Passage intérieur

Le passage intérieur. Ceci n’a rien à voir avec un processus philosophique de recherche intérieure à la poursuite de son “moi” profond, mais il s’agit simplement d’une route maritime reliant Port Hardy à Prince Rupert à travers un dédale d’îles et d’îlot. Il s’agirait (selon un guide édité au Canada, précisons) d’une des plus belles routes maritimes du monde.

Spirou et Matteo sur le Ferry entre Port Hardy et Prince Rupert

Nous nous levons à 5 heures du matin, car le ferry part à 7h30, et il faut être sur place 2 heures avant le départ. Avant d’embarquer, nos cartes d’identité sont contrôlées scrupuleusement 2 fois. En regardant les monstruosités qui voyagent avec nous, nous constatons que notre mini-van est bel et bien un véhicule sous-dimensionné (profitant donc d’un tarif avantageux). Il semblerait que certains n’arrivent pas à choisir entre partir en vacances et rester à la maison. Ils partent donc en vacances avec leur maison, et apprennent à leur dépends qu’il est extrêmement difficile de faire entrer une maison en marche arrière sur un ferry.

Florent et Daniel sur le ferry du passage intérieur

Nous voici donc partis pour 15 heures de voyage et environ 300 km à travers un paysage grandiose. Le temps est couvert en début de journée mais se dégage ensuite, et c’est un soleil radieux qui nous accompagne tout au long de l’après-midi pour les plus belles parties de l’itinéraire. Nous apercevons quelques baleines et phoques, ainsi qu’un nombre incalculable de sapins. A 22h30, nous arrivons à Prince Rupert et pouvons apprécier la maîtrise du capitaine qui vient loger l’énorme ferry dans un espace à peine plus large que le bateau.

Après le débarquement, c’est la ruée dans l’unique camping. Pas trop de problème pour nous et nos petites tentes, mais il est clair qu’il n’y aura pas la possibilité de placer tous les monstres. Nous quittons discrètement la réception avant que la situation ne dégénère et allons planter nos tentes.

Quai de débarquement du ferry du passage intérieur

Imperméabilisé à outrance

Joli spécimen d’aigle à tête blanche

Oh! le soleil est toujours là au lever. Le record d’Ecosse est déjà battu! Après le déjeuner, nous partons dans le parc de pacific rim. Une première balade nous emmène à travers la forêt pluvieuse tempérée très luxuriante (avec les mètres de pluie annuels, ce n’est pas étonnant). Manque de chance, nous n’apercevons aucune “limace banane” de 120g qui peuplent la forêt. La seconde promenade nous mène sur une plage et me donne l’occasion de tremper les pieds dans l’eau. On n’y tremperait d’ailleurs pas plus que les pieds! Brrrr! Vers midi, après avoir pu observer 2 aigles à tête blanche, nous nous mettons en route pour Port Hardy, à l’extrémité Nord de l’île, d’où nous devons prendre le ferry le lendemain matin.

Pique-nique sur l’île de Vancouver

Pic-nique au bord d’une rivière sous les yeux avides d’un corbeau d’une taille fort respectable qui s’est rué sur nos miettes à peine avons-nous levé le siège. La route traverse de nombreuse forêts, et nous constatons que lorsqu’ils pratiquent l’exploitation forestière, les Canadiens n’y vont pas de main morte. On aperçoit un ours au bord de la route avant d’arriver au camping. Le camping est très joli, au centre d’une forêt à la végétation luxuriante, mais la gérante et son fils sont un peu inquiétants. On se croirait au milieu d’un roman de Stephen King.

Camping de Port Hardy: propriétaires inquiétants, mais joli emplacement!

Le nouveau pulvérisateur que Spirou avait acheté pour y transvaser son précieux imperméabilisant a quelque peu fui, et certaines affaires, dont le sac de couchage de Florent, sont prêts à affronter le déluge!

Undersized Vehicle

Sacrilège! Le pulvérisateur du spray imperméabilisant que Spirou a acheté à prix d’or ne fonctionne pas, et son propriétaire ne semble pas convaincu de notre proposition d’organiser une séance de McGyverisme le soir au camping pour réparer le magnifique objet.

