la journée du tube

Cilaos – Cabane Dufour

Départ pour la cabane Dufour et une sacrée montée aujourd’hui. Le rempart a presque l’air vertical vu d’en bas. Mais le début est bien gentil jusqu’au bloc, où les choses sérieuses commencent. Sur le chemin, nous passons par le point de vue de la Roche Merveilleuse qui offre un joli panorama sur le cirque de Cilaos.

Oh! là-bas, le col du Taïbit où nous étions hier!

Dans la montée raide, Claire décide de trucer du fameux tube d’énergie liquide. Ah enfin, on va pouvoir voir l’effet que ça a! Moi qui m’attendait à un truc du genre potion magique de Panoramix, j’ai été déçu on a rien vu du tout. Le pire c’est que peu de temps après nous sommes arrivés au seul endroit un peu plat de la montée adapter à faire une petite pause, et une partie de l’effet « tube » a donc été gaspillé en temps de pause. Nous attaquons la dernière partie de la montée, et nous voici déjà au sommet du rempart sous un ciel radieux. Cilaos s’étend à 1200 mètre en contrebas et le piton des neiges est encore 600 mètres au-dessus de cette position. Nous profitons de la vue grandiose pour faire la halte de midi.

Étant donné la longue étape probablement boueuse qui nous attend demain, nous décidons de ne pas aller voir le lever du soleil au sommet du Piton, car cela retarde passablement l’heure du départ de la cabane, tout en ajoutant un sacré dénivelé dans les jambes. Cela ne me dérange pas trop, d’autant plus qu’avec les 80 (!) gulus présents à la cabane, ce ne sera pas trop le calme de la montagne là haut demain matin…

Sommet du Piton des neiges (3071m). Point culminant de l’Île et de tout l’océan Indien

Mais vu le ciel encore dégagé, je décide de rapidement monter au sommet en ce début d’après-midi. Il fait encore beau quand j’arrive en haut, environ une heure après être parti de la cabane, mais des nuages en contrebas m’empêchent de voir le fond du cirque de Cilaos. Par contre, je suis tout seul en haut, et ne croise qu’une ou deux personnes sur le sentier. Mais ce calme est soudainement interrompu en arrivant à la cabane, puisque 80 personnes sont sur place, les chambres sont super-petites avec des lits sur trois étages, et le refuge tient plus d’un clapier que d’une cabane. C’est vraiment désagréable, et notre emplacement de bivouac d’il y a trois ans, à quelques dizaines de mètres de là était on ne peut plus luxueux. C’est la première étape pour laquelle la nuit en bivouac fût nettement meilleure que celle en gîte !

Profil -Étape n° 8

  • Départ: Cilaos (1208m)
  • Arrivée: Caverne Dufour (2496m)
  • Distance: 15.4 km
  • Cumul: 105.1 km
  • Durée (sans pauses): 6h28
  • Dénivelé: +2110m / -825m
  • Cumul: +9226m / -6784m

 

la journée de l’inventaire

Marla – Cilaos

En haut du col du Taïbit: dernier regard sur le cirque de Mafate

Nous commençons par la montée au Col du Taïbit, qui s’effectue facilement. Au sommet, c’est notre dernière occasion de jeter un coup d’œil sur le magnifique cirque de Mafate dans lequel nous avons serpenté, à gauche à droite, en haut en bas, durant les 4 derniers jours. Sitôt le sommet du col passé, nous entrons dans le cirque de Cilaos et nous apercevons même St. Pierre et la mer tout en bas. Mes parents avaient déjà fait ce tronçon lors de leur premier séjour sur l’île, et ils aimeraient bien prendre un thé à l’îlet des Salazes, où Matteo et moi nous étions aussi arrêtés. Malheureusement, il semble que le stand à thé et biscuit ait été démonté (il y avait bien une nouvelle structure en bois un peu en amont, mais il n’y avait personne).

