Filet d’eau

Trajet : Tromsø – Sørkil : 371 km

Poursuite de notre descente vers le sud. Le GDR indique 2 chutes sur de petites routes, que nous décidons d’aller voir. Déception pour la première, car elle était située sous un barrage, et seul un filet d’eau en coulait. Par contre la seconde, plutôt une série de cascades, était quand même assez impressionnante. Ensuite, petite halte à Narvik que le GDR décrit comme étant une punition, et le Lonely Planet comme étant tout simplement horrible. Rien de spectaculaire

Rien de spectaculaire en effet. Il n’y a pas grand chose au centre-ville à part un panneau indiquant les distances vers les principales villes européennes. Sa subtilité (et son humour selon le GDR) nous a échappée : les panneaux étaient orientés selon 2 directions séparées de 180° et non pas distribués pour pointer vers les villes en question. Une halte intéressante fut celle sur le port industriel. En effet, Narvik est un noeud stratégique de l’acheminement du fer. Le minerais arrive par train de la Suède et est transféré sur d’énormes minéraliers dans le port de Narvik qui est donc bordé d’installations mécaniques assez impressionnantes et qui abrite des bateaux monstrueusement grands venus du monde entier en quête de minerais.

Nous nous arrêtons le soir au bord d’un fjord magnifique et assistons à notre premier coucher de soleil depuis un petit bout de temps, tout en dégustant nos tacos camping-made.

Mack City

Trajet : Tromsø – Tromsø : 0 km

Journée dédiée à la visite de Tromsø. Le pont qui y mène est impressionnant, tout comme le sont (mais d’une autre manière) les chalutiers russes entrain d’être retapés dans le port et rouillés à souhait.

La ville abrite la brasserie la plus au nord du monde (si l’on excepte une micro-brasserie sur l’île du cap Nord) : celle des célèbres (du moins en Norvège, car ils n’exportent pas) bières Mack. Une visite et dégustation s’imposent donc. Puis soirée resto poisson pour manger typiquement norvégien (avec test de la viande de phoque!) suivi d’un test plus approfondi de la bière Mack et d’un snack à la morue douteux, source de quelques problèmes bien vite résolus.

Route barée

Trajet : Olderfjord – Tromsø : 598 km

Lors de notre second passage à Alta (en allant vers le Sud cette fois), nous voulions aller voir le canyon d’Alta : avec ses falaises de 500 m, c’est le plus profond d’Europe. Bizarrement, aucun de nos deux guides n’était très bavard sur le sujet, et l’on a donc été forcé d’improviser. On décide donc de prendre une route qui semble mener au barrage hydroélectrique en amont, mais après une quinzaine de kilomètre la route est tout d’un coup barrée. On est obligé de faire demi-tour, mais on en profite pour picniquer dans un charmant coin au bord d’une rivière. Etant dimanche, l’office du tourisme est évidemment fermé, et il nous est impossible de se renseigner sur la manière d’atteindre ce fichu canyon, et on abandonne donc l’idée. On part en direction de Tromsø, petite ville nordique que l’on dit bien animée.

71° 11′ 08” N

Trajet : Cap nord – Olderfjord : 127 km

En admettant que le Cap nord fasse bien partie de l’Europe continentale, vous serez surpris d’apprendre (nous l’avons été aussi) que le site n’est en fait pas, avec ses 71° 10′ 21” N le point le plus au nord de l’Europe. Il existe une pointe nommée Knivskjellodden située juste à côté et qui s’avance de 71° 11′ 08”, soit 47” plus au Nord. Bien sûr, l’existence de cette pointe est savamment cachée au visitor center, mais grâce au Lonely Planet, on apprend qu’un sentier de 9 km nous y amène et l’on décide donc de s’y lancer.

