essayant de se nettoyer le pied. Aujourd’hui, le paysage devient plus montagneux, puisque nous avons quitté la vallée de la Tessaout. Et nous montons de plus en plus, passant par un col à 3000 mètres, où nous nous arrêtons pour le picnique de midi.

Culture d’orge tout en haut de la vallée de la Tessaout.

Ensuite, après une petite descente, et une montée, nous atteignons le site de notre campement. N’étant pas à proximité d’une rivière, nous avons droit à la “tente douche” qui demande un peu de dextérité. De plus, Brahim et les muletiers préparent du pain frais à l’aide du four à gaz! L’équipe qui nous accompagne est soulagée d’apprendre que Ramadan ne commence pas demain matin, mais le jour suivant, ce qui fait qu’ils pourront boire et manger pour l’étape de demain, qui sera tout de même la plus longue et la plus pénible.
Brahim nous raconte l’histoire du berger berbère et du Glaoui.

Le wiktionnaire définit glaoui comme:
(Vulgaire) Testicule. S’en battre les glaouis.
Mais selon l’encyclopédie amazighe, on apprend que les Glaouis sont une ligné dynastique de cadis (caids) qui régna sur une partie plus ou moins étendue du sud du Maroc probablement depuis le début du XVIIIe siècle jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956.

Haut Atlas Marocain, à proximité du massif du M’Goun

Gorges de la Tessaout

Bergerie-Haut de la Tessaout

Nous continuons notre remontée de la Tessaout et se perdant un peu dans les “jardins” au début, ce qui force Lahcen et Mule la mule à faire demi-tour pour retourner sur la route, que nous rejoignons après quelques détours entre murets et canaux d’irrigation.

Vallée de la Tessaout: un écrin vert entre les montagnes

Le chemin se poursuit passant entre cultures et villages. Nous picniquons entre deux bras de la rivière, sur quelque mètres carrés d’herbe qui semblent appartenir à un paysan, et Brahim doit négocier avec lui pour que l’on utilise son terrain. Vu que le berbère se parle assez fort, c’est assez difficile de savoir si la discussion est amicale ou pas. Mais finalement on peut s’installer, Mule est autorisée à brouter, et le paysan reçoit un peu de nourriture et du thé. Lorsque l’on replie les affaires, Brahim a bien failli être éjecté du tapis pendant sa prière.

Entrée des gorges de la Tessaout

La seconde partie de l’étape du jour s’effectue dans les gorge de la Tessaout, en marchant directement dans la rivière. Thierry est ravi et profite des bassins pour se baigner. Un peu plus haut, nous faisons tous une pause baignade. L’eau n’est pas très chaude! Une courte montée nous conduit ensuite sur un plateau où nous campons pour la nuit, entourés de montagnes.

Vue sur la vallée de la Tessaout

C’est le plus joli bivouac du voyage. Un petit saut au sommet des petites colines autour du camp nous permet de découvrir un magnifique panorama avec toute la vallée de la Tessaout que nous avons longée au cours des deux précédentes journées.

Bivouac au sortir des gorges de la Tessaout

Remontée de la Tessaout

Aït Ali N’Ito – Bergerie

La nuit passée s’est faite en gîte, et nous profitons donc des dernières toilettes avant un bon moment. Puis nous nous mettons en route pour l’étape du jour. On remonte la rivière Tessaout, et par moment, le chemin passe par la rivière, ce qui nous permet de patauger dedans. Brahim quant à lui manœuvre pour éviter de mettre les pieds dans l’eau.

Papa et son déguisement. S’il croit passer incognito, c’est raté…

Nous nous arrêtons chez l’habitant dans un petit village pour le repas de midi, puis poursuivons jusqu’à une bergerie où le campement nous attend. Les parents, armés de leur fidèles bâtons de marche qui leur donnent un air droïdesque contemplent à haute voix le paysage qui nous entoure…

Magdaz

Tagoukht-Magdaz-Aït Ali N’Ito

Départ en direction de Magdaz, l’un des plus beaux villages de l’Atlas. Si les habitants voient probablement d’un oeil favorable l’arrivée de la route, de l’électricité et des paraboles, qui doivent grandement leur changer la vie, c’est un peu moins pittoresque pour les touristes que nous sommes. Toutefois l’arrivée sur le village est magnifique et Magdaz mérite bien sa réputation.

Caroline et Thierry nourrissent une de nos mules
Brahim, Lahcen et Mule

Thierry demande à Lahcen comment s’appelle sa mule, mais pour les muletiers, la mule est un instrument de travail, et c’est comme si on nous demandait comment s’appelle notre voiture.

Il faut un peu changer d’itinéraire pour l’après-midi à cause des travaux de construction de la route, ce qui fait dire à Maman “ils bétonnent l’Atlas”, à cause de l’expansion du réseau routier depuis leur dernier passage il y a trois ans. Toutefois, du béton, même en cherchant bien, il serait dur d’en trouver, puisqu’ils s’agit plutôt de pistes carrossables sur lesquelles le véhicule le plus représenté reste la mule…

Magdaz, un village typique du Haut Atlas

Début du Trek

Marrakech-Ifoulou-Tagoukht

Début du trek aujourd’hui. Nous commençons par un trajet en voiture entre Marrakech et Ifoulou, en passant par Demnate. Nous sommes accompagnés par notre guide Brahim Ben Youssef, dit Brahim-le-bleu, non pas parce qu’il débute dans le métier, mais par ce qu’il est habillé en… bleu. Notre chauffeur Zaïd est quant-à-lui surnommé Passe-partout, non pas parce qu’il est petit ou collectionne les clés, mais parce qu’avec sa voiture il “passe partout”.

Première étape du Trek

Une fois arrivé au village d’Ifoulou, nous rencontrons Lahcen, l’un des muletiers qui nous accompagnera pendant les étapes. Depuis là, c’est la marche qui commence, mais pas avant d’avoir pique-niqué et donné à Thierry l’occasion de distribuer en une fois 95% des balles de tennis qu’il avait prises à des enfants qui jouaient par là autour. Bien que la route est facile, les parents s’évertuent à vouloir marcher avec des bâtons de marche. Le bruit métallique qu’ils produisent à chaque pas donne l’impression d’être poursuivi par une armée de droïdes.

Arrivés au campement, nous faisons la connaissance des 4 autres muletiers qui étaient partis en avant monter le camp. Nous pouvons aussi constater l’étendue de l’expédition. Pour 5 touristes, nous avons: un guide/cuisinier, 5 muletiers et leurs mules, une tente cuisine, une tente douche, une tente pour manger/dormir, ainsi qu’une seconde tente pour dormir, des matelas de 10cm d’épaisseur, un four à gaz, de la nourriture (pour humains et pour mules), des théières avec des verres en verre, etc.

Premier Bivouac au dessus du village de Tagoukht

Que de chats!

Marrakech

Après avoir atteint Marrakech hier au soir, nous avons la journée de dimanche pour visiter. Outre la Koutoubia, les tombaux Saadiens et les souks qui forment les principales attractions de la ville, Caroline et Thierry sont particulièrement attirés par les nombreux (le mot est faible) chats qui se prélassent dans la ville. “Qu’est ce que ce sera à 60 ans” déclarent les parents, sans doute avec raison…

Souper au Ryiad de l’Orientale