Nos amies les sandflies

Te Anau – Brod Bay

Première étape du Kepler track aujourd’hui. On passe d’abord au visitor center pour prendre les tickets de camping. La dame du guichet du DOC est suisse, s’appelle Günter et est originaire du même village que Florent. Ils essayent de recréer leur arbre généalogique pour retrouver le chaînon manquant.

Voiture jusqu’à Rainbow Reach puis 15 km de marche à travers une forêt luxuriante. Le sentier suit une rivière qui servit de cadre à Peter Jackson pour filmer les scènes de LOTR durant lesquelles la communauté navigue sur la rivière Anduin. On espère juste que les équipes de tournage ont bien enlevé tous les orcs une fois les scènes tournées… Il me semble avoir vu quelque chose bouger là-bas…

Kepler track. Pic-nique lors du premier jour.

Le camping du DOC à Brod Bay est magnifique, juste à l’orée de la forêt et au bord du lac Te Anau. Les sandflies sont par contre présentes en nombre et il faut faire un copieux usage d’Anti-Brumm, ce qui les tient à peu près à distance. Le fait que nous puissions rester assis à une table impressionne fortement un groupe de touriste attendant le bateau. Tout de même, ce n’est pas gratuit, et il nous faut faire face au dilemme du randonneur en Nouvelle-Zélande : des piqûres de Sandflies maintenant ou un cancer dans 20 ans, le DEET étant supposé être cancérigène !

Pour changer du riz mexicain ou Thai tout prêt et sans goût d’Uncle Benz (bizarrement, seule la couleur change entre ces deux produits. Le goût est absolument identique : absent), nous avons acheté une préparation de riz chinoise (faite en Inde, mais ça on n’avait pas vu) qui s’avère être atrocement infecte. Il faut ajouter d’abondantes quantités de poivre en guise d’antidote pour masquer le goût, et on n’en vient donc à regretter le riz uncle Benz insipide.

Florent est dubitatif quant à l’eau disponible sur le camping, car elle provient d’une citerne. Je lui explique qu’il est assez courant même en Suisse, que les maisons ne soient pas reliées à l’eau courante dans la campagne. Par contre, à voir la couleur de l’eau qui sort du robinet, il y a tout de même un petit problème de couleur. On décide de cuire l’eau sur le feu de bois. Alors peut-être que les bactéries (si toutefois il y en avait) sont mortes, mais en plus de la couleur suspecte, notre eau a maintenant un bon goût de fumée…

Coucher de soleil depuis Brod Bay, au bord du lac Te Anau

Profil du trek

Le sud de l’île du Sud

Curio Bay – Te Anau

On poursuit notre visite des Catlins en s’arrêtant notamment à Slope Point, le point le plus au Sud de l’île du sud. Mais rien de spécial, si ce n’est un panneau et une falaise. A Waipapa point, on observe des touristes s’approcher trop près d’une otarie. Mais ces animaux sont trop tolérants, même s’ils peuvent faire des pointes de vitesse et mordre méchamment.

Slope point: le point le plus au Sud de l’île du Sud…

Arrêt à Invercargill pour des courses et un burger from hell avant de continuer vers le Nord jusqu’à Te Anau. Après le souper, lorsque Daniel et moi faisons la vaisselle, une fille apparaît dans un magnifique pyjama une pièce au motif de vache. On en voudrait un même, mais l’apparition s’est volatilisée avant même que nous ayons pu demander où acheter une pareille œuvre d’art.

Tout semble pencher dans le même sens…

Côte sauvage ne rime pas avec solitude et calme!

Dunedin – Curio Bay

Programme du jour : visite des Catlins, mais nous nous arrêtons d’abord dans un magasin de sport, car Florent doit acheter un sac de couchage plus chaud, et Daniel une nouvelle casquette pour remplacer celle que le vent a fauché.

Tunnel Beach

Nous nous arrêtons en premier à Tunnel Beach, un plage au pied d’une falaise à laquelle on accède par un tunnel creusé dans la roche. Après quelques minutes de contemplation de la mer et des falaises dans un calme absolu, le tunnel vomit 40 adolescentes en course d’école : quel cataclysme !