Les parents dans les Lichens

Dommage donc, pas de tisane ni de biscuit au maïs. Nous arrivons bientôt à la route départementale, et une bonne partie du chemin reste à parcourir, ainsi qu’un dénivelé important, même si ce scrogneugneu de guide FF randonnée (édition 2006. Espérons que les 2312 erreurs ont été corrigées dans la nouvelle édition. Mais je ne suis pas assez masochiste pour l’acheter et vérifier moi-même) affirme le contraire. Mais au moins cette fois, je sais à quoi m’en tenir.

Vers 13h00 nous arrivons à la cascade du bras rouge, atteinte après une forte descente. Joli endroit pour le pique-nique, que l’on peut manger les pieds dans l’eau. Ensuite, nous remontons sur Cilaos pour une nuit à l’Hôtel des neiges. Il y a un inventaire des objets de la chambre à effectuer sous peine de se voir facturer tout objet manquant. Moi qui pensais partir au Piton des Neiges avec la table de bureau, c’est raté. Même la brosse à chiotte figure sur la liste ; zut, ça aurait fait un si joli souvenir à ramener chez soi.

Profil -Étape n° 7

  • Départ: Marla (1630m)
  • Arrivée: Cilaos (1208m)
  • Distance: 12.7 km
  • Cumul: 89.7 km
  • Durée (sans pauses): 5h17
  • Dénivelé: +981m / -1401m
  • Cumul: +7116m / -5959m

 

la journée du chiffre 3

Roche Plate – Marla

Une bibe qui attend sa proie

Nous quittons brièvement le GRR2 pour éviter la descente au pied du Bronchard, et nous nous lançons donc sur le GRR 3 en direction de Marla via les trois roches. Pour changer de la vache-qui-rit sur lit de biscottes nous achetons 3 sandwiches à la saucisse frite au gîte avant de partir. Le sentier commence par monter, puis suit le pied du rempart du Maïdo. Il y a pas mal de petits ruisseaux qui traversent (voire suivent) le sentier, et il faut parfois faire un peu d’équilibre sur les pierres. Bientôt nous arrivons aux 3 roches, où nous retrouvons cette bonne vieille rivière des galets, qui se précipite dans un gouffre de 80m. Nous nous asseyons un moment sur la roche lisse du site après avoir traversé la rivière à gué. L’endroit idéal pour une petite pause de 10h00 pendant laquelle nous nous partageons l’un des fameux sandwiches “Merlin”, assez bon mais passablement bourratifs (saucisse frite, on ne s’étonne pas…), et Jean-Jacques se plaint d’un effet quelconque sur ses gencives… A peine le sandwich sorti que débarquent 3 chats d’on ne sait où attirés par l’odeur. Ils n’auront pas de saucisse frite les monstres, mais tout de même un peu de vieux pain qu’ils se disputent avec acharnement. Lorsque l’on se remet en route, on aperçoit de l’autre côté de la rivière les 4 personnes croisées à Aurère. On se fait des signes, mais on ne les attend pas pour dire bonjour, étant donné que l’on se verra ce soir au gîte.

Dernier passage à gué de la rivière des galets

Le sentier longe ensuite la rivière des galets, mais il y a quand même quelques petites montées/descentes pour pas que ça devienne trop facile. Le paysage devient un peu plus aride dans cette région du cirque. Finalement vers midi, on traverse une dernière fois la rivière des galets, à un endroit parfait pour la pause. Jean-Jacques ne peut résister à l’appel de l’eau et se baigne dans la rivière même si l’eau est nettement plus froide que lorsque l’on a traversé la rivière pour la première fois à sa sortie du cirque de Mafate.

Maintenant, il ne nous reste plus qu’une montée jusqu’à Marla pour atteindre le gîte des 3 roches. Arrivés à Marla, nous partons boire une bière à la boutique/bar, et comptons aussi faire quelques courses pour les piqueniques, mais à part de l’alcool et du cassoulet en boîte, il n’a pas grand chose à vendre le gaillard que l’on a l’air de superbement déranger. Pas de saucisse sèche, pas de biscottes. La seule chose qu’il reste est une maxi-boîte à 2 étages de vache-qui-rit, sûrement celle que Christophe et Christophine ont refusée d’acheter le jour précédent.

