Troll city

Trajet : Trondheim – Kristiansund : 205 km

D’après nos guides, le plus beau fjord de Norvège nous attend aujourd’hui. Je ne sais pas s’il existe des critères objectifs de beauté pour classer les fjords, mais si l’étroitesse du fjord ainsi que la verticalité (et non raideur!) des pentes qui le bordent sont les principaux atouts alors nos guides ont raison! Fantastique paysage lorsque l’on débarque avec la route à quelques centaines de mètres de hauteur sur une vue plongeante du bras de mer. Il y a comme un air de lac des Quatre-Cantons vu du Rigi : on se croirait chez nous!

Niché au fond du fjord, le petit village de Geiranger qui ne présente aucun intérêt, mais qui reçoit tout de même 600’000 visiteurs par ans, venus admirer le cadre enchanteur du lieu. Une bonne partie de cette déferlante touristique arrive par bateaux de croisière et mouillent devant Geiranger.

Autant dire que les gift shops pullulent et que la population de trolls plastifiés doit être de deux (voire trois) ordres de grandeur supérieur à celle des habitants. La route remonte ensuite, et en moins de 15 km, nous voilà passé de 0 à 1500m d’altitude au sommet de Dalsnibba, puis nouvelle descente en prenant une route touristique très étroite. Le croisement de deux cars auquel nous assistons s’est révélé extrêmement scabreux. Une petite halte s’est imposée pour aller mettre les pieds dans l’eau glacée qui descendit des plaques de neige entrain de fondre. Après une dizaine secondes, la douleur devenait insupportable. Florent s’aventure tout de même à faire le tour d’un rocher dans l’eau. Au début, il crie “j’ai pas mal!”, mais une fois le tour terminé ses cris s’étaient transformés en “j’ai très mal!”

On passe ensuite devant une station de ski d’été, avant de redescendre vers Loen, au fond d’un (vous ne devinez pas?) …fjord. Joli coucher de soleil à 22h00 avec de la purée de pdt, et une boîte de Kjøttkaker qui aura quelques conséquences gazeuses le lendemain…

Mouillés sans pluie

Trajet : Kristiansund – Valldal : 305 km

Premier arrêt de la journée à Mardalsfossen : avec ses 655 m de chute (dont 297 m en une fois d’un à-pic vertical), ce fut longtemps la 4ème (ou 5ème suivant les sources) plus haute chute du monde. Si elle a perdu son titre aujourd’hui, c’est que Mme (ou Mlle, c’est selon) ne travaille plus qu’à temps partiel, du 20 juin au 20 août pour les touristes. Le reste de l’année, l’eau est utilisée par une usine hydroélectrique et la chute est tarie. Depuis le parking, petit chemin de 2 km jusqu’à la base de la chute. Enfin, ça c’est la théorie, car à moins d’être en tenue de bain (ou d’Adam), impossible d’approcher. A 100 m on commence à être mouillé et à 50 m, on était tout dégoulinant!

Seconde partie de la journée : Trollstigen, l’échelle des trolls. Une route avec une pente de 1:12 et 11 virages en épingle à cheveux dans un paysage de montagne et cascades. En haut, gift shops vendant des trolls par m^3. Il y a aussi une sorte du musée avec un étrange panneau sur la porte d’entrée : “If you want to visit the museum, talk with the toilet personal”… La route se poursuit sur un plateau dans les montagnes pour redescendre vers Valldal et ses fraiseraies.

Une baleine échouée

Trajet : Trondheim – Kristiansund : 205 km

Visite de Trondheim durant la matinée avec notamment l’église de Nidaros, édifice gothique aux proportions inhabituelles. A midi, on s’arrête dans un café qui — exception en Norvège — semble avoir une machine à café à percolation. Toutefois, nous n’étions pas sortis de l’auberge, car “ils” ne semblaient connaître que l’espresso et le double espresso. Il a fallu quelques explications et montrer les tasses de la taille désirée pour ressortir avec le précieux breuvage.

Parmi les nombreuses curiosités de la ville, la plus intrigante est en fait un ascenseur à vélo (si si), dispositif assez original qui permet aux cyclistes de gravir une rue en pente tout en restant sur leur selle. On poursuit ensuite notre route vers l’Ouest pour arriver le soir à Kristiansund, où l’on passe la nuit. Sur le port, de nombreux bateaux dont la fonction nous intrigue (baleiniers?) Les baleines, quant à elles, ce sont au bar que nous les avons vues, dont une particulièrement collante (et au T-shirt très laid) dont nous n’arrivons plus à nous débarrasser. Mon numéro de “Je ne parle que le français; chers amis, traduisez!” n’était malheureusement pas assez crédible!

Un voyage en enfer

Trajet : Ossen – Trondheim : 473 km

Rien de bien spécial à signaler aujourd’hui puisque la journée fut consacrée à rouler en direction de Trondheim, 3ème ville de Norvège. Temps gris, mais sec dans l’ensemble. Quelque km avant Trondheim, nous sommes passés en enfer (dans le village de Hell) et tout comme nos “Enfers” à nous dans le Jura, ce n’est pas si horrible que ça : plage et gare. En plus, ce n’est pas le terminus de la ligne!