Nous entamons notre visite des Catlins à Kaka point avec des arrêts à Nugget point (phare avec des otaries au pied des falaises), Jack’s blow hole (trou à 200m du rivage à travers lequel la mer se précipite), Purakaunui falls (une chute d’eau niché au cœur d’une forêt luxuriante).

Purakauni Falls

Nous finissons à Curio Bay dans un camping battu par le vent. Après avoir monté la tente, nous descendons sur la plage pour observer les yellow head pinguins qui arrivent sur la plage après une journée passée en mer à pêcher. Il fait super froid, mais ça vaut la peine d’attendre, car ces pingouins sont de sacrées pièces qui n’on rien avoir avec le modèle réduit aperçu en Australie. Sur la terre ferme, ils sont très maladroits et amusants à observer. De retour au camping, il souffle tellement qu’il est impossible de préparer notre fondue. Etant donné l’exiguïté de la cuisine du camping, nous préparons et mangeons la fondue dans la tente de Florent. J’espère que ça lui a permis de faire de beaux rêves pleins de fromage !

Albatros, vastes oiseaux des mers

Omarama – Dunedin

Il a plu toute la nuit et il pleut encore quand nous plions les tentes. Le temps s’améliore lorsque nous nous dirigeons vers la côte. Nous atteignons Dunedin vers midi et nous faisons un tour dans le centre-ville assez petit. Après avoir monté les tentes dans un camping au bord de la mer, nous partons explorer la péninsule Otago.

Extrémité de la péninsule Otago

Nous nous rendons tout à la pointe, mais l’accès n’est possible que via le centre de l’Albatros, et l’entrée n’est pas donnée. Même sans faire la visite, il faut payer $5 pour entrer dans le bâtiment et aller au café. Nous sommes cependant assez chanceux pour voir les albatros voler depuis le parking, ce qui n’est semble-t-il pas si fréquent. Ces bêtes ont vraiment une envergure assez impressionnante. Ahhhhh, l’albatros:

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire, éternel dépressif.

Et pour faire écho à ce poème français, voici un poème néo-zélandais trouvé sur une brique de lait (véridique!):
Little feet running
Lunch boxes packed
Scramble for the door
Another day just begun.

Je ne pense pas que son auteur soit promis à une grande carrière dans la poésie, mais sait-on jamais…

Péninsule Otago, proche de Dunedin

Nous nous rendons ensuite à Sandfly bay, qui est bizarrement exempt des monstres éponymes. Il y a par contre des « Sea Lions » sur la plage qui paressent au soleil.Le soir venu, nous allons manger à Dunedin, et profitons du wireless pour s’instruire sur la différence entre seals, sea lions and sea elephants. C’est une question d’oreilles que les sea lions (otaries) ont petites (on en déduit que les phoques n’en ont pas).

Que de vent!

Fairlie – Hooker Valley – Omarama

Lac Tekapo, en route pour le mont Cook
Vue sur le mont Cook depuis la Hooker Valley

Direction le Mt Cook aujourd’hui, via le lac Tekapo au milieu des lupins. Bien visible depuis la route, le Mt Cook garde son sommet caché dans les nuages. On a tout de même l’occasion de le voir complètement pendant un moment. Une fois arrivés dans le parc national, nous nous décidons pour l’option la plus courte et la plus facile en raison du mauvais temps qui s’annonce : la ballade dans la Hooker Valley. Petit moment de panique avant de partir lorsque l’on s’aperçoit que la clé de la voiture se trouve dans le coffre fermé.

Heureusement que la voiture elle-même était encore ouverte !  Le vent souffle à décorner les bœufs, et sur le second pont suspendu, la casquette de Daniel s’envole, passe par dessus la rivière et atterrit dans des buissons. Malgré des recherches intensives, elle reste portée disparue. Il est aussi nécessaire de trouver un gros rocher derrière lequel s’arrêter pour le pique-nique.