A l’heure du repas, la table est mise pour 7, et nous nous attendons donc à voir nos 4 marcheurs. Mais ils semblent s’être trompés lorsqu’ils nous ont donné le nom de leur gîte, car voilà que débarque une famille avec 3 enfants, dont une chose d’un âge incertain, mais au stade “hurle, bave, court et touche à tout”, s’apparentant plus au Gremlin qu’au Mogwai. “C’est ma petite sœur et elle est super chiante” déclare d’emblée l’un des deux fils. Les règles basiques de la politesse et du savoir vivre m’empêchent de lui donner publiquement raison. Heureusement qu’un élément du décor (une sorte de bout de lave fixé au mur) empêche le gremlin de passer derrière ma chaise. Ce fût un repas éprouvant pour les nerfs.

Profil -Étape n° 6

  • Départ: Roche-Plate (1142 m)
  • Arrivée: Marla (1630m)
  • Distance: 8.8 km
  • Cumul: 77 km
  • Durée (sans pauses): 4h04
  • Dénivelé: +931m / -424m
  • Cumul: +6135m / -4558m

 

la journée des grincements

Cayenne – Roche Plate

Notre itinéraire commence pas nous faire descendre jusqu’à la rivière des galets que nous traversons sur un pont, avant une grimpette assez raide passant à proximité de l’îlet des Lataniers et arrivant à l’îlet des Orangers. Avant ce dernier, le chemin passe dans une étroite ravine bien ombragée au fond de laquelle coule un petit ruisseau. C’est tout vert et il fait bien frais, ce qui est bien agréable durant cette montée. Nous nous arrêtons pour boire une bière à la boutique de l’îlet des orangers, mais il nous faut patienter pendant que le propriétaire, assis sur le gazon et en méditation contemplative, réfléchit s’il est rentable qu’il se lève et ouvre sa boutique pour 3 bières.

Îlet de Cayenne au petit matin

 

Passage d’une rivière. Il s’agit de ne pas tomber…

Prochaine étape, le sommet de la brèche (Ti Col), que l’on atteint après un nombre de marches incroyable. A l’instar de la roche écrite, la vue durant la montée est limitée, mais dès que l’on est au sommet, tout Mafate s’offre à notre regard dans un panorama à couper le souffle. A notre gauche, le bas de Mafate, et tous les îlets que nous avons déjà traversés, et à notre gauche le haut du même cirque que nous traverserons ces prochains jours jusqu’au col du Taïbit. C’est l’endroit parfait pour le repas de midi.

Au sommet de “la brèche”, juste en-dessous du Piton Maïdo

Ensuite, un sentier en descente nous conduit à Roche Plate. Nous dormons dans un gîte privé, chez Merlin, d’une part parce qu’il avait des chambres de 4, et d’autre part, parce qu’il est situé à l’extrémité du village côté Bronchard, et offre donc une magnifique vue sur Cayenne où nous étions le soir précédent. Arrivent deux autres personnes au gîte en provenance de Marla, qui semblent à première vue être un père et sa fille, mais qui se révèlent être un vieux (*) et sa secrétaire, que nous appellerons Christophe et Christophine.

Ce gîte est très récent, et donc il a l’avantage d’être en très bon état, comparé aux baraques qui tombent un peu en cannelle des gîtes de la maison de la montagne. Par contre les lits superposés sont métalliques et grincent au moindre mouvement. Claire a pris un lit en haut et il semblerait qu’elle remuait trop au goût de Jean-Jacques qui a vu son sommeil perturbé…

(*) ce n’est pas moi qui le dit, mais lui-même, puisque lorsque nous avons discuté des achats de pique-nique dans les boutiques des îlets, et que nous lui avons dit que nous avions acheté de la vache-qui-rit, il a répondu « Ah ben nous quand même pas, on est trop vieux pour ça ». D’ailleurs à propos, c’est rigolo comme les fabricants de produits de mauvaises qualité (de m… quoi) axent leur marketing sur les enfants (en plus de l’exemple sus-mentionné, notons Kinder, Babybel, etc.)