On atteint ensuite Trondheim (pour ceux qui douteraient de la possibilité de quitter Hell) et après avoir payé la bretelle, l’entrée dans la ville et le parking exorbitant, nous allons manger un morceau avant de partir à la recherche du camping décidément bien caché. A la réception du lieu, lorsque nous annonçons que nous sommes 3 avec 2 tentes, on nous demande : “combien de personnes dorment dans la première et combien dans la seconde, Sir?” (il faut dire qu’il y a quand même 4 possibilités 3/0, 2/1, 1/2, 0/3. Mais, comme les tentes sont indifférentiables, il n’y en a en fait que 2, dont une très intelligente…)

Oscar en Norvège

Trajet : Svartisen – Ossen : 93 km

But du jour : prendre une petite coque de noix jusqu’au fond du lac, puis petite marche jusqu’à l’extrémité du glacier.

Nous réalisons que, tel l’automate Oscar de Syberia, le gros nounours qui s’occupait du camping porte toutes les casquettes : c’est en effet lui qui nous a vendu les casquettes au kiosque, que l’on a retrouvé plus tard sur le quai pour nous vendre les billets, ainsi qu’à la barre du bateau pour nous piloter jusqu’à destination. Nous n’aurions été qu’à moitié étonnés si, au terme des 3 km de marche qui nous ont menés au glacier, nous l’aurions retrouvé derrière une échoppe de crèmes glacées!

Le soleil n’est malheureusement absent, mais au moins il ne pleut pas. Glacier joliment découpé et crevassé. Nous observons un groupe de touristes participant à une excursion “initiation à la marche sur glacier” faire leurs scabreux débuts sur la glace.

Bouchon sur la E6

Trajet : Sørkil – Svartisen : 342 km

Nous quittons notre joli emplacement de camping sans nous baigner, car un léger vent frais s’est levé. Le but du jour est de se rendre à proximité du glacier Svartisen que l’on se propose d’atteindre à pied le lendemain.

C’est seulement lorsque l’on a été forcés de s’arrêter derrière une file de voitures, que l’on a compris qu’un accident assez important avait du se produire. Et à voir la longue file de voiture devant nous, ça avait eu lieu à une bonne distance. Après environ 45 minutes d’attente, nous pouvons repartir, et l’on croise à quelques kilomètres de notre point d’arrêt un camping car totalement démoli. Après quelques kilomètres de route, on franchit le cercle polaire et comme nous sommes cette fois sur la route principale, on ne peut échapper au petit centre touristique et son inévitable gift shop vendant du kitsch boréal. Notre franchissement du cercle polaire vers le Sud marque aussi le retour du mauvais temps et des averses. Lorsque nous arrivons à la fin de la piste nous menant au terrain de camping proche du glacier, un violent orage s’abat sur nous si bien que même la vitesse maximale des essuie-glaces est insuffisante pour continuer à rouler normalement. Une fois l’orage calmé, force nous est de constater que le camping s’est transformé en marécage, et nous voilà obligés de d’installer nos tentes dans un endroit quelque peu pentu pour dormir au sec. Heureusement, le temps s’est peu à peu dégagé ce qui nous a permis de cuisiner sans pluie et même de manger avec du soleil. Avant son apparition, le lac à côté duquel le camping était situé avait un aspect fantomatique et inquiétant avec des filets de brume qui s’en élevaient tels des spectres.

Filet d’eau

Trajet : Tromsø – Sørkil : 371 km

Poursuite de notre descente vers le sud. Le GDR indique 2 chutes sur de petites routes, que nous décidons d’aller voir. Déception pour la première, car elle était située sous un barrage, et seul un filet d’eau en coulait. Par contre la seconde, plutôt une série de cascades, était quand même assez impressionnante. Ensuite, petite halte à Narvik que le GDR décrit comme étant une punition, et le Lonely Planet comme étant tout simplement horrible. Rien de spectaculaire

Rien de spectaculaire en effet. Il n’y a pas grand chose au centre-ville à part un panneau indiquant les distances vers les principales villes européennes. Sa subtilité (et son humour selon le GDR) nous a échappée : les panneaux étaient orientés selon 2 directions séparées de 180° et non pas distribués pour pointer vers les villes en question. Une halte intéressante fut celle sur le port industriel. En effet, Narvik est un noeud stratégique de l’acheminement du fer. Le minerais arrive par train de la Suède et est transféré sur d’énormes minéraliers dans le port de Narvik qui est donc bordé d’installations mécaniques assez impressionnantes et qui abrite des bateaux monstrueusement grands venus du monde entier en quête de minerais.

Nous nous arrêtons le soir au bord d’un fjord magnifique et assistons à notre premier coucher de soleil depuis un petit bout de temps, tout en dégustant nos tacos camping-made.

Mack City

Trajet : Tromsø – Tromsø : 0 km

Journée dédiée à la visite de Tromsø. Le pont qui y mène est impressionnant, tout comme le sont (mais d’une autre manière) les chalutiers russes entrain d’être retapés dans le port et rouillés à souhait.

