Mille sabords

Trajet : Balloch – Craignure : 248 km

Départ en direction de Loch Lomond qui, en plus d’être le whisky préféré du capitaine Haddock, se trouve être le plus grand loch d’eau douce d’Ecosse. On en remonte la rive ouest avant d’arriver à Inveraray, siège du château du duc d’Argyll (clan Campbell). Un quiproquo nous fausse à croire qu’un vieux Campbell en kilt (peut-être le précédent duc en personne) est complètement sénile, alors qu’il devait tout simplement être sourd comme un pot de bruyère écossaise.

La vallée menant à Glencoe

Pic-nique au bord du loch Fyne sous l’oeil envieux et benêt des pigeons qui se montraient très téméraires malgré mes gestes menaçants envers leurs disgracieuses personnes. On prend la route des montagnes pour atteindre Glencoe, puis nous nous dirigeons vers l’île de Mull. Ceci nous fait prendre 2 ferries et emprunter une route à une seule piste avec des places d’évitement lorsqu’il est nécessaire de croiser. Nous campons à Craignure, et ne sachant pas prononcer ce nom à l’écossaise, nous optons pour la prononciation française… ça craint!

Notre emplacement de camping se trouve sur une petite colline balayée par le vent, ce qui n’est pas sans nous rappeler les îles Lofoten. Pourquoi Diable percher des campings en hauteur sur des îles balayées par le vent? Pour se réchauffer après le repas, nous nous rendons à l’auberge de Craignure, qui se révéla être aussi un rendez-vous canin. Les 2 phénomènes les plus marquants se révélèrent être un espèce de chiot épagneul complètement caractériel, ainsi que le chien du patron qui trottait entre les tables et qui a bénéficié des 3 biscuits pour chien que j’ai retrouvés dans la poche de mon K-Way. Bien sûr, plus possible de s’en débarrasser après ça, puisque Monsieur semblait attendre la suite. La diversion est arrivée lorsque le patron a rempli un gobelet de bière et l’a posé sur le bar. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le chien avait sauté sur l’unique tabouret du bar et, les deux pattes sur le comptoir, lapait goulûment le breuvage. Sur ce, nous allons nous coucher après une journée pour le moins surprenante, notamment par le fait que nous n’avons pas reçu une seule goutte de pluie…

Point de vue sans vue

Trajet : Callander – Balloch : 150 km

Les Trossachs, région dans laquelle nous sommes, est parsemée de lochs et montagnes. Quelle meilleure idée que de monter au sommet de l’une de ces dernières (Ben Venue) afin d’admirer la vue à couper le souffle sur les lochs qu’elle surplombe? Sauf qu’il pleut… Mais s’il faut tout faire sans pluie, nos vacances en Écosse risquent d’être peu mouvementées, aussi décidons-nous de partir à l’assaut du Ben Venue.

En haut du Ben Venue dans les Trossachs. Normalement, la vue doit être splendide.

Le temps en Écosse semble sujet à de fréquents sauts d’humeur, et en effet, au bout d’un certain temps, la pluie arrête de tomber. Cependant, lorsque nous atteignons le sommet, force nous est de constater que nous somme littéralement dans un nuage et que l’on ne voit absolument rien. On commence d’ailleurs à devenir des spécialistes du point de vue sans vue (c.f. ça). D’ailleurs, nous n’étions même pas véritablement arrivés au sommet, ce que le manque de visibilité nous a empêché de constater. C’est un Écossais et son fils qui nous ont indiqué la direction du sommet, à 200m de là.

 

Sommet du Ben Venue; 30 secondes de temps dégagé, juste le temps de prendre une photo avant que cela ne se rebouche.

Une fois descendus (et après avoir dérangée une illuminée qui faisait caca sur le chemin pédestre), on se rend au bord du loch Katrine, que l’on aurait normalement dû apercevoir du sommet. La pluie se remet à tomber et nous poursuivons notre route vers Aberfoyle où nous tentons d’acheter de la ficelle pour notre bâche, mais sans succès. Florent pense que la vente de ficelle en écosse doit être prohibée, car les écossais l’utiliseraient pour se pendre vu leur météo atroce. On monte la tente sous la pluie, et nous prenons ensuite l’apéro devant au soleil. C’est à n’y rien comprendre!