Profil -Étape n° 5

  • Départ: Cayenne (575 m)
  • Arrivée: Roche-Plate (1142 m)
  • Distance: 9.8 km
  • Cumul: 68.2 km
  • Durée (sans pauses): 4h18
  • Dénivelé: +1128m / -555m
  • Cumul: +5204m / -4134m

 

la journée des îlets

Aurère – Cayenne

L’étape de jour est nettement plus courte et avec moins de dénivelé que les précédentes, et on ne va pas s’en plaindre : nous pourrons un peu récupérer. Notre itinéraire va nous faire traverser plusieurs îlets du cirque de Mafate, qui sont de petits hameaux sans voies de communications et qui vivent en quasi autarcie : Îlet à malheur, la Plaque, îlet à Bourse, Grand-Place et Cayenne.

Il fait assez froid le matin, et la gardienne du gîte arbore un chapeau de paille confectionné par sa mère, pour – nous dit-elle – garder sa tête au chaud. Mais vu sa chevelure généreuse, je doute que le chapeau puisse l’isoler d’avantage. D’ailleurs quand je dis qu’il fait froid, tout est relatif : nous partons tout de même en t-shirt et short, mais à voir les habitants d’Aurère emmitouflés dans leurs vestes polaires, on s’attendrait presque à voir la neige tomber. La gardienne du gîte nous prévient que nous allons probablement croiser le facteur qui parcourt le cirque à pied selon un trajet hebdomadaire. On espère pour lui qu’aucun habitant ne se soit commandé une TV par correspondance…

Chapelle de l’îlet à Malheur
Massif de Bambou dans le cirque de Mafate

Depuis Aurère, le sentier commence par descendre vers une rivière. Le sol est couvert de plants sauvages de chouchous qui poussent comme de la mauvaise herbe. Nous sommes à chouchou-land, et on s’attend donc à voir Thierry surgir du feuillage. Les îlets sont généralement situés en hauteur sur des plateaux séparés entre eux par des ravines, ce qui fait qu’il y a tout de même un dénivelé appréciable, car il faut régulièrement descendre jusqu’à une rivière pour remonter de l’autre côté.

Le chemin nous mène jusqu’au gîte de Cayenne que j’ai choisi pour son superbe emplacement. Nous étions en effet aussi restés à Cayenne en 2009, et l’endroit est tout simplement impressionnant : sorte de plateau au centre d’une plus grande dépression, qui donne à la fois la sensation d’être en hauteur (on surplombe la rivière des galets) et également d’être dominé par des pics acérés et des falaises.

Petite ravine ombragée

Vu la courte durée de l’étape, nous arrivons très tôt au gîte, qui n’ouvre qu’à 15 heures, mais cela nous laisse le temps de se poser sur la terrasse et d’admirer la vue. A 15 heures une personne arrive pour nous donner les chambres. L’accueil est assez froid pour ne pas dire glacial, et c’est à peine si la gardienne décroche 2 mots : « les douches sont là-bas » (ah ben en fait, c’est 4 mots). Je demande si on peut acheter des boissons (par cette chaleur, une bière serait la bienvenue), mais elle me dit qu’elle ne vend rien (pourtant il y a 3 ans, on avait bu une bière sur cette même terrasse. Si si, lisez plus bas!). La bizarrerie de l’accueil se poursuit lors du repas puisqu’à l’heure indiquée, la porte de la salle-à-manger s’ouvre, et du temps que nous et les autres personnes présentes entrions, la dame avait déjà disparu et les plats étaient sur la table, comme si les gardiens voulaient éviter tout contact avec leurs hôtes. Cela me semble très bizarre, car l’association des gîtes de montagne de la réunion devraient employer des personnes aimant le contact avec les clients pour gardienner leurs gîtes ! Ceci dit le repas (dont un excellent porc boucané) était délicieux

A défaut de discuter avec les gardiens, nous conversons avec les autres clients. Il y a un couple d’Allemands qui est très surpris de découvrir que je parle un peu d’allemand car ils ne semblent pas rencontrer beaucoup de personnes parlant leur langue ici. Il y a aussi deux opticiens, dont l’un a des lunettes au design assez particulier et avant-gardiste.