Mais d’abord on écrit nos cartes postales et les glissons dans les (très nombreuses) boîtes-aux-lettres du site, de façon à ce qu’elles soient tamponnées du cachet postal du Cap Nord. Ah oui : nous assistons aussi à la projection du “super-vidéographe”. Sans commentaire, mais rien que le nom fait déjà rire…

Or donc, après un léger picnique, nous voici partis pour les 18 km qui nous mèneront au bout de l’Europe et retour. Le sentier serpente dans un étonnant paysage de toundra et dans une solitude et un silence total, agréable changement par rapport à hier soir.

A l’extrémité, un journal pour laisser son nom pour la prospérité. Nous profitons de la halte à la pointe pour nous relancer dans des considérations géométriques : Etant donné les 47” de latitude séparant le Cap Nord de Knivskjellodden, quelle distance cela fait-il à la surface de la terre? (réponse : 1450 m et heureusement que Daniel avait son Natel pour la calculatrice!) De retour à la voiture nous commençons notre descente vers le sud, avant de tomber sur une embuscade de rennes : alignés sur la route et nous faisant face, ils n’avaient pas l’air de vouloir s’écarter… On décide de cuisiner un peu plus perfectionné ce soir, mais il s’avère difficile de bien réussir la sauce au poivre sans fouet. Ce fût malgré tout fort bon!

Les fins de semaines scandinaves sont bien animées dit-on. On a pu le tester une première fois à Røros, et nous pourrions faire une deuxième expérience ce soir. Le problème, c’est que nous somme en pleine cambrousse lapone, littéralement au milieu de nulle part, hors d’atteinte de la civilisation. Toutefois, on tombe par hasard sur un pub isolé dans lequel on décide de se risquer. Les clients sont apparemment amené sur place depuis la campagne environnante par un minibus dont le chauffeur ne semblait pas très sobre.

A l’intérieur, chouette ambiance bougies avec représentation d’un peu toutes les classes d’âges. Après s’être équipés de bières, nous observons attentivement ce qu’il se passe autour de nous. Ah! tiens, on dirait que l’idiot du village arrive avec son T-shirt « Me Myself and I » qui a l’air de plaire (le T-shirt donc!) à la quadragénaire anglo-norvégienne qui nous a vanté les valeurs sentimentales des cailloux norvégiens il y a quelques instants.

Ce dernier a vite fait de nous sortir les deux seuls mots d’anglais qu’il connaît : « big boobs ». On arrive à décoder de son charabia qu’il veut nous emmener dans une tente lapone remplie de femmes aux big boobs et d’aquavit (alcool de patate)… c’est ça!

Le groupe des aînés semble ensuite s’intéresser à nous et l’institutrice du village est estomaquée d’apprendre que nous ne savons pas éviscérer un poisson. Nous avons droit aux explications détaillées ainsi qu’à une proposition de stage. Ohoh, désolé madame, mais on part demain…

Arnaque septentrionale

On consacre la matinée à la visite du musée d’Alta. Si l’intérieur n’a rien d’exceptionnel, l’extérieur, lui, mérite la visite : un petit chemin de quelques kilomètres nous conduit au milieu de gravures rupestres remontant jusqu’à 6000 ans. Animaux, hommes, scènes de chasse et même un homme sur des skis comptent parmi les figurines nous découvrons.

Dans l’après-midi, nous arrivons au Cap Nord. On le savait avant d’y arriver : contempler le soleil de minuit depuis sommet de la falaise du Cap Nord (un à-pic de 300 mètres) est un spectacle saisissant, mais aussi une escroquerie d’envergure très dommageable pour le porte-monnaie. Tout commence par le tunnel séparant l’île du continent (et passant 200 mètres sous le niveau de l’eau) : 230 Nok (46 CHF) qu’il faudra encore débourser pour repartir, comme si on avait le choix! Et d’ailleurs, si le Cap Nord est situé sur une île (fort proche du continent, soit!), peut-on vraiment dire qu’il s’agisse du point le plus septentrional de l’Europe continentale ? Enfin, tectoniquement parlant, l’île du Cap Nord appartient probablement à la même plaque que le continent, alors admettons…

Une route sinueuse faisant aussi visiblement office de centre de conférence pour rennes nous conduit ensuite à un second péage: celui du site proprement dit. La modique somme de 570 Nok (114 CHF) nous est demandée pour les trois. Nous plantons nos tentes sur place un peu à l’écart du parking et en attendant minuit, nous partons visiter l’atroce visitor center qui défigure le site et permet aux nombreux touristes vomis par les cars de regarder le soleil de minuit bien au chaud derrière des baies vitrées avec champagne et caviar.

