Paradis mouillé!

Trajet : Å – Gollesfjord : 283 km

Au matin, les deux tentes sont encore debout. Nous profitons d’une pause entre 2 averses pour plier les tentes et partir à la visite de Å, bien vite interrompus par une nouvelle averse. Ce schéma se poursuit toute la journée et il nous faut viser pour être à l’extérieur lors des accalmies et conduire pendant les averses, ce qui — bien sûr — ne marche pas toujours. Nous n’avons donc pas pu apprécier le “paradis Lofoten” à sa juste valeur. Manquait par exemple la couleur turquoise des eaux due à la blancheur du sable, vu que le soleil était aux abonnés absents. Toutefois, nous avons pu admirer la beauté du paysage : pics enneigés dont les flancs tombent droit dans la mer, végétation luxuriante faite d’une explosion de verts (pas étonnant vu le climat!) et village de pêcheurs aux maisons rouges ou ocre perchées sur pilotis au fond des fjords.

En fin de journée, nous arrivons au bout des îles Lofoten et nous prenons un Ferry pour une courte traversée vers les îles Vesterålen qui, étant reliées à la terre par un pont, nous permettront de rejoindre la Norvège continentale. Nous nous arrêtons pour camper à Gollesfjord, bien vite rebaptisé Gollumfjord en raison de l’humidité régnante.

La mer n’était pas d’huile!

Trajet : Forøy – Å : 190 km + 3 heures de ferry

Suite de la route côtière jusqu’à Bodø où notre intention est de prendre le ferry pour les îles Lofoten. Après avoir fait les courses, nous mettons notre voiture dans la file et attendons. Longtemps. Loooooooooooongtemps.

Le temps s’est beaucoup dégradé jusqu’à l’arrivée du second ferry et les 3 heures de traversée sont très mouvementées. Une épidémie de vomissement sévit autour de nous avec des gens la tête plongée dans des cornets.

Une fois arrivés, nous conduisons jusqu’au village de Å (apparemment la dernière lettre de l’alphabet norvégien : a b … x y z ø æ å : allez comprendre) et nous nous rendons à l’unique camping du bled situé sur une falaise au bord de la mer Autant dire que l’emplacement était battu par le vent et la pluie et que le montage des tentes n’a pas été une partie de plaisir. La “nuit” (quel sens donner à ce mot en plein été au nord du cercle polaire?) fut mouvementée avec des accalmies alternant avec des bourrasques de vent et de puissantes averses qui transformaient nos tentes en caisse claire!

Cercle polaire en shorts

Trajet : Kvam – Forøy : 432 km

Au matin, les moucherons avaient l’air d’avoir disparus, remplacés par des insectes volants plus volumineux, mais visiblement pas intéressés par nos personnes. La route continue dans les montagnes, et bien que la carte l’indique comme route principale, la chaussée n’était pas plus large qu’une route cantonale. Après Mosjøen, on quitte la E6 (la route principale) pour passer par la côte : virages, ponts, tunnels et Fjords s’enchaînent dans un paysage impressionnant.

N’oublions pas les 3 ferries qu’il a fallu prendre lorsque les montagnes ont rendu la construction d’une route impossible. Heureusement, un agglutinement de touristes sur le pont du ferry qui photographiaient une petite boule blanche — qui se révéla être un globe terrestre — sur la côte nous a mis la puce à l’oreille.

Apparemment, le passage du cercle polaire n’est pas lié aux mêmes coutumes que celui de l’équateur, du moins n’avons-nous pas vu le capitaine en slip d’algues et muni d’un trident débarquer sur le pont en “Neptune nordique”. Il nous a donc fallu bricoler nous même un petit rite de passage le soir venu au camping : Baignade dans la mer à une heure indue.

Minerais de cuivre et moucherons

Trajet : Røros – Kvam : 323 km

La matinée est consacrée à la visite de Røros et de l’ancienne fonderie de cuivre. Nombreuses maquettes expliquant le fonctionnement de la mine. On s’en doutait un peu, mais l’Homme n’a pas attendu les ingénieurs EPF (hum hum) pour avoir de bonnes idées, comme le prouvent ces admirables reproductions des techniques utilisées à l’époque. Nous nous rendons ensuite dans la mine de cuivre proprement dite, qui se trouve à 13 kilomètre de la ville. A l’intérieur, il fait 5°C et humide, ce qui n’est pas pour plaire à Daniel et Florent qui sont en shorts. Ils ont bien apprécié la halte dans l’ancien local de pause chauffé des mineurs.