Profil -Étape n° 4

  • Départ: Aurère (934 m)
  • Arrivée: Cayenne (575 m)
  • Distance: 9.3 km
  • Cumul: 58.4 km
  • Durée (sans pauses): 3h58
  • Dénivelé: +602 / -975m
  • Cumul: +4076m / -3579m

 

la journée des gués

Dos d’Âne – Aurère

Après un bon petit-déjeuner, nous voici en route pour la descente vertigineuse vers la rivière des galets. D’abord, il faut suivre la route principale sur plusieurs kilomètres, passage que j’avais déjà trouvé peu agréable il y a 3 ans. Heureusement, grâce au gps sur lequel j’ai bien sagement chargé le parcours de 2009, nous ne loupons pas la petite rue qui conduit à l’église, ce qui nous évite de descendre trop bas pour remonter. Tant mieux.

Vertigineuse donc est la descente, avec parfois des passages assez rocheux assurés par des câbles, et même une échelle à un endroit. Claire entre dans un mode « évitement d’obstacle » qui nous fait prendre une allure très réduite, pour la plus grande inquiétude de Jean-Jacques. Mais bientôt, nous arrivons au bras Sainte-Suzanne et au premier gué, l’occasion de faire une petite pause pendant que nos pieds sèchent.

Traversée à Gué de la rivière des galets (il y en aura 5 ce jour là: le bras Ste-Suzanne et 4 fois la rivière des galets)

Ensuite vient un passage plus reposant, puisque nous suivons le lit de la rivière des galets qui monte en pente douce. A plusieurs reprises, il faut traverser la rivière à gué. Après la dernière traversée, nous faisons une pause pour manger, avant la montée (900m) vers Aurère. Aucune difficulté à signaler, et nous voici bientôt en haut de la crête, et il ne nous reste plus qu’un faux-plat en faible descente pour arriver au gîte. Aurère est le premier îlet que l’on traverse, et l’arrivée dans le village est magnifique, grâce à de nombreuses fleurs plantées en bordure du sentier, qui rappelons-le est la route principale de ce village coupé du monde.

Le gîte (le Poinsettia) n’a qu’un grand dortoir de 12 lits, mais nous sommes heureusement les seuls, car les autres occupants sont dans des chambres doubles. Le soir, repas créole typique. La gardienne du gîte passe un bon moment avec nous et les 4 autres personnes, que nous devrions recroiser 3 jours plus tard, car il semble que l’on soit dans le même gîte à Marla.

Profil -Étape n° 3

  • Départ: Aurère (934 m)
  • Arrivée: Cayenne (575 m)
  • Distance: 9.3 km
  • Cumul: 58.4 km
  • Durée (sans pauses): 3h58
  • Dénivelé: +602 / -975m
  • Cumul: +4076m / -3579m

la journée des arbres en pont

Plaine des Chicots – Roche Écrite – Dos d’âne

Nous prenons le petit-déjeuner vers 6h30, afin de commencer la journée assez tôt pour monter à la Roche Ecrite. Le gîte est pris dans les nuages, mais tout change tellement vite qu’il ne faut pas désespérer. En effet, à peu près au milieu de la montée, les brumes se dissipent et le soleil fait son apparition.

Point de vue de la roche écrite (2276m)

L’arrivée au point de vue est assez impressionnante. En effet, nous montons depuis Saint-Denis sur une pente assez régulière, ce qui fait que l’on ne voit qu’une pente qui monte lorsque l’on regarde devant nous, bien que l’on sache que les cirques de Mafate et Salazie se trouvent quelque part devant. Et tout à coup, en quelques mètres, on arrive au sommet et la vue se découvre sous nos pieds avec plus de mille mètre de vide et un panorama à couper le souffle. Le cirque de Salazie restera malheureusement sous les nuages, mais celui de Mafate s’offre à notre regard, et l’on voit certains des îlets que nous traverserons au cours des prochains jours. Plus au fond, l’omniprésent massif du piton des neiges, ainsi que le col du Taïbit, et tout à l’arrière plan sur notre gauche, le volcan que nous atteindrons vers la fin de notre périple.