Hooker lake

Le retour est plus facile vu que l’on a le vent dans le dos. Une fois de retour à la voiture, on poursuit jusqu’à Omarama où l’on s’arrête pour la nuit. Le pluie commence à tomber dans la soirée, ce qui se révélera fatal à la télécommande de la voiture : il est 23h00 et le camping est déjà endormi, vu la grande proportion de retraités qui l’occupent. Lorsque Florent veut verrouiller la voiture avant d’aller dormir et qu’il appuie sur la télécommande avec son doigt mouillé, la voiture se transforme en un sapin de Noël clignotant et klaxonnant. Évidement, son esprit d’ingénieur le pousse à répéter l’expérience pour voir s’il s’agissait là d’un bug isolé ou d’un vrai problème. C’est un vrai problème, et on va arrêter les expériences avant de se faire assassiner par les retraités du camping dont on aurait perturbé le sommeil. Heureusement les kiwis sont tolérants et nos tentes ignifugées.

Christchurch

Amberley Beach – Fairlie

Florent arrive à 10h30 à l’aéroport de Christchurch et nous allons le chercher. Le processus d’immigration est visiblement moins efficace qu’à Auckland, et l’attente commence à durer. Mais au moins, on peut aller boire un café au contraire du type avec son panneau « famille trucmuch » qui lui est contraint de rester debout sans bouger d’un iota tout en gardant une expression très professionnelle composée d’un mélange de sérieux et d’abnégation.

Quand Florent émerge enfin, nous nous dirigeons vers le centre de Christchurch. La visite se limite au jardin botanique, puisque le centre ville est encore largement inaccessible suite au tremblement de terre. Dans l’après-midi, nous partons en direction du mont Cook. La route est d’abord droite et ennuyeuse, mais bifurque ensuite vers les montagnes, et le volant de la voiture commence à servir à quelque chose. On s’arrête pour la nuit à Fairlie.

Hot springs et sandflies

Marahau – Amberley Beach

Route au menu aujourd’hui pour aller en direction de Christchurch. On a le choix entre la route de la côte ou de la montagne. Après plusieurs jours le long de la mer, on opte pour la montagne et ses routes en zigzag.

Entre Hanmer Springs et la côte (Christchurch)

On s’arrête à Maruia hot springs pour le repas de midi et un bain dans les sources thermales. Il y a des sandflies, et vu que nous sommes immergés, notre tête est la seule cible. Nous craignons qu’à cause des nombreuses piqûres notre tête ressemble à une framboise, et que Florent, que l’on va chercher demain à l’aéroport, ne nous reconnaisse pas.

On s’arrête un peu avant Christchurch sur un terrain de camping en bord de mer, et on prend l’apéro sur une table au bord de la plage, laquelle semble aussi servir de piste de Quad, et de temps en temps, quelques buggies passent en bondissant sous notre nez.

Apéro à Amberley Beach

Pour accompagner les pâtes, on boit le reste de vin clarifié aux œufs, resté ouvert 4 jours dans le coffre, et qui semble même s’être amélioré.

En bateau au milieu du village

Whariwharangi – Totaranui – Marahau

Le froid de la journée précédente a passé, et il fait à nouveau beau et chaud. Daniel offre du café à nos voisins de camping style gentils hippies (pulls en Yak tricoté et autres accessoires incontournables) qui sont horrifiés par notre pain à $4.95 et nos tasses en métal, même s’ils avouent que leurs tasses en plastique ont tendance à donner à leurs céréales du matin le goût de noodle soup de la veille… Miam !

Plage de Totaranui

Nous nous mettons en route pour rejoindre Totaranui où nous étions hier à midi, afin de prendre le bateau taxi. Mais cette fois nous passons par l’intérieur des terres, et Gibbs Hill. Nous attendons notre transport sur une plage de carte postale : sable jaune, mer bleue et ciel sans nuage. C’est l’occasion ou jamais de tester l’eau. Il nous faut un peu de courage, mais voilà, nous sommes dans l’eau… et bien vite dehors !

Notre bateau arrive et nous ramène à Marahau. A l’arrivée le bateau navigue jusqu’à une remorque attachée à un tracteur, et le skipper se transforme en chauffeur : nous continuons notre trajet à travers le village, et toujours sur le bateau. Nous avons tout de même pu enlever le gilet de sauvetage. Bizarre que l’on ne nous ait pas donné un casque !