La ville abrite la brasserie la plus au nord du monde (si l’on excepte une micro-brasserie sur l’île du cap Nord) : celle des célèbres (du moins en Norvège, car ils n’exportent pas) bières Mack. Une visite et dégustation s’imposent donc. Puis soirée resto poisson pour manger typiquement norvégien (avec test de la viande de phoque!) suivi d’un test plus approfondi de la bière Mack et d’un snack à la morue douteux, source de quelques problèmes bien vite résolus.

Route barée

Trajet : Olderfjord – Tromsø : 598 km

Lors de notre second passage à Alta (en allant vers le Sud cette fois), nous voulions aller voir le canyon d’Alta : avec ses falaises de 500 m, c’est le plus profond d’Europe. Bizarrement, aucun de nos deux guides n’était très bavard sur le sujet, et l’on a donc été forcé d’improviser. On décide donc de prendre une route qui semble mener au barrage hydroélectrique en amont, mais après une quinzaine de kilomètre la route est tout d’un coup barrée. On est obligé de faire demi-tour, mais on en profite pour picniquer dans un charmant coin au bord d’une rivière. Etant dimanche, l’office du tourisme est évidemment fermé, et il nous est impossible de se renseigner sur la manière d’atteindre ce fichu canyon, et on abandonne donc l’idée. On part en direction de Tromsø, petite ville nordique que l’on dit bien animée.

71° 11′ 08” N

Trajet : Cap nord – Olderfjord : 127 km

En admettant que le Cap nord fasse bien partie de l’Europe continentale, vous serez surpris d’apprendre (nous l’avons été aussi) que le site n’est en fait pas, avec ses 71° 10′ 21” N le point le plus au nord de l’Europe. Il existe une pointe nommée Knivskjellodden située juste à côté et qui s’avance de 71° 11′ 08”, soit 47” plus au Nord. Bien sûr, l’existence de cette pointe est savamment cachée au visitor center, mais grâce au Lonely Planet, on apprend qu’un sentier de 9 km nous y amène et l’on décide donc de s’y lancer.

Mais d’abord on écrit nos cartes postales et les glissons dans les (très nombreuses) boîtes-aux-lettres du site, de façon à ce qu’elles soient tamponnées du cachet postal du Cap Nord. Ah oui : nous assistons aussi à la projection du “super-vidéographe”. Sans commentaire, mais rien que le nom fait déjà rire…

Or donc, après un léger picnique, nous voici partis pour les 18 km qui nous mèneront au bout de l’Europe et retour. Le sentier serpente dans un étonnant paysage de toundra et dans une solitude et un silence total, agréable changement par rapport à hier soir.

A l’extrémité, un journal pour laisser son nom pour la prospérité. Nous profitons de la halte à la pointe pour nous relancer dans des considérations géométriques : Etant donné les 47” de latitude séparant le Cap Nord de Knivskjellodden, quelle distance cela fait-il à la surface de la terre? (réponse : 1450 m et heureusement que Daniel avait son Natel pour la calculatrice!) De retour à la voiture nous commençons notre descente vers le sud, avant de tomber sur une embuscade de rennes : alignés sur la route et nous faisant face, ils n’avaient pas l’air de vouloir s’écarter… On décide de cuisiner un peu plus perfectionné ce soir, mais il s’avère difficile de bien réussir la sauce au poivre sans fouet. Ce fût malgré tout fort bon!

Les fins de semaines scandinaves sont bien animées dit-on. On a pu le tester une première fois à Røros, et nous pourrions faire une deuxième expérience ce soir. Le problème, c’est que nous somme en pleine cambrousse lapone, littéralement au milieu de nulle part, hors d’atteinte de la civilisation. Toutefois, on tombe par hasard sur un pub isolé dans lequel on décide de se risquer. Les clients sont apparemment amené sur place depuis la campagne environnante par un minibus dont le chauffeur ne semblait pas très sobre.

A l’intérieur, chouette ambiance bougies avec représentation d’un peu toutes les classes d’âges. Après s’être équipés de bières, nous observons attentivement ce qu’il se passe autour de nous. Ah! tiens, on dirait que l’idiot du village arrive avec son T-shirt « Me Myself and I » qui a l’air de plaire (le T-shirt donc!) à la quadragénaire anglo-norvégienne qui nous a vanté les valeurs sentimentales des cailloux norvégiens il y a quelques instants.

Ce dernier a vite fait de nous sortir les deux seuls mots d’anglais qu’il connaît : « big boobs ». On arrive à décoder de son charabia qu’il veut nous emmener dans une tente lapone remplie de femmes aux big boobs et d’aquavit (alcool de patate)… c’est ça!

Le groupe des aînés semble ensuite s’intéresser à nous et l’institutrice du village est estomaquée d’apprendre que nous ne savons pas éviscérer un poisson. Nous avons droit aux explications détaillées ainsi qu’à une proposition de stage. Ohoh, désolé madame, mais on part demain…