Le ferry reliant le continent à l’île de Vancouver
Wild pacific trail à Ucluelet

Nous partons pour l’île de Vancouver par un temps résolument maussade. Nous avons assez de chance avec le ferry, puisque nous n’attendons presque pas avant de pouvoir le prendre. De plus, étant en Amérique du Nord, on ne s’étonnera pas que notre minivan “Grand Caravan” de 5 mètres de long entre
dans la catégorie des véhicules “undersized”. Au milieu de la traversée, une brume épaisse entoure le ferry, probable prémisse de l’apparition du Hollandais volant, que le capitaine du ferry tente de faire fuir à grands coups de corne de brume. A l’arrivée sur l’île le temps s’améliore et nous partons en direction de la côte ouest de l’île et le parc de Pacific Rim.

A l’arrivée au camping d’Ucluelet (ou de Ukulélé, c’est plus simple à prononcer), les derniers nuages ont disparu du ciel et nous partons pour une balade dans une forêt luxuriante au bord de la mer. D’un point de vue sur l’océan, nous apercevons des cétacés que notre manque de connaissances en baleinologie nous empêche d’identifier plus précisément.

Vancouver

Un bateau de croisière, probablement en route pour l’Alaska

Visite de la ville, typiquement nord-américaine et pas particulièrement jolie, mais le temps de chien ne joue pas en sa faveur. Notre voiture étant équipée d’un lecteur DVD et d’un écran LCD, on veut tester ça, mais personne n’est motivé par l’achat d’un DVD zone 1 que l’on ne pourra pas lire chez nous. On pourrait acheter un DVD à $5, mais aucun de nous n’était psychologiquement prêt à visionner du Chuck Norris, même si pour ce prix, on pouvait avoir trois films! Balade au centre ville d’abord, puis à la recherche de magasins de snowboards et de vélos (??) pour finir par visiter le Stanely park, en voiture car la pluie se met à tomber. Une journée assez tranquille finalement, mais il faut que l’on se remette du décalage horaire, qui se fait principalement sentir le soir après le repas lorsque l’on va boire une bière et que les yeux se ferment tout seul. Spirou et Florent paraissent plus en forme et décident de rester un peu plus longtemps alors que Matteo Daniel et moi partons vers une bonne nuit de sommeil bien méritée.

Nous voici au bout d’un faux bateau de béton

Daniel fait toujours au plus simple

Sous prétexte que, lui, il a un travail sérieux, Spirou ne pouvait partir que 2 semaines. Il nous faudra donc aller le livrer à l’aéroport de Calgary au bout de 15 jours, pendant que nous continuons notre séjour encore une semaine. Mais en dehors de cela, j’avais naïvement pensé qu’il prenait le même vol que nous, avec simplement un retour avancé d’une semaine. Que nenni! Le petit Spirou a aussi décidé de partir de Zurich alors que nous voyagions depuis Genève. En effet, pourquoi faire simple quand on peut compliquer, ce d’autant plus que son vol a été retardé de 6 heures et que ses bagages n’ont pas suivis…

Il pleut des cordes lorsque nous arrivons à Vancouver, et la première chose qui frappe, c’est que l’on se croirait aux USA: mêmes panneaux de signalisation, même marquage des routes, mêmes chaînes de magasins et de restaurants, même bus scolaires, même etc. Après s’être rendus à l’hôtel, être retournés à l’aéroport pour y prendre notre radieux retardataire et avoir mangé un morceau, nous allons nous coucher après une bien longue journée.

Station service

Trajet :  Aberlour Gardens – Edinburgh

Un temps propice à la rencontre de fantômes…

Dernier démontage de la tente. Inutile de dire qu’il pleut, donc. Personne n’est surpris! Avant de nous mettre en route pour Edinburgh, nous visitons la ruine du château de Dunnottar, majestueusement perchée sur un piton rocheux surplombant la mer. Une épaisse brume entoure les falaises, et s’il existe des conditions météo favorisant l’apparition de fantômes, le moment n’aurait pas pu être plus propice. Malheureusement, aucun spectre n’a daigné montrer le bout de son nez. Ils étaient probablement effrayés par les bruyants touristes italiens ayant pris le site d’assaut.

Nous partons ensuite plein Sud en direction d’Edinburgh que nous atteignons en milieu d’après-midi. Vu que nous devons rendre la voiture avec le réservoir plein, il nous faut trouver une station service. Nous laissons passer la première que l’on voit, car située du mauvais côté d’une route au trafic important. Grossière erreur, puisqu’arrivés près du but, nous n’en avons pas trouvé d’autre. Nous voici donc contraints d’aller se perdre dans la ville pour localiser une station service. Après moultes petites rues et virages aléatoires, nous trouvons ce que nous cherchons et rendons la voiture. Reste le pire : Atteindre l’auberge de jeunesse au centre de la vieille ville, avec tous nos bagages et en plein festival d’Edinburgh.