On the boat in the middle of the village…

Nous allons souper dans le seul petit restaurant du lieu, dans lequel Daniel avait sorti son petit lapsus. Sans surprise, ils se souviennent de nous…

Profil du trek

La forme optimale du phoque

Awaroa – Whariwharangi

Abel Tasman

Lever à 6h00 aujourd’hui, car il faut traverser l’estuaire d’Awaroa, ce qui ne peut se faire qu’à marée basse. La rivière qui coule dans l’estuaire a une eau glaciale, et provoque quelques danses de guerre islandaises. Un éboulement ayant rendu une partie du sentier impraticable, nous devons rejoindre Totaranui par une piste non-goudronnée. Il commence à pleuvoir, mais cela s’arrête lorsque nous rejoignons à nouveau le sentier.

Phoque à Separation point

Nous faisons un petit détour par Separation Point afin d’observer la colonie de phoques qui y vit. Même s’il n’y a qu’une dizaine d’individus, on peut bien les sentir, et l’expression « ça sent le phoque » prend tout son sens. Il est assez intéressant de constater que le corps du phoque n’a pas une forme bien définie, mais qu’il s’agit d’une sorte de tube déformable. Daniel soutient que c’est une forme adaptée à l’économie d’énergie. Si c’est le cas, le phoque est peut-être en pleine évolution morphologique et dans quelques centaines de milliers d’années, nous verrons des phoques sphériques, vu que ce serait là la forme la plus adaptée, maximisant le ratio volume sur surface !

What is the optimal shape of a seal?
entre Separation Point et Whariwharangi

Nous continuons ensuite vers Whariwharangi où nous campons. La plage est énorme, sauvage et complètement déserte, mais il fait vraiment trop froid pour se baigner. Nous nous installons au pied le la falaise en granit pour être un peu protégé du vent, et nous constatons que la roche est très friable : un bâton en bois permet d’en enlever des morceaux.

A marée haute, il faut viser entre les vagues…

Daniel veut écrire au gouvernement pour les prévenir que le pays n’est pas construit sur des bases solides… du moins géologiquement parlant. Peut-être pourrait-on les prévenir du même coup sur la qualité médiocre de la biscuiterie locale (la pâtisserie, elle s’en sort par contre plutôt bien : cakes, muffins, etc.)

Profil du Trek

Une biscuiterie qui laisse à désirer…

Torrent Bay Village – Awaroa

Pont suspendu sur Falls River
Pont suspendu sur Falls River

Au petit-déjeuner, on mange la seule sorte de kiwi qu’il est légal d’ingérer en Nouvelle-Zélande: le fruit aux trop nombreuses graines. Deux mouettes imbéciles nous regardent manger et semblent dédaigner les pelures de kiwi. Ensuite, en route pour l’étape du jour, entre Torrent Bay Village et Awaroa. A nouveau, il fait grand beau, voire même un peu trop chaud dans les montées. Même s’il serait l’heure d’une petite pause, nous ne nous arrêtons pas à sandfly bay, vu le nom peut accueillant, et de toute façon, ce ne sont pas les petites baies et plages qui manquent.

Kiwi degustation guide

Après 20km de marche, nous arrivons au camping assez spacieux et encore totalement vide. Nous avons tout loisir pour choisir l’emplacement parfait qui nous permettra de bénéficier du soleil le plus longtemps possible. Ce n’est qu’une fois la tente montée que nous réalisons notre petite erreur : nous sommes dans l’hémisphère Sud, et le soleil est donc au Nord… Oooops ! Survient ensuite un couple d’allemand qui a l’air passablement épuisé. Malgré le camping totalement vide, ils décident de planter leur tente juste à côté de nous. C’est peut-être par ce que l’on a l’air sympathique dis-je à Daniel, lequel doute de ma théorie.

I think our tent is magnetic

Nous ouvrons un nouveau paquet de biscuit que Daniel a choisi au super-marché : une sorte de petit-beurre avec un fourrage au citron. Cela s’avère être un truc infâme avec du sel (est-ce un apéro ou un dessert ? Dans le doute, nous appelons cette chose « Apessert ») qui s’ajoute à ma longue liste de biscuits immangeables dont les kiwis semblent friands (la palme d’or revient aux biscuits Arnott’s Timtam chocolat noir et menthe qui ont fini dans ma poubelle). Les cookies sont les seuls biscuits vendus en nouvelle-zélande qui sont sans danger pour la santé physique et mentale du consommateur. Nous aurions dû téléphoner à Florent qui doit nos rejoindre dans quelques jours pour qu’il charge son sac de biscuits Kambly.

Profil du Trek