Arrivée au gîte de la pleine des chicots lors de notre descente depuis la roche écrite

Après avoir contemplé le panorama à satiété, il est temps de redescendre au gîte pour récupérer nos affaires. Le gardien du gîte est plus causant aujourd’hui et nous demande si les cirques étaient découverts et où nous allons. En fait, je pense que son apparente antipathie soit plutôt une sorte de réserve et de timidité.

Départ ensuite vers Dos d’Âne sur un sentier loin d’être facile. Mais au moins, le chemin est magnifique et passe dans des forêts touffues, avec un grand nombre d’arbres courbés qui forment des ponts en travers du chemin sous lesquels il faut passer. Par contre, bien que le parcours soit globalement en descente, il suit la crête qui borde le cirque de Mafate, et est parsemé de nombreuses montées et descentes assez abruptes. Lors des montées, il faut parfois progresser à 4 pattes pour monter des marches de taille inhumaines, et dans les descentes, il faut faire attention de ne pas glisser.

Une bibe

Après plusieurs heures de ces montagnes russes dans une forêt qui nous fait perdre nos repères, le panorama s’ouvre devant nous. Nous longeons une crête avec du vide des deux côtés : à gauche, le cirque de Mafate et son relief incroyable ; à droite le village de dos d’âne. Le chemin descend assez abruptement, et nous réserve encore une surprise, puisqu’il faut encore re-monter sur le cap noir, pour finalement descendre sur le village. Ce fût une assez longue étape, magnifique pour les yeux, mais un peu dure pour les jambes, et nous sommes bien contents d’arriver à l’auberge du “Cap Noir”, chez Raymonde Pignolet. C’est un peu la bastringue lorsque nous arrivons, car de nombreuses personnes font la fête en l’honneur d’une confirmation. Nous nous douchons donc avec la compagnie créole (oui oui, « Ca fait rire les oiseaux et chanter les écureuils… ») et de Bob Marley à fond les manettes. Heureusement, ça se calme un peu, et les visiteurs partent avant que ce ne soit l’heure du souper.

La propriétaire, Mme Pignolet, ressemble sur plus d’un plan à notre ancienne voisine Georgette (qui sait, elles sont peut-être soeurs), qui parlait beaucoup sans que cela ait toujours un sens. Quoi qu’il en soit, elle nous avait préparé un excellent repas, à un détail près : elle avait fait à manger pour 10, et nous n’étions que 3 (en ça aussi elle ressemble à Georgette). Donc si nous avons fait honneur à sa première et deuxième entrée, nous n’avons pas fini le plat principal, car nous aurions explosé. Le problème, c’est qu’elle nous encore amené un dessert, et pas des plus légers : mousse de patate douce avec du chocolat fondu dessus. Mais comme elle nous l’a dit : “C’est plus léger que le gâteau” (mais oui c’est ça…). Et vu qu’elle est restée à table pour discuter avec nous, nous avons été obligés de finir jusqu’à la dernière cuillère. C’était bon, mais nous n’avions vraiment plus faim.

