Trajet : Cap nord – Olderfjord : 127 km
En admettant que le Cap nord fasse bien partie de l’Europe continentale, vous serez surpris d’apprendre (nous l’avons été aussi) que le site n’est en fait pas, avec ses 71° 10′ 21” N le point le plus au nord de l’Europe. Il existe une pointe nommée Knivskjellodden située juste à côté et qui s’avance de 71° 11′ 08”, soit 47” plus au Nord. Bien sûr, l’existence de cette pointe est savamment cachée au visitor center, mais grâce au Lonely Planet, on apprend qu’un sentier de 9 km nous y amène et l’on décide donc de s’y lancer.
Mais d’abord on écrit nos cartes postales et les glissons dans les (très nombreuses) boîtes-aux-lettres du site, de façon à ce qu’elles soient tamponnées du cachet postal du Cap Nord. Ah oui : nous assistons aussi à la projection du “super-vidéographe”. Sans commentaire, mais rien que le nom fait déjà rire…
Or donc, après un léger picnique, nous voici partis pour les 18 km qui nous mèneront au bout de l’Europe et retour. Le sentier serpente dans un étonnant paysage de toundra et dans une solitude et un silence total, agréable changement par rapport à hier soir.
A l’extrémité, un journal pour laisser son nom pour la prospérité. Nous profitons de la halte à la pointe pour nous relancer dans des considérations géométriques : Etant donné les 47” de latitude séparant le Cap Nord de Knivskjellodden, quelle distance cela fait-il à la surface de la terre? (réponse : 1450 m et heureusement que Daniel avait son Natel pour la calculatrice!) De retour à la voiture nous commençons notre descente vers le sud, avant de tomber sur une embuscade de rennes : alignés sur la route et nous faisant face, ils n’avaient pas l’air de vouloir s’écarter… On décide de cuisiner un peu plus perfectionné ce soir, mais il s’avère difficile de bien réussir la sauce au poivre sans fouet. Ce fût malgré tout fort bon!
Les fins de semaines scandinaves sont bien animées dit-on. On a pu le tester une première fois à Røros, et nous pourrions faire une deuxième expérience ce soir. Le problème, c’est que nous somme en pleine cambrousse lapone, littéralement au milieu de nulle part, hors d’atteinte de la civilisation. Toutefois, on tombe par hasard sur un pub isolé dans lequel on décide de se risquer. Les clients sont apparemment amené sur place depuis la campagne environnante par un minibus dont le chauffeur ne semblait pas très sobre.
A l’intérieur, chouette ambiance bougies avec représentation d’un peu toutes les classes d’âges. Après s’être équipés de bières, nous observons attentivement ce qu’il se passe autour de nous. Ah! tiens, on dirait que l’idiot du village arrive avec son T-shirt « Me Myself and I » qui a l’air de plaire (le T-shirt donc!) à la quadragénaire anglo-norvégienne qui nous a vanté les valeurs sentimentales des cailloux norvégiens il y a quelques instants.
Ce dernier a vite fait de nous sortir les deux seuls mots d’anglais qu’il connaît : « big boobs ». On arrive à décoder de son charabia qu’il veut nous emmener dans une tente lapone remplie de femmes aux big boobs et d’aquavit (alcool de patate)… c’est ça!
Le groupe des aînés semble ensuite s’intéresser à nous et l’institutrice du village est estomaquée d’apprendre que nous ne savons pas éviscérer un poisson. Nous avons droit aux explications détaillées ainsi qu’à une proposition de stage. Ohoh, désolé madame, mais on part demain…