Nous continuons ensuite notre chemin vers le Nord et nous nous arrêtons vers le début de soirée dans le petit village de Kvam (Un Motel-camping, une église, un supermarché et 3 fermes et un étrange monument à l’orée de la forêt) situé au bord d’un lac. La proximité de l’eau est charmante mais nous fait craindre une attaque de moustiques. Nous nous enduisons donc dûment d’anti-moustique qui, s’il s’avère efficace contre les vampires sopranos, ne montre aucune efficacité envers les minuscules moucherons qui s’agglutinent autour de nous par kilos entiers. Le seul remède semblant être la mobilité continue, nous voilà forcés de manger debout et d’effectuer continuellement des mouvements aléatoires autour de notre campement.

Tremplins olympiques

Trajet : Brumunddal – Røros : 331 km

Visite de Lillehammer le matin. Nous allons admirer la vue du haut des tremplins olympiques : un long escalier et un soleil de plomb nous attendent! Il y avait bien un télésiège, mais sa vitesse ainsi que son prix étaient décourageants.

On poursuit ensuite notre chemin sur une route sinueuse pour finalement arriver à Røros, une ancienne ville minière. Le soir, inauguration de notre réchaud à essence (pas d’explosion à signaler), ainsi que des samedis soirs norvégiens (Explosion de vin à signaler sur nos pantalons, mais on y est pour rien!).

Arrivée à Oslo

Trajet : Gardermoen (Aéroport) – Brumunddal : 124 km

Nous débarquons à 22h00 à Oslo, pourtant on dirait qu’il est 18h00 tant il fait encore jour. La voiture de location est un véritable contraste par rapport à celle d’Australie : Immatriculée en Juin, elle n’a que 4700 km au compteur, un coffre digne de ce nom, et, bien sûr, pas de trous dans la carrosserie.

Évidemment, comme il fait encore jour, nous décidons de faire quelques kilomètres en direction de Lillehammer après avoir mis quelques minutes à comprendre comment marchait l’ouverture du coffre. Il est environ 24h30 lorsque nous arrivons à un camping dont la réception était naturellement déjà fermée. Toutefois, un panneau nous enjoignait de s’adresser à la maison voisine en cas d’absence à la réception. C’est ce que nous fîmes, tirant apparemment la gérante de son sommeil, mais cette dernière n’a pas eu l’air de s’en formaliser outre mesure.

Un long voyage (bis)

Réveil à 6h15. Florent et moi prenons congé de Matteo qui prend un autre vol et ne part que le lendemain. Premier vol jusqu’à Tokyo-Narita que l’on atteint en fin de soirée. Le vol pour Zurich ne partant que le lendemain matin, Japan Airlines nous offre une nuit d’hôtel. Nous débarquons donc dans l’établissement au lobby tout en marbre. Oh oh!, voici un backpacker de luxe, et en plus, on ne paye rien. La chambre se révèle à la hauteur du lobby. Il y a des pantoufles, et des toilettes électroniques qui nous douchent le postérieur lorsque l’on a fini. Évidemment, nous nous sentons obligés de tester toutes les fonctionnalités des toilettes, y compris, bien sûr, l’ajustement de la pression du jet.

Après le souper, nous nous rendons au sommet de l’hôtel où se trouvent le sushi bar (beurk, et de toute façon, n’ayant pas de cravate, nous n’aurions pas pu imiter Johnny English) et le Skybar, qui nous permet – comme nous l’explique la publicité – “de se relaxer tout en contemplant les magnifiques illuminations de l’aéroport”. On est assis à un bar en acajou, face à une immense baie vitrée, confortablement installés dans des fauteuils de cuir moelleux. Évidemment, le prix de la Sapporo (bière japonaise, reconnue par le dictionnaire de Word), est en relation avec le décor!

Le lendemain, départ vers Zurich. L’aéroport est bondé, et il nous faut environ 45 minutes pour passer la douane. Dans l’avion, on a l’honneur d’assister à la projection de Torque, le 3ème sous-sol du cinéma américain.

6’000’000 de rivets

Le matin, visite de la ville. Vu les kilomètres parcourus la veille, Florent et moi insistons pour prendre le métro. Le réseau n’est pas très efficace, et on aurait été aussi vite à pied, mais au moins on a pas eu à marcher (pour l’instant). On commence par traverser le pont de Sydney à pied, en s’arrêtant au petit musée/point de vue situé dans l’un des piliers. Outre la magnifique vue sur la baie et l’opéra, l’expo fourmille de photos et d’infos sur la construction de cet ouvrage inauguré en 1933. Il aura notamment fallu environ 6 millions de rivets pour faire tenir l’ensemble. La balade continue ensuite dans le quartier de “The Rocks”, le vieux quartier de Sydney. Ensuite, nous remontons George Street à pied, ce qui a un sérieux air de déjà vu pour Florent et moi. Notre objectif : le marché dont Matteo nous a inlassablement vanté les mérites durant ces 4 semaines. Comme disait Henri Dès : “Au marché, au marché, tu peux tu peux tout trouver”. Notre but étant bien sûr de ramener quelques souvenirs d’Australie. Mais une fois à l’intérieur, on se croirait transporté en Asie : les produits vendus (et les vendeurs aussi d’ailleurs) sont plutôt made in China et made in Taiwan que de véritables souvenirs australiens. Après des fouilles approfondies dans les allées compactes, je parviens à trouver, selon les désirs de ma soeur, un kangourou en peluche, et made in Australia qui plus est!