On a monté la tente sous la pluie, mais un timide rayon de soleil apparaît pour l’apéro…

Kool Kids

Trajet : Edinburgh – Callander : 63 km

C’est l’aventure qui commence aujourd’hui avec la location de la voiture. A nous les grands espaces solitaires des Highlands, à nous les îles battues par les vents (et la pluie bien sûr), à nous… Enfin pour l’instant redescendons sur terre, car il pleut, et il y a une heure de queue à l’agence Hertz. Mieux vaut prendre son mal en patience. D’ailleurs, pour nous dédommager de notre attente, et pour nous remercier de notre parfaite attitude de Suisses diplômés (nous n’avons pas agressé la fille au comptoir), le second conducteur nous est offert. Et hop voici £57 à retirer à la facture. La pluie susmentionnée a la politesse de nous laisser tranquilles pendant la visite de Stirling et de son château, mais elle fait son grand retour lorsqu’il s’agit de monter la tente dans un camping à l’accueil bourru à souhait (écossais donc…).

Nous nous rendons vite à l’évidence que le camping écossais nécessite quelques accessoires supplémentaires par rapport à notre équipement de base : j’ai nommé la chaise de camping ainsi que la bâche sous laquelle faire la cuisine et manger au sec…

Dans la petite ville touristique située à côté du camping, les magasins sont rares. Si la bâche s’avère facile à trouver, les chaises sont une autre paire de manche, mais nous mettons finalement la main sur deux modèles pour enfants “Kool Kids” du plus bel effet, et –surtout– très confortables, malgré leur taille junior qui donne à notre campement une allure de Club Med pour Schtroumpfs. Pour fixer la bâche, nous comptons utiliser 2 bouts de bois maintenus par 2 ficelles et 2 sardines, mais impossible de trouver de la ficelle, ce qui n’est temporairement pas si important, vu qu’il a entre temps arrêté de pleuvoir… pour mieux recommencer lorsque l’on part se laver les dents!

Une couverture plutôt qu’un duvet

Emplacement stratégique pour le chateau d'Edinburgh

Sous un soleil presque sans nuages (comme quoi tout est possible) nous visitons new town avant de nous embarquer dans un bus direction le port afin de visiter le Britannia, le Yacht (ou plutôt paquebot) de la famille royale de 1953 à 1997. On y apprend toutes sortes de choses super utiles si jamais on devait recevoir E II chez soi : La reine et son mari préfèrent une couverture à un duvet, font chambre à part et ont des oreillers de même taille. Charles, le grand coquin a été le premier à introduire un lit double sur le bateau, qui nécessitait d’ailleurs 220 membres d’équipage pour naviguer, mais bon, il faut dire que cela incluait l’orchestre.

Dans l’après-midi, visite du scottish museum, à l’architecture totalement tordue, suivie d’un cidre sur une terrasse (Le Magners, bien qu’Irlandais, reste une bien bonne découverte de ce voyage en Ecosse) et d’une soirée assez calme.

Zizi de Pieuvre

Emplacement stratégique pour le chateau d'Edinburgh

A 9h00, nous voilà dans la file d’attente pour un billet pour la visite du château, lorsque l’on s’aperçoit que le site n’ouvre que 30 minutes plus tard. On reste tout de même dans la file, ce qui s’avère être une bonne idée, vu que lorsque les caisses ouvrent, la queue s’est considérablement allongée. Visite du château donc, suivie de celle de la vieille ville, puis ascension d’Arthur’s Seat pour une vue en hauteur de la ville. Entre temps, la tente de Florent a décidé de nous rejoindre, et nous la trouvons donc au dortoir le soir venu.

