Promenade des glaciers

Sunwapta falls

Aujourd’hui, nous partons en direction du parc de Banff, au Sud. Mais d’abord, une heure de giftshopping à Jasper : le royaume du kitsch s’étend sans conteste jusqu’au Canada ! Nous empruntons ensuite la promenade des glaciers : la route qui relie les parcs de Jasper et Banff. Beaucoup de points d’intérêt sur la route, en commençant par le paysage grandiose qui nous entoure : Montagnes, glaciers, forêts et rivières.

Quitte à marcher sur le glacier, autant y aller d’un pas assuré!
L’Ours avec un grand O

Nous nous arrêtons entre autre au pied du glacier Athabasca. Et si d’aucuns en doutaient encore, s’étale devant nous la preuve que nous sommes bien en Amérique du Nord : il y a des bus monstrueux avec des roues de 1.5 m de diamètre qui promènent les touristes sur le glacier !  Un peu plus loin, nous voyons un ours au bord de la route. Vu qu’il y a déjà une dizaine de voitures arrêtées, nous décidons de faire de même, au mépris de toutes les consignes de sécurité. L’ours mange ses baies tranquillement, sans s’occuper de l’attroupement qui l’observe de l’autre côté de la route.

Peyto Lake

Après une halte au magnifique lac de Peyto, nous arrivons à Lake Louise. Le camping est complet et nous sommes envoyés à 15 km sur un terrain plus sommaire et sans douche, mais qui coûte bizarrement le même prix.

Que de vent !

Première étape de la journée : Maligne canyon, une étroite gorge formée dans la roche calcaire. Cette étape assez touristique est un peu saturée, mais dès que l’on s’éloigne un peu du parking le long du sentier de 2.5km, la densité de touristes diminue exponentiellement, comme le veut la loi Grogg-Spira-Calzascia-Günter-Rosset décrivant la densité de touristes D(x) (touristes/m^2) en fonction de l’éloignement x du parking (en mètres). Dans sa version simplifiée, on peut l’exprimer par :


où B (touriste/m^2) est un paramètre difficile à évaluer, représentant la densité initiale de touristes au parking, et qui dépend de l’attrait touristique de la promenade, de la météo, du prix du pétrole, de la stabilité géopolitique et de l’humeur du facteur. Lambda (m) est la longueur diffusive moyenne et représente la difficulté du sentier. Une estimation acceptable de ce paramètre est la longueur du sentier qu’il est concevable de parcourir en tongs sans avoir mal aux pieds.

Sur la crête des Bald Heads
Sommet des Bald Heads, au-dessus de Maligne lake

Une fois la balade terminée, et après avoir appris que les ours mangent 40 gallons de baies par jour (ça paraît beaucoup quand même…), nous nous mettons en route pour Maligne lake. De là, nous partons pour 650 m de dénivellation vers le sommet des Bald Heads et sa crête qui nous offre un superbe panorama sur le lac et les montagnes environnante. La longueur diffusive moyenne de cette marche étant extrêmement courte, on n’y croise que de véritables marcheurs. A environ 2300m, le vent souffle sauvagement, et il nous faut rajouter quelques couches de vêtements. Mais comme hier, la vue valait grandement l’effort. D’ailleurs, pour nous auto-récompenser de notre ascension, nous achetons pour le soir des steaks encore plus gros que le jour précédent.

Ça souffle! On ne tient presque pas debout!

Arrivés au camping, nous constatons que nos voisins immédiats sont partis… sur l’emplacement d’à côté ! Ils ont probablement dû trouver que l’on faisait trop de bruit (il faut dire que Spirou n’a toujours pas appris à rire discrètement) et ont demandé à être relocalisé. Le camping étant plein, ils n’ont pu être décalé que d’un emplacement. Évidemment, hier, ils s’étaient mis au lit à l’heure où on a commencé à manger. Ce soir on essayera de baisser un peu le volume…

De chaudes miettes

Un cerf-mulet visiblement habitué à croiser des marcheurs

On se réveille un peu tard, car nous n’avions pas changé l’heure de nos montres. Après un saut au visitor center pour des conseils sur les marches à faire, on se dirige vers la source d’eau chaude de Miette. De là, nous partons pour 700 mètres de dénivellation pour atteindre le sommet du Sulphur ridge et sa vue imprenable sur les montagnes des alentours. Dans la forêt, nous apercevons ce que nous pensons être un cerf-mulet (mais nous ne sommes pas biologistes…) qui ne semblait pas du tout dérangé par notre présence. Le paysage au sommet valait bien l’effort, et nous sommes bien contents, après 2 tentatives infructueuses en Norvège et en Écosse, de profiter d’une superbe météo qui nous permet de pleinement apprécier la vue.

Un écureuil au sommet de Sulphur Ridge
Mon doigt intéresse cet écureuil…

Après être redescendus, nous allons nous détendre dans les bains thermaux de Miette hot spring. L’eau de la source sort à 54 degrés mais elle est abaissée à 40 pour être (limite) baignable. Un certain nombre de baleines femelles hantent la piscine, croyant probablement que l’eau chaude ferait fondre leurs généreux tissus adipeux. Qui aurait cru que le “Whale watching in Canada” pouvait se pratiquer au milieu des montagnes !

Au camping, nous changeons d’emplacement, pour un occuper un avec foyer, pour cette nuit ainsi que la suivante. Nous en profitons donc pour griller des steaks que Matteo cuit à la perfection. Spirou, quant à lui, louche sur nos deux voisine à qui il aimerait proposer une bière, jusqu’à qu’il soit témoin involontaire d’un incident qu’il nous décrivit de la manière suivante : “une de nos voisines a voulu couper par la forêt pour aller aux WC. Elle s’est encoublée, puis elle a pété avant de vomir. C’est immonde !” Sur ce, il décide d’aller se coucher, mais plusieurs voyages tente-voiture sont nécessaires, car il a oublié son pyjama, puis une bouteille d’eau.