A minuit, le soleil et bien toujours là (pour ceux qui en douteraient!) et le ciel est bien dégagé. Nous nous essayons (déformations professionnelle) à quelques considérations géométriques pour calculer à quel angle on devrait voir le soleil à son point le plus bas. Voulant nous faire photographier tous les trois avec le soleil et le “globe” métallique, on a le malheur de jeter notre dévolu sur une allemande perfectionniste pour nous prendre en photo. Jamais satisfaite par le résultat, elle s’y est reprise à 3 fois pendant que son mari tentait de chasser les autres touristes qui entraient dans le champ de vision. Vers une heure, le site se vide gentiment et nous nous distrayons un moment en contemplant un groupe d’hexagonaux de concours qui se donnent en spectacle.

Volatiles agressifs

Trajet : Gollesfjord – Alta : 627 km

Le temps a décidément tourné au vinaigre mais comme nous avions prévu de faire de la route en direction du cap Nord, cela ne nous dérange pas trop. Lors d’une rare accalmie, nous décidons de quitter la voiture pour marcher jusqu’au rivage.

Cependant, il nous a fallu battre en retraite, attaqués par des oiseaux qui devaient penser que l’on s’approchait trop de leur nids. Les volatiles on commencé à crier, puis ils ont plongé vers nos têtes pour y passer à une 50-aine de centimètres. Florent voulant filmer la scène, j’ai du retourner faire le sacrifice humain, ce qui a on-ne-peut-mieux marché. Joli bout de film, et j’ai encore tout mon cuir chevelu, alors que demande le peuple? Lors d’une seconde halte à l’entrée du Finnmark, ce sont les moustiques qui ont décidé de s’en prendre à nos pauvres personnes, nous souhaitant ainsi la bienvenue sur les terres du Grand Nord.

Bonne nouvelle vers la fin de la journée : le temps commence à s’arranger et le soleil revient sur le devant de la scène. On s’arrête à Alta pour la nuit, et pour changer du régime riz-pâtes-riz-pâtes, nous avons décidé d’aller au restaurant pour manger quelque chose de typiquement norvégien. Mais dans le centre-ville aussi déprimant qu’une transformée de Laplace inverse, nous n’avons trouvé qu’une pizzeria d’ouverte et (au cas où d’aucuns en douteraient) nous sommes en mesure d’affirmer que les Norvégiens ne savent pas faire les pizzas!

Paradis mouillé!

Trajet : Å – Gollesfjord : 283 km

Au matin, les deux tentes sont encore debout. Nous profitons d’une pause entre 2 averses pour plier les tentes et partir à la visite de Å, bien vite interrompus par une nouvelle averse. Ce schéma se poursuit toute la journée et il nous faut viser pour être à l’extérieur lors des accalmies et conduire pendant les averses, ce qui — bien sûr — ne marche pas toujours. Nous n’avons donc pas pu apprécier le “paradis Lofoten” à sa juste valeur. Manquait par exemple la couleur turquoise des eaux due à la blancheur du sable, vu que le soleil était aux abonnés absents. Toutefois, nous avons pu admirer la beauté du paysage : pics enneigés dont les flancs tombent droit dans la mer, végétation luxuriante faite d’une explosion de verts (pas étonnant vu le climat!) et village de pêcheurs aux maisons rouges ou ocre perchées sur pilotis au fond des fjords.

En fin de journée, nous arrivons au bout des îles Lofoten et nous prenons un Ferry pour une courte traversée vers les îles Vesterålen qui, étant reliées à la terre par un pont, nous permettront de rejoindre la Norvège continentale. Nous nous arrêtons pour camper à Gollesfjord, bien vite rebaptisé Gollumfjord en raison de l’humidité régnante.