Le château d'Edinburgh
Le château d’Edinburgh

Repas dans un pub où Florent, toujours très courageux, tente le fameux Haggis auquel il survit semble-t-il assez bien. Minuit sonne le glas de ses 26 ans et se manifeste chez l’intéressé par une petite faim vite comblée dans un stand de fish and chips où il se voit remettre un objet frit cylindrique et allongé ressemblant à s’y méprendre à un zizi de pieuvre. Décidément, le Haggis a préparé Florent à toutes les expériences culinaires que la Grande-Bretagne peut offrir. Heureusement qu’il n’a pas vu que la même échoppe proposait également des mars frits.

Tente en vadrouille

Départ de Genève où l’on découvre avec stupeur qu’un amas de personnes est massé devant la douane et que les douaniers effectuent très consciencieusement leur travail. L’heure de la fin de l’embarquement approchant, et vu que notre progression dans la file devait au maximum se chiffrer en dizaines de nanomètres, nous nous permettons de jouer aux mauvais Suisses en changeant de file d’attente pour aller s’incruster dans celle d’à côté qui avançait nettement plus vite, au risque de se voir déchoir de notre nationalité. Cet écart de conduite scandaleux (Florent a mal dormi ensuite) nous a tout de même permis d’attraper l’avion.

Arrivé à Londres, l’avion doit attendre 20 minutes sur le tarmac avant d’accéder à son emplacement, et lorsque on l’atteint enfin, le personnel de l’aéroport constate que la passerelle mobile ne fonctionne pas. Il y a bien un escalier monté sur un camion juste à côté, mais encore faut-il qu’ils trouvent la clé. Nous restons donc un moment encore prisonniers de la carlingue avant de pouvoir prendre le vol pour Edinburgh, retardé d’une heure. A peine installés dans le second avion, nous entamons une conversation sur les obèses dont les bourrelets flasques partent à la conquête du siège du voisin, conversation vite interrompue par un membre de leur guilde qui vient s’asseoir dans le siège libre à côté de moi. Il n’y a pas à dire, mais les compagnies aériennes devraient obliger ces gens à voyager en business class.

A l’arrivée à Edinburgh, la tente manque à l’appel, et l’on nous explique qu’elle a fait un petit détour imprévu et qu’elle arrivera plus tard, directement à l’hôtel (Euh, au dortoir !)

Pas dépaysés

Trajet : Lillehammer – Oslo : 156 km

On parcourt les derniers kilomètres jusqu’à l’aéroport avant de procéder à longue tâche du vidage de la voiture : sacs, mais aussi papiers, prospectus, tickets de caisse etc.

Visites des magasins de l’aéroport pour dépenser les derniers kékos, puis départ! Arrivée à Zurich sous la pluie de façon à ne pas être trop dépaysés. S’en suit le très long voyage en train avant une bonne nuit sur un vrai matelas et un vrai sommier!

Bois debout

Trajet : Borgund – Lillehammer : 382 km

Nous avons vu les fjords norvégiens, les fermes rouges, le soleil de minuit au cap nord, les cols enneigés et les forêts verdoyantes. Alors avons-nous vu tous les éléments clés qui caractérisent la Norvège?

Apparemment pas, car il nous manquait en tout cas la contribution norvégienne au patrimoine architectural mondial : l’église en bois debout, véritables pièces montées de bois datant du XIIe siècle. Celle de Borgund (1180), la première sur notre trajet d’aujourd’hui est la mieux conservée du pays. Le nom barbare des ces églises vient des piliers verticaux qui forment la base de l’édifice. Le terme anglais « stave church » est quant à lui nettement moins ridicule…

Après cette visite intéressante nous prenons notre dixième et dernier ferry pour être ensuite accueillis sur la berge opposée par une de ces averses dont la Norvège a le secret et qui commence par nous sortir par les trous de nez! Le temps maussade nous dissuade d’aller voir l’église de Kaupanger et, celle d’Urnes, la plus vieille qui ait été préservée, est trop compliquée à accéder vu le peu de temps que nous avons à disposition. Nous remontons une route touristique bordant le parc naturel de Jotunheimen et quittons – sous la pluie – notre dernier fjord norvégien pour nous enfoncer dans les montagnes avant d’aller admirer l’extérieur de la jolie église en bois debout de Lom. Puis c’est direction Lillehammer où nous passons notre dernière soirée qui se termine par le désormais incontournable tsjeriåu de DJ LØV.

