de l’art de se perdre dans la lave

Trajet: Laugavegur étape 5: þórsmörk-Skógar

Vue sur la vallée de þórsmörk en montant au pied du glacier Eyjafjalla

Aujourd’hui, extension du trek en direction de Skógar, au bord de la mer, en passant par un col entre les glaciers Eyjafjallajökull et Mýrdalsjökull. Pas de difficulté à signaler nous avait dit la veille le gardien de la cabane de þórsmörk, trop jeune pour être pris au sérieux. Cette étape présente plus de dénivelé que les précédentes, mais même Daniel, malgré ses cloques, décide d’être de la partie. Comme il le dit: “J’ai fait l’armée; j’ai donc appris à souffrir en silence”. De plus il veut avoir quelque chose à raconter. Il va être servi. (De plus, à posteriori, le fait qu’il soit passé par le col et ait raté quelque chose de remarquable sera le germe d’une idée tenace dans son esprit (inception?) qui reviendra régulièrement à la surface au cours du reste des vacances, mais on aura l’occasion d’en reparler!)

La montée commence dans un décor très vert et accidenté qui n’est pas sans rappeler la Réunion. Inutile donc de dire que c’est magnifique. Passée la limite de la végétation, on retrouve une ambiance plus lunaire, ainsi que — malheureusement — les nuages. Bientôt un faible crachin commence à tomber, qui ne tarde pas à se transformer en une pluie battante et glaciale, sans parler de la purée de pois bien dense qui nous entoure. Adieu la vue sur les glaciers et le volcan fraîchement calmé.

Nous arrivons bientôt devant un mur de lave, cadeau tout frais (et par endroit encore fumant) de l’Eyjafjallajökull qui coupe le chemin de randonnée et semble difficilement franchissable, petit détail que le gardien a oublié de nous mentionner. D’après les informations de Poutine (ou plutôt son sosie français rencontré au camping le soir précédent), il y a un chemin balisé dans la coulée. Mais à en juger l’air perplexe de 2 Suisse-allemands rencontrés au pied de la coulée, cette déviation n’est pas facile à trouver, et la faible visibilité n’aide pas. A voir les nombreuses traces de pas qui partent dans toutes les directions, il y a eu plus d’un marcheur perplexe au pied de la coulée.

Matteo est le seul qui a eut le courage de faire des photos quand on était perdu dans la lave et sous la pluie battante!

Nous apercevons finalement un poteau jaune que nous identifions (à tort?) comme étant le balisage du chemin, et l’on entreprend la traversée de la lave à cet endroit. La progression est difficile et lente: les rochers sont très abrasifs et instables; il faut escalader, descendre, et sauter sans trop savoir où nous allons et combien de temps ça va durer. Nous finissons finalement la traversée et il nous faut maintenant retrouver le sentier officiel, heureusement aidé par le récepteur GPS.

Sur le glacier couvert de cendre et sous la pluie. Cabane à 1 km: enfin!

Il pleut à verse maintenant, et notre seule envie est d’atteindre la cabane la plus proche pour y manger au sec. La visibilité est tellement nulle, que l’on passe à côté sans la voir et débarquons à l’abri d’urgence situé pas très loin. Dommage que le temps soit si moche, car le décor est extraordinaire: nous devrions marcher sur la neige mais tout est recouvert d’une épaisse couche de cendre. La surface de la cendre présente une texture régulière formés d’entonnoirs de 30cm de diamètres; c’est assez particulier…

L’abri d’urgence (Baldvinsskali) est insalubre, sale et pue (=mega gruusig), mais il est tout de même agréable de pouvoir manger au sec. Les deux Suisse-allemands quant à eux, repartent vers la cabane que l’on a manquée, car ils avaient prévu d’y passer la nuit. Il est déjà 16h00 lorsque nous repartons, et il nous reste encore de nombreux kilomètres à faire avant de rejoindre Skógar. Heureusement par contre, ce n’est plus que de la descente…

Chute sur la rivière Skóga

Nous repassons assez rapidement sous la limite des nuages; le vent tombe, la pluie cesse, et la cendre laisse peu à peu la place à la végétation. Nous longeons la rivière Skóga aux nombreuses chutes, dont la dernière, Skógafoss, est particulièrement impressionnante. C’est là que se trouve le camping (un peu spartiate), et l’on est bien content d’arriver, à environ 19h15. Comble de malchance, le petit magasin d’alimentation est déjà fermé, car une kermesse pour fêter la fin de l’éruption est en préparation.

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