Poppy & Molly, chiennes anti-ours

Les propriétaires du B&B nous offrent des pancakes pour le déjeuner et nous prêtent leurs 2 chiennes, Poppy et Molly, pour aller faire une petite balade. Nos deux accompagnatrices sont sensées nous protéger des ours. Petit détail : nous avons lu partout qu’il ne faudrait pas aller promener avec des chiens sans laisse, car s’ils se font poursuivre par un ours, il y a de forte chances que les chiens reviennent en courant vers leur maître… avec l’ours sur leurs talons. Quoi qu’il en soit, notre escorte a l’air toute contente d’aller faire une promenade, et nous n’avons pas vu l’ombre d’un ours.

Rearguard falls dans le parc du mont Robson
Florent aime particulièrement sauter sur les cailloux au bord des rivières

Après quelques heures de route, nous traversons le Mt Robson provincial park, l’occasion d’une petite marche vers le lac Kinney. En fin d’après-midi, nous reprenons la route jusqu’à Jasper national park et la petite ville de Jasper. Le camping est énorme avec ses 781 emplacements, mais ils sont assez bien dispersés dans la nature pour que cela ne paraisse pas trop industriel. Par contre, c’est un véritable labyrinthe. Vu que l’on perd une heure en entrant dans l’état d’Alberta, il est un peu tard pour faire des courses, alors on va manger dans un restaurant. La serveuse semble très empruntée par le service du vin.

Engineering Team

Force m’est de constater que l’anti-Brumm Forte est d’une efficacité redoutable pour ce qui est de ce protéger des moustiques : Pas une seule piqûre sur les zones protégées. Par contre, grande erreur que de ne pas avoir mis de produit sur mes chevilles, car les voici couvertes de piqûres, juste à la limite de frottement des chaussures : infernal ! Peut-être aurais-je dû utiliser SUPER TIMOR!!!

Le comptoir historique de Fort St. James est assez difficile à trouver. Après avoir erré un moment dans la ville et avoir demandé notre chemin dans une station service, nous remarquons un minuscule signe au bord de la route. “Quelle bande de bras cassés, on dirait qu’ils ne veulent pas qu’on les trouve” déclare Spirou, et vu qu’il a déjà traité la moitié de la Colombie Britannique de “bras cassés”, l’industrie du plâtre doit être en plein boom au Canada. La visite est très intéressante et instructive. Nous commençons par l’entrepôt, touchons à toutes les fourrures de tous les animaux des environs (c’est grand, un loup !), apprenons que le painkiller de l’époque soi-disant à base de légume contenait en fait de l’opium et de l’alcool. A midi, les employés en costumes qui font visiter chaque emplacement font une pause de 45′ pour manger et nous en profitons pour faire de même. Lorsque l’on poursuit la visite, la nouvelle s’est répandue que 5 ingénieurs suisses visitent le site, et nous voilà partis pour des explications particulièrement détaillées, surtout dans la maison des officiers où nous avons affaire à une guide particulièrement prolixe et passionnée par la maison qu’elle faisait visiter, et qu’elle considérait d’ailleurs un peu comme la sienne.

On continue ensuite notre route en direction de Jasper. Passés Prince George, nous essayons de trouver un camping, mais les villages sont rares et sans campings (c’est déjà tout juste s’il y a des maisons). On tombe par hasard sur un B&B avec un grand terrain qui fait camping. Super accueil, douches chaudes et un grill mobile et orientable formé d’un châssis de tondeuse à gazon sur lequel est fixé un tambour de machine à laver.

Matteo semble bien fatigué…

Où sont les saumons ?

Visite du village gitksan le matin, où nous choisissons la visite non-guidée, et remarquons ensuite que sans guide, nous ne pouvions visiter que l’extérieur des maisons. Une fois la visite terminée, nous continuons notre route en direction des rocheuses.

A Morricetown, on s’arrête pour voir un canyon dans lequel les autochtones piègent les saumons durant l’été, mais nous sommes malheureusement de passage un peu trop tôt, car ils n’ont pas encore remonté la rivière jusqu’au canyon. Il manque donc sur nos photos de la gorge quelques éclats argentés couleur “peau-de-saumon” . Plus loin, on s’arrête dans un magasin de vente en gros pour faire les courses. Il fait 15 degrés dans le magasin, car ce dernier n’a pas de frigo à proprement parlé, mais des zones entières du magasin qui sont réfrigérées à 6 degrés, sans aucune porte ou isolation du reste du magasin. Il y a toute sorte de choses bizarres, comme de la “saucisse de mennonite” d’une taille assez impressionnante, d’où la question : Combien de mennonites faut-il hacher pour produire une saucisse de mennonite de 3kg?

Florent joue au singe pour que l’on puisse manger au sec.

Nous décidons de faire un crochet par Fort St. James, car on prévoit d’y faire du canoë le lendemain, ainsi que la visite de l’ancien comptoir de la compagnie de la baie d’Hudson. La route offre un paysage étrange, car la majorité des sapins sont tout secs, attaqués par le pine beetle, un parasite qui dévaste des forêts entières. Nous trouvons un camping sommaire dans un parc : toilettes de cabane et pas de douches pour le plus grand plaisir de Spirou. Le gardien du camping nous apprend que personne ne loue de canoës sur le lac, et en plus il commence à pleuvoir ! On installe la bâche, que Matteo place normalement sous sa tente, au-dessus de la table afin de manger au sec. La pluie ne nous empêche