En fin d’après-midi, retour au backpacker pour préparer les bagages. Cette fois les vacances ont un petit arrière goût de terminé. Et pour le dernier souper, on goûte du Kangourou, qui se révèle avoir une saveur assez proche de celle du gibier.

Largage de la poubelle

Trajet : Kempsey-Sydney : 450 km

Démontage des tentes pour la X-ème (mais cette fois dernière) fois et en voiture s’il vous plaît direction Sydney que nous atteignons dans le courant de l’après-midi. Le fait que l’on arrive du Nord nous permet de passer sur le fameux Sydney Harbour Bridge, alias le “cintre”. Nous nous dirigeons ensuite vers King Cross, le quartier de la perdition (celui des backpackers), et par chance, nous en trouvons un qui a l’air correct (entendons-nous, ça reste un backpacker…)

Une fois tous les bagages sortis de notre limousine, nous nous mettons en quête d’un car wash pour redonner ses 20 ans à notre chère voiture. Hé hé, car nous avons découvert entre-temps que la voiture soit disant du début des années 90 avait été fabriquée en… 1983. Presque aussi vieille que nous la Gertrude! Trouver un car wash n’est pas très simple en plein centre ville, mais après bien des errances, nous arrivons à amener la voiture propre à l’agence de location suspecte juste quelques minutes avant la fermeture. Nous étions sensés la rendre le lendemain, mais de cette façon on s’en débarrassait plus vite sans avoir à payer un parking pour la nuit.

Le soir, nous nous rendons au centre ville à pied. Finalement, après 10 “minutes de Matteo” (environ 20 minutes réelles), nous arrivons devant le bar où Matteo voulait nous emmener prendre l’apéro. Un coup d’oeil à la tenue des gens qui sont à l’intérieur et au nom du bar (l’Establishment), me fait douter de la possibilité d’entrer dans notre tenue : pas de chemise ni cravate. Le gorille ne nous laisse même pas approcher de la porte à la plus grande surprise de Matteo, qui tente de nous expliquer qu’avant ils laissaient entrer tout le monde… Nous trouvons donc un autre bar plus adapté à notre tenue décontractée, puis nous allons manger dans un restaurant Italien aux toilettes particulières. En effet, il fallait traverser une galerie d’art pour atteindre l’endroit en question, le restaurant ne disposant pas de ses propres installations sanitaires, et ayant probablement conclu un arrangement avec la galerie voisine. La soirée se poursuit dans un pub tout proche, et bientôt Matteo se sent fatigué et désire rentrer. Nous le laissons partir, pensant pouvoir retrouver notre chemin sans problème : suivre George Street puis tourner à gauche dans Park Street, c’est ce que nos cerveaux alertes avaient enregistré lorsque nous avions suivi Matteo qui nous avait conduits jusqu’ici. Seulement nous ne savions pas que les rues (certaines en tout cas) changent de nom lorsqu’elles croisent George Street (probablement un truc du genre “on ne croise pas le roi” comme à Adelaide), et ainsi Park Street se transforme donc en Druitt Street lorsqu’elle croise ce bon vieux George (Smiley ?). Et ce qui devait arriver arriva : on lisait les panneaux du mauvais côté de la rue et Park Street nous est passée sous le nez, “Damned”!

Le paradis du béton

Trajet : Miami-Kempsey : 451 km

Le matin est consacré à la visite de Surfers’ Paradise, histoire de voir de quoi ça a l’air, le paradis des surfeurs. Mouais, drôle d’Eden : urbanisation sauvage, front de mer bétonné, et hauts immeubles font passer les pires endroits de la côte d’Azur pour un coin de campagne! Les magasins de souvenirs et de sport se suivent à perte de vue. Bilabong, Quicksilver et Cie ont pignon sur rue.

Dans l’après-midi, on reprend la route jusqu’à Kempsey, à 450 km de Sydney. Le monsieur à la réception du camping a un pull polaire avec sur la poitrine un Cervin brodé surmonté d’un drapeau suisse. Nous lui demandons naturellement s’il est déjà allé en Suisse, et voilà-t-il pas qu’il commence à nous causer en Suisse-Allemand : sa femme est outre-sarinnoise, et visiblement bon professeur de langue aussi… Nous profitons pleinement de notre dernière nuit de camping puisque dès demain à Sydney, il va falloir se remettre aux backpackers, et qui sait sur quel genre de porcherie nous allons encore tomber!