Laguna Blanca – Licancabur – Laguna Blanca – Uyuni
Nous partons vers 2h30 du matin du refuge, pour un court trajet en voiture jusqu’au début du sentier, à 4600m. Notre guide, Arsenio, est bien sûr avec nous, et vu sa tête qui ne me revient pas, j’ai vite fait de le surnommer Arséniure, en l’honneur de l’arsenic présent dans les eaux de la laguna verde. Il est sensé indiquer à notre chauffeur par où passer, mais ils se perd à moitié. Enfin nous trouvons la piste et arrivons au départ de l’ascension. En plus de Matteo et moi, il y a une autre personne accompagnée par le guide qui nous a prêté les bâtons de marche. Il s’agit ici de préciser que le mot “guide” ici n’a rien à voir avec ce que nous appelons un guide dans les alpes, et “personne qui connaît le chemin” serait un terme plus approprié. Le non-professionnalisme de notre guide se manifeste par exemple quand il s’agit de trouver le chemin. Je ne doute pas qu’il sache par où passer, mais de jour uniquement, et la toute petite lampe qu’il a ne l’aide pas beaucoup. Heureusement que Matteo lui éclaire les environs de sa lampe puissante, ce qui permet à Arséniure de se repérer. Après un bout de montée, le chemin est bloqué par la neige (tiens, je croyais qu’il n’y en avait pas), et il nous faut grimper tout droit dans un pierrier. Il semble que l’autre personne avec l’autre guide a fait demi-tour, car on ne voit plus de lampe derrière nous. Arséniure s’arrête souvent “pour nous donner le temps de souffler”, mais Matteo et moi avons plutôt l’impression que c’est lui qui a besoin de souffler un peu. Nous mettons 4 heures pour monter, ce qui n’est pas mal du tout, et plus rapide que prévu puisque nous sommes avant le lever du soleil. Arséniure veut redescendre, mais on lui dit que l’on veut quand même rester au sommet pour voir le soleil qui ne va pas tarder. Il faut dire qu’avec des chaussures de ville et ses habits, ce n’est pas étonnant qu’il ait froid. Les tarifs qu’il pratique devrait lui permettre de s’équiper un peu, d’autant plus qu’il dit monter presque chaque jour.
Magnifique lever de soleil sur les montagnes environnantes, mais on ne va pas s’attarder trop quand même, vu qu’il fait extrêmement froid. Notre eau a gelé dans les bouteilles. Arséniure nous dit de descendre pendant qu’il contacte le refuge par radio pour que notre chauffeur vienne nous chercher. Il nous rattrape au bout d’un moment, et nous dit qu’il n’a pas pu établir de contact, parce que ses batteries sont mortes. Je lui en prête, afin d’éviter d’avoir à attendre 2 heures au pied du Volcan qu’Evans se pointe à l’heure initialement prévue. S’il y a une chose qu’il faut bien avouer à propos d’Arséniure, c’est qu’il descend comme une petite chèvre malgré ses godasses à 2 balles, et nous a vite semé (heu, mais un guide ne serait-il pas sensé nous attendre?). Quand nous arrivons au parking, après 3 heures de descente, nous y trouvons le type qui a abandonné la montée, son guide, Arséniure et Evans. Ce dernier nous félicite d’être arrivé en haut et d’avoir fait si vite, mais Arséniure commente sur le fait que l’on aurait pu descendre plus vite, ce à quoi Matteo rétorque que nous serions arrivés plus tôt, si notre guide n’était pas essoufflé dans la monté et ne s’arrêtait pas toutes les 5 minutes. Ceci déclenche l’hilarité générale, mais n’est pas de tout du goût d’Arséniure qui n’aime pas se voir rabaisser de la sorte…
Après être retournés au refuge et avoir mangé, nous remettons toutes les affaires dans la Jeep pour la longue rentrée vers Uyuni. C’est aussi le moment de “payer” les bâtons de marche (que nous n’avons finalement pas utilisés), et d’embarquer le petit guide avec nous. Il ne faut que quelques kilomètres pour se rendre compte que nous venons de faire la plus mauvaise affaire commerciale de tout le voyage, car le type se révèle insupportable: On aurait dit un garçon de 5 ans (mal rasé). Il ne tenait pas en place, ne se taisait jamais et riait comme un crétin des alpes. A un moment, il a eu soif, et a littéralement plongé dans le coffre depuis les sièges arrières. Il n’y avait plus que ses jambes qui dépassaient et qui s’agitaient dans tous les sens. Ensuite, le voir se verser des verres de coca alors que notre 4×4 bondissait dans le désert donnait des sueurs froides. Bien que fatigués par l’ascension du Licancabur, pas moyen de se reposer! Matteo et moi ne pouvions que nous regarder d’un air entendu. “Il aurait fallu le mettre en soute” a dit Matteo. Il avait bien raison. Enfin, après 6 heures et 41 minutes d’horreur, nous arrivons enfin à Uyuni.