Le pont du train enjambant le Firth of Forth aux portes d’Edinburgh

Ce dernier souper écossais représente la dernière chance de goûter au suspect Haggis. Mais n’osant pas m’élancer franchement, je commande du poulet “sur lit de Haggis”. Résultat : pas de quoi s’extasier, mais nul besoin non plus de courir aux WC. Quoiqu’il vaille quand même la peine d’aller faire un tour dans les WC du bar, ne serait-ce que pour jeter un coup d’oeil au distributeur de préservatifs aromatisés au Whisky, et surtout au message d’avertissement qui l’accompagne… Demain, le voyage de retour qui sera assez mouvementé étant donnée la fâcheuse habitude de l’industrie du transport aérien de voir en chaque passager un terroriste en puissance. Résultat, Florent a été soupçonné de vouloir assommer le pilote avec son bagage à main trop gros, et moi de vouloir l’aveugler au dentifrice… La tente s’est à nouveau échappée du circuit des bagages (je la soupçonne d’avoir pris un vol pour l’Espagne, la Tunisie ou tout autre pays ensoleillé) et ces idiotes de petites chaises l’ont suivie…

Malted Barley

Trajet : Gairloch – Aberlour Gardens : 320 km

Nous voici donc dans une région que le guide du routard recommande “aux plus alcooliques de leurs lecteurs” : la route du whisky. C’est en effet dans cette région que pousse l’orge écossais. En conséquence, la moitié des distilleries du pays s’y trouve localisée, et certaines d’entre elles font visiter leurs installations, avec dégustation à la sortie bien sûr (et, inutile de le dire, passage dans le gift shop…) Mais si 09h00 peut être, pour un lecteur assidu du GDR, une bonne heure pour commencer les visites, il est quand même un peu tôt à notre goût pour s’engager dans cette voie. De plus, nous ne sommes qu’à un mile d’Aberlour, un petit village dont le nom peut vous paraître inconnu, mais dont vous connaissez à coup sûr le produit phare : les fameux biscuits Walkers. L’usine ne se visite pas, mais il y a un magasin ouvert au public. En plus des traditionnels paquets, le magasin propose aussi à prix réduit les biscuits ne remplissant pas les critères de qualité. Un saut dans ce magasin s’impose, aussi y entrons-nous après un débat sur l’emplacement de parking à utiliser. Nous repérons tout de suite l’étagère des “Non-entrée en matière” et nos mains avides saisissent bien vite un cornet de 500 grammes de cookies pour £1.40 puis direction la caissière, amusée de notre passage ultra rapide dans le gift shop Walkers.

Notre première étape en relation avec le whisky concerne le contenant plutôt que le contenu, puisque nous visitons une tonnellerie. Vu que le single malt écossais mûrit dans des fûts de chêne qui ont déjà contenu du bourbon, mais que (pour que tout reste si simple!) les tonneaux américains n’ont pas la même contenance que ceux utilisés en Écosse, le principal travail de l’entreprise consiste donc à construire de nouveaux tonneaux à partir de fûts importés des USA. Visite intéressante, puisque l’on peut voir les ouvriers travailler et aussi tenter d’assembler soi-même un petit tonneau.

Ensuite, nous visitons 2 distilleries : Glenfiddich et Strathisla. Avec les deux autres distilleries que nous avions faites auparavant, nous aurions dû devenir des experts dans le procédé de fabrication, mais certains détails restent systématiquement flous, et ce doit probablement être volontaire… En fin d’après-midi nous arrivons à Aberdeen et l’on se promène un moment au centre-ville avant d’aller camper à Stonehaven.

Une tondeuse dans la cathédrale

Trajet : Gairloch – Aberlour Gardens : 320 km

Nous continuons la route de la côte pour faire une nouvelle fois le plein de paysages surprenants. Les routes sont toujours aussi étroites, tortueuses, peuplées de nombreux moutons et de quelques conducteurs pressés.