Profil -Étape n° 2

  • Départ: Plaine des Chicots (1841 m)
  • Arrivée: Dos d’Âne (1090 m)
  • Distance: 17.2 km
  • Cumul: 34.8 km
  • Durée (sans pauses): 6h57
  • Dénivelé: +738m / -1487m
  • Cumul: +2596m / -1564m

 

la journée des lichens

St. Denis – Plaine des Chicots

Aujourd’hui pas mal de montée en perspective, puisque du niveau de la mer (à peu de chose près), nous montons à 1870m, hauteur de la plaine des chicots.
Jean-Jacques et Claire se sont préparés à cette grimpette. Le premier en disant invariablement, lorsque nous évoquions cette première étape avant notre départ : « On prendra le bus jusqu’au Brûlé », et la seconde en ayant acheté un tube « d’énergie liquide » à base d’hormones de taureau, de caféine et d’autres cochonneries. Vu le beau temps qui nous accueille à la sortie de l’Hôtel, il est clair que nous n’allons pas prendre le bus, et profiter de la jolie montée dans la forêt entre la providence et le Brûlé. Claire transporte son précieux tube dans une des poches extérieure de son sac, tel un parachute de secours.

Montée au Brûlé (800m)

Grâce au gps, nous trouvons bien vite le départ du GRR2 à la providence, et commençons notre montée. Curieux de voir quel est l’effet de ce fameux tube d’énergie, je propose à Claire d’en trucer un peu, mais on me fait remarquer que ce n’est que pour les cas d’urgence, et qu’il n’est pas nécessaire d’en ingérer en ce moment.

Nous voici donc parti, et nous gravissons rapidement le chemin forestier ombragé qui nous conduit au village du Brûlé à 800 mètres au dessus de la mer. Vient ensuite une partie un peu moins intéressante à travers l’agglomération étendue du Brûlé, avec quelques tronçons sur la route (sans circulation). C’est la période des goyaves, et de nombreux habitants se baladent avec de seaux pour la cueillette. Il est presque midi lorsqu’on arrive à Mamode Camp pour une pause pique-nique bien méritée au 2/3 (déjà !) de la montée.

Pause de midi à Mamode Camp (1200m)

Nous nous enfonçons ensuite dans la réserve de la roche écrite, à la végétation luxuriante et aux arbres dégoulinants de lichens et nous arrivons vers 15h00 au gîte de la pleine des chicots. Ce sont les mêmes personnes que lors de mon précédent passage, et ils n’ont visiblement pas beaucoup amélioré leur sens de l’accueil. Les fenêtres de la salle à manger sont toujours obscurcies par des rideaux de douches qu’il faut commencer par ouvrir pour voir quelque chose lorsque l’on vient prendre un thé. Qui sait, peut-être que les gardiens ont peur de la lumière (zut, si j’avais su, j’aurais pris de l’ail) ?

Le repas du soir est très bon et commence par un punch bien corsé, suivi d’une soupe puis de riz, de lentilles et de volaille, un trio créole dont on ne se séparera pas durant les 15 prochains jours. Les dortoirs sont à 8 places, mais il n’y a qu’un couple en plus de nous trois dans celui que nous occupons, donc on ne se marche pas trop sur les pieds. Jean-Jacques et Claire sont très fiers de leur exploit, car ils ont gravi sans problème les 1800 mètres du jour.

Profil – Étape n° 1

  • Départ: St. Denis (52 m)
  • Arrivée: Plaine des Chicots (1841 m)
  • Distance: 17.6 km
  • Dénivelé: +1858m / -77m
  • Durée (sans pauses): 6h16

La journée des courses

Changement stratégique de la date de départ par rapport à la traversée de 2009, afin d’éviter d’être à St-Denis et Cilaos un dimanche. C’est donc un vendredi que nous débarquons dans le chef-lieu de l’île. Toutefois, dimanche ou pas, ça reste une ville qui présente peu d’attrait, à part que cette fois, c’est moins difficile de trouver des magasins ouverts pour faire quelques provisions.

Sandwich le long du Barachois à midi, et promenade dans les rues de la ville l’après-midi en passant par le jardin de l’État. On dort à l’hôtel Juliette Dodu, du nom d’une “héroïne” (selon Wikipédia, la véracité de ses exploits est remise en doute) née à St-Denis (dans la maison qui abrite maintenant l’hôtel éponyme) et qui vécut en Suisse à la fin de sa vie. C’est un changement drastique de catégorie, par rapport à l’Hôtel Select dans lequel Matteo et moi avions passé la nuit.