Germinal

Potosi

Au programme du jour, visite de la mine d’argent de Potosi. Bien que les veines principales ont depuis longtemps été extraites jusqu’au dernier gramme, il reste du minerais de moins bonne qualité qu’une coopérative de mineurs continue à extraire dans des conditions pas bien différentes de l’époque coloniale, et il est possible de pénétrer dans les tunnels sous la montagne pour se rendre compte du quotidien des mineurs. Le Lonely Planet est assez prudent sur sa description de la visite: c’est une mine en activité et non un musée, les conditions de travail peuvent être choquantes, et l’air saturé de poussière n’est pas des plus sain, mais alors que l’on attend le départ de notre tour aux abords d’un carrefour bouchonné, respirant à plein poumons les gaz d’échappement, on se dit que les mineurs sont moins en danger que l’équipe de flics qui tentent sans succès de réguler la circulation. Nous avons choisi une compagnie créée par d’anciens mineurs pour visiter la mine, afin de bénéficier des meilleures explications, et aussi par ce qu’au contraire de certains organismes plus touristiques, ils connaissent et respectent les mineurs.

Une des entrées de la mine de Potosi
Prêt pour visiter la mine

Le premier arrêt se fait au marché des mineurs, où ces derniers achètent le matériel indispensable à leur journée dans la mine: feuilles de coca, cigarettes, alcool à 95% (normalement réservé à la cérémonie du vendredi après-midi, parce que sinon, ça n’aide pas trop à la tâche…), jus de fruit et… dynamite. On achète quelques cadeaux à donner aux mineurs que l’on croisera pendant la visite, et notre guide nous recommande d’éviter les cigarettes et l’alcool, ainsi que la dynamite pour des raison évidente de sécurité. Ce que ne font pas tous les groupes, puisque qu’en face de la rue, un touriste très intelligent s’est mis de la dynamite avec amorce à la ceinture et feint de l’allumer avec un briquet pendant que son ami le prend en photo. D’un côté, s’il l’avait allumée, cela aurait fait un connard de moins sur terre, mais vu que l’on était juste en face, nos tympans auraient sûrement pas mal souffert, et on aurait été éclaboussé de tripaille. Donc au fond, c’est quand même pas mal qu’il ait quand même encore eu au moins deux neurones en fonction.

“Usine” de pré-traitement du minerais avant qu’il soit envoyé au Chili

Nous nous rendons d’abord dans une bâtisse où une première séparation du minerais d’argent est effectuée pour le séparer du 95% de déchet, avant d’être envoyé au Chili pour être purifié. Nous entrons ensuite dans une des nombreuses mines qui parcourent la montagne comme un gruyère (un jour, elle va s’écrouler, c’est sûr), et à l’intérieur, on se croirait dans les mines de charbon de Zola. Les mineurs sont très fiers de nous montrer leur travail, mais il faut dire qu’ils travaillent dans des conditions difficiles et avec un matériel rudimentaire.

Mineurs au travail

Par endroit on patauge dans quelques centimètres d’eau. Parfois le plafond est assez haut pour se tenir debout, mais il faut avancer plié en deux la plupart du temps, et bien sûr, aucune lumière, si ce n’est la lampe frontale du casque: il y a quelque chose d’assez inquiétant. Nous parcourons plusieurs km de couloirs, changeons de niveau, rencontrons des mineurs auxquels nous donnons les jus de fruit et les feuilles de coca, et nous ressortons finalement à l’air libre, contents de revoir la lumière du jour, mais satisfaits de cette visite très intéressante et informative.

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