La mer n’était pas d’huile!

Trajet : Forøy – Å : 190 km + 3 heures de ferry

Suite de la route côtière jusqu’à Bodø où notre intention est de prendre le ferry pour les îles Lofoten. Après avoir fait les courses, nous mettons notre voiture dans la file et attendons. Longtemps. Loooooooooooongtemps.

Le temps s’est beaucoup dégradé jusqu’à l’arrivée du second ferry et les 3 heures de traversée sont très mouvementées. Une épidémie de vomissement sévit autour de nous avec des gens la tête plongée dans des cornets.

Une fois arrivés, nous conduisons jusqu’au village de Å (apparemment la dernière lettre de l’alphabet norvégien : a b … x y z ø æ å : allez comprendre) et nous nous rendons à l’unique camping du bled situé sur une falaise au bord de la mer Autant dire que l’emplacement était battu par le vent et la pluie et que le montage des tentes n’a pas été une partie de plaisir. La “nuit” (quel sens donner à ce mot en plein été au nord du cercle polaire?) fut mouvementée avec des accalmies alternant avec des bourrasques de vent et de puissantes averses qui transformaient nos tentes en caisse claire!

Cercle polaire en shorts

Trajet : Kvam – Forøy : 432 km

Au matin, les moucherons avaient l’air d’avoir disparus, remplacés par des insectes volants plus volumineux, mais visiblement pas intéressés par nos personnes. La route continue dans les montagnes, et bien que la carte l’indique comme route principale, la chaussée n’était pas plus large qu’une route cantonale. Après Mosjøen, on quitte la E6 (la route principale) pour passer par la côte : virages, ponts, tunnels et Fjords s’enchaînent dans un paysage impressionnant.

N’oublions pas les 3 ferries qu’il a fallu prendre lorsque les montagnes ont rendu la construction d’une route impossible. Heureusement, un agglutinement de touristes sur le pont du ferry qui photographiaient une petite boule blanche — qui se révéla être un globe terrestre — sur la côte nous a mis la puce à l’oreille.

Apparemment, le passage du cercle polaire n’est pas lié aux mêmes coutumes que celui de l’équateur, du moins n’avons-nous pas vu le capitaine en slip d’algues et muni d’un trident débarquer sur le pont en “Neptune nordique”. Il nous a donc fallu bricoler nous même un petit rite de passage le soir venu au camping : Baignade dans la mer à une heure indue.

Minerais de cuivre et moucherons

Trajet : Røros – Kvam : 323 km

La matinée est consacrée à la visite de Røros et de l’ancienne fonderie de cuivre. Nombreuses maquettes expliquant le fonctionnement de la mine. On s’en doutait un peu, mais l’Homme n’a pas attendu les ingénieurs EPF (hum hum) pour avoir de bonnes idées, comme le prouvent ces admirables reproductions des techniques utilisées à l’époque. Nous nous rendons ensuite dans la mine de cuivre proprement dite, qui se trouve à 13 kilomètre de la ville. A l’intérieur, il fait 5°C et humide, ce qui n’est pas pour plaire à Daniel et Florent qui sont en shorts. Ils ont bien apprécié la halte dans l’ancien local de pause chauffé des mineurs.

Nous continuons ensuite notre chemin vers le Nord et nous nous arrêtons vers le début de soirée dans le petit village de Kvam (Un Motel-camping, une église, un supermarché et 3 fermes et un étrange monument à l’orée de la forêt) situé au bord d’un lac. La proximité de l’eau est charmante mais nous fait craindre une attaque de moustiques. Nous nous enduisons donc dûment d’anti-moustique qui, s’il s’avère efficace contre les vampires sopranos, ne montre aucune efficacité envers les minuscules moucherons qui s’agglutinent autour de nous par kilos entiers. Le seul remède semblant être la mobilité continue, nous voilà forcés de manger debout et d’effectuer continuellement des mouvements aléatoires autour de notre campement.