24.5 km!

Trajet : Loen – Borgund : 380 km

Journée consacrée aux routes touristiques des fjords de l’ouest. A travers des paysages grandioses (pour ne pas changer…), nous ne comptons plus le nombre de fois où nous passons du niveau de la mer aux neiges éternelles en quelques virages en épingle à cheveux pour ensuite replonger vers un petit village au fond d’un fjord. La Norvège n’est décidément pas un pays pour les allergiques au vert, car cette couleur est omniprésente dans toutes ses variations de ton, du vert prairie au bronze de l’eau des fjords. Nous traversons aussi de hauts plateaux verdoyants comme en Irlande, et des défilés rocheux d’où jaillissent des dizaines de cascades pour soudain débarquer au bord d’un fjord si étroit et si éloigné de tout que l’on a de la peine à savoir s’il s’agit d’un lac ou d’un bras de mer. Heureusement, un immeuble de croisière nous prouve que cette étendue d’eau encaissée est bel et bien connectée à la mer.

Le relief est tellement marqué que la route est parsemée de tunnels. L’un deux affiche l’honorable longueur de 24.5 km, de quoi faire pâlir notre Gothard national. Assez curieusement, aux kilomètres 6, 12 et 18, le tube s’élargit en une sorte de grotte éclairée en violet-bleu genre glacier. Assez étonnant de trouver ça dans un tunnel! Est-ce pour nous divertir durant cette longue traversée?

Nous continuons notre route vers Borgund, et vu que nous avons eu notre quota de tunnels, nous empruntons la route historique qui les évite et qui longe une rivière au fond d’une gorge : encore des paysages surprenants!

Balade de santé

Trajet : Loen – Loen : 0km enfin, ça dépend du point de vue…

“Petite” marche au programme aujourd’hui, ce qui explique notre levé matinal à 7h30. Le programme de la journée est en effet ambitieux. A partir du parking situé à 23 mètres au-dessus du niveau de la mer, nous nous proposons d’atteindre la cabane de Skåla à 1848m d’altitude pour admirer le superbe panorama sur le fjord et le glacier du parc national de Jostedalsbreen. 1825 mètres de dénivelé sur un chemin de cabris au paysage bien varié mais toujours en pente! Il nous faut environ 3h30 pour atteindre la cabane, une petite tour ronde construite à l’époque pour y traiter les tuberculeux par le remède du grand air. Après une pareille montée, ils devaient être soit guéris soit morts, ces pauvres tuberculeux. Pas de gardien à la cabane, mais toute la nourriture que l’on veut avec les prix indiqués, y compris un important stock des terribles Kjøttkakers. Il faut même payer pour pique-niquer… par carte de crédit! La cabane est joliment aménagée, avec un grand lit en demi-cercle pour tout le monde. La nuit, ce doit être une belle rencontre de pieds.

Question vue malheureusement, la chance n’est pas avec nous, car le temps est bouché. Quelques mètres avant l’arrivée au sommet, les brumes se dissipent quand même, nous permettant d’apercevoir le fjord en contrebas l’espace de quelques minutes. Nous restons quelques heures au sommet dans l’espoir que les nuages se dissipent mais sans succès. Il commence même à pleuvoir et nous nous apercevons que la tour n’est pas très étanche…

Jolis champs de neige à la descente qui nous permettent de descendre rapidement en glissant sur nos chaussures, au prix de pieds trempés bien sûr, sauf pour Daniel dont les chaussures étaient “gore-texées”. Florent descend même sur un sac en plastique! Sur le chemin du retour, on croise beaucoup de personnes qui montent, probablement pour passer la nuit à la cabane. Enfin, à part les gens qui montent sans affaires et au pas de course. Ceux-ci s’entraînaient pour la course qui aura lieu le 13 Août. Pour gagner, il faut monter en environ 75 minutes!