Miel en ours

Puno – La Paz

Nous sommes bien soulagés, au moment de monter dans le bus qui nous conduit à la Paz de constater que notre chauffeur n’est pas le type qui nous a vendu les billets, ce qui augmente grandement la probabilité d’arriver vivants. Après quelques heures de bus, nous arrivons à la frontière avec la Bolivie, qui n’a rien de commun avec les frontières désertes entre la Suisse et ses voisins européens. En plus de l’impressionnante colonne de voiture (que l’on court-circuite, n’allez pas me demander par quel passe-droit), nombre des personnes traversent la frontière à pied, sans compter les marchands vendant de la nourriture et des boissons, faisant du change, etc. Il nous faut descendre du bus, passer dans deux bureaux du côté péruviens avec nos passeport, afin d’y faire apposer les tampons ad hoc (de manière similaire à l’Europe de l’Est, les sud-américains sont friands d’uniformes, de tampons, de poinçonnage et de toute sortes de formulaires inutiles. Par exemple dans les hôtels, il faut toujours mettre sa profession, que je change chaque fois: hier à Puno, j’étais boulanger. C’est tout juste s’il ne faut pas indiquer sa taille ou son groupe sanguin). En Bolivie, il n’y a qu’un seul bureau à visiter dans lequel ce cirque se répète. Ensuite on remonte dans le bus jusqu’à Copacabana où l’on fait une courte pause à midi. On commande un burger avec une bière (Huari), et je regarde circonspect la bouteille d’un demi-litre que l’on nous amène. Je décide de n’en boire que la moitié. En effet, et rien à voir avec la bière elle même qui était très bonne, mais mon passage aux WC du bus durant le trajet ne m’a pas laissé un très bon souvenir: il n’y avait pas de lumière. En plus on doit changer de bus, et celui que l’on ne nous a montré ne me semble pas même avoir de WC, lumière ou pas. “Tu rigoles” me dit Matteo qui ne se permettrait jamais de partir avant d’avoir fini sa bière, “il y aura forcément des toilettes!”

Lorsque nous montons dans le bus, force est de constater qu’il n’y a pas la moindre trace de toilettes. Bon courage Matteo, la Paz, c’est encore assez loin. Nous nous installons et attendons le départ. Un groupe de jeunes étudiants américains sont dans le bus juste devant nous, et il ne tardent pas à sortir leur pique-nique de midi: pain toast, beurre de cacahuètes et miel en ours (i.e. Miel liquide dans une bouteille en forme d’ours): clichés quand vous nous tenez…

Après un moment, nous arrivons au détroit de Tiquina, sur le lac Titicaca qu’il s’agit de traverser en bac. Ceci donne l’occasion à Matteo d’aller aux toilettes, mais elles se trouvent de l’autre côté, et il va être contraint d’attendre encore un moment en contemplant de l’eau. Ce sera nos premiers WC publics en Bolivie, et il ne me laissent pas un souvenir impérissable! Le bus voyage sur quelques planches attachées ensemble sur lesquelles sont fixées un moteur, alors que nous, les passagers, nous prenons un petit bateau. On continue ensuite notre route en direction de la Paz.  L’américaine devant nous est malade, et je soupçonne le beurre de cacahuètes d’en être responsable, mais Matteo prétend qu’elle n’en a pas mangé. Peu avant la Paz nous nous arrêtons à une station service pour ceux voulant encore passer au petit coin, et l’américaine malade refuse de sortir. Résultat, lorsque l’on repart, elle se met à vomir. Matteo fait un commentaire sur la couleur du vomi (il est rouge-brun dit-il). Quant à moi, l’odeur me suffit, et j’évite de regarder le contenu du sachet. Nous traversons el Alto, la “banlieue” de la Paz à l’urbanisme incontrôlable (j’aurai l’occasion d’y revenir) qui se développe sur le plateau. Au bord de celui-ci, un impressionnante dépression dans laquelle se croit la Paz. A l’endroit où la route arrive en bordure du plateau et s’apprête à plonger sur la Paz, se trouve une statue de Che Guevara de 7 mètres de hauteur. Étant donné que nous sommes en Amérique du Sud, il semble logique de penser que cette statue est à l’honneur du Che et de ce qu’il représente (il est d’ailleurs entrain d’écraser un aigle: quelle subtile allégorie). Toutefois, si on avait voulu représenter le personnage comme un cinglé sanguinaire, on ne lui aurait pas mis un autre visage que celui de cette statue. A se demander si “l’artiste” n’était pas à la botte de la CIA. Nous descendons de 500 mètres avant d’arriver au centre de la ville où se trouve notre hôtel. Le soir, nous mangeons dans un restaurant à côté d’un cinéma. A noter: 1) les nombreuses photos des gloires de l’âge d’or du cinéma: Humphrey Bogart, Marlene Dietrich, Audrey Hepburn, Lauren Bacall et 2) les tourtes qui ont l’air délicieuses: nous laissons donc la place pour un dessert.

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