Lorsque nous arrivons à la hauteur de l’île de Skye, deux possibilités s’offrent à nous pour notre retour sur Edinburgh. La première consiste à redescendre sur Fort William pour ensuite entreprendre l’ascension du Ben Nevis, le plus haut sommet de Grande-Bretagne. Mais quand on sait que Fort William est connu pour avoir 300 jours de pluie par année, et que le sommet du Ben Nevis est 9 jours sur 10 dans les nuages, la probabilité de n’avoir pas de pluie et de la visibilité au sommet nous paraît vraiment trop faible. Nous choisissons donc la seconde solution qui consiste à retraverser sur l’Est et Inverness et de descendre via Aberdeen. Cet itinéraire nous fera passer par le Speyside, une région couverte d’orge, et surtout (héhéhé), de distilleries, dont on peut visiter un certain nombre.

La cathédrale d’Elgin

A Elgin, nous visitons la cathédrale en ruines. A l’intérieur, un employé passe la tondeuse à gazon. Ben oui, l’herbe a poussé à l’interieur, et il faut qu’elle réponde à la norme ISO-725 du gazon anglais de qualité supérieure, le G.A.D.Q.S. (Une petite pensée aigre-douce pour les élucubrations et le risotto de Guernier) L’emplacement sert de cimetière (probablement hanté) et de nombreuses pierres tombales arborent des tête de mort.

Voilà la pierre tombale que j’aimerais quand l’heure sera venue (avec la mousse!)

Ensuite, direction Aberlour Gardens pour y passer la nuit. Pour changer de notre régime riz-pâtes, nous avons acheté un grill jetable et des steaks. Le grill (bac en alu avec charbon et grille) porte une mention intéressante sur l’emballage : Attention, viande non-incluse.

Vieil Homme en vue

Trajet Golspie – Gairloch : 219 km

The Old Man of Stoer Sur la côte Nord-Ouest

Route de la côte Ouest, avec de magnifiques paysages de montagnes, de lochs et de côtes déchiquetées. La visibilité est assez bonne et on a même, l’espace de quelques minutes (faut pas rêver quand même), un rayon de soleil sur ce paysage idyllique. Après une route à une seule voie sans visibilité (une épave toute fraîche avec l’avant complètement défoncé est là pour confirmer que ces routes sont vraiment dangereuses), nous arrivons au phare de Stoer vivants. Une promenade le long des falaises nous amène au “Old man of Stoer”, aiguille de roche sortant de la mer, bien visible celui-ci. En effet, le Old man of Storr de l’île de Skye était resté caché dans la tempête, et nous n’avons aperçu le Old man of Hoy, situé sur les Orcades, qu’à travers le détroit de Pentland, donc d’assez loin. On pourra donc quand même dire que l’on a vu l’un de ces vieux hommes solitaires, dressés au milieu de nulle part.

Lors de notre retour sur la route principale, on visite les ruines du château d’Ardvneck, qui serait hanté par plusieurs fantômes, mais notamment par celui d’une fille McLeod qui se serait suicidée en se noyant dans le Loch après avoir épousé le Diable lors d’un pacte douteux pour sauver le château de son père! On continue dans de somptueux paysages jusqu’à Gairloch où l’on passe la nuit.

Upper Loch Torridon

Regardez, il pleut du crachin (bis)

Trajet : John O’Groats – Golspie : 217 km

 

Un bateau équipé pour l’installation de câbles sous-marins à Scrabster

Le temps a tourné au crachin, et nous nous mettons en route pour longer la côte Nord de l’Ecosse. Le château de Mey (fermé pour cause de présence du prince Charles lors de notre premier passage sur cette route vendredi) est maintenant ouvert. Il est fort probable que Charles, ayant vu le crachin venir, ait préféré aller occuper une autre résidence des Windsor, quelque part où le soleil n’a pas peur de se montrer.

Nous nous aventurons dans la ville de Thurso sans avoir pris d’anti-dépresseurs, bien que les guides la décrivent comme ville la plus déprimante d’Écosse. Seule occupation pour ces dames : faire et élever des enfants. Seule occupations pour ces messieurs : glander au centre ville. Pour éviter de devenir neurasthéniques, nous ne nous arrêtons que le temps nécessaire pour faire des courses avant de continuer vers Scrabster. Dans le port, nous admirons un immense bateau équipé pour déposer les câbles sous-marins. Son équipement est assez impressionnant, notamment la gigantesque bobine sur laquelle est stockée le câble. Dommage que l’on ne puisse pas le visiter!

Smoo Cave à Durness

La route passe ensuite par Tongue, village à l’étrange consonance, pour continuer vers Durness dans un paysage nettement plus montagneux et impressionnant. Nous nous arrêtons à Golspie en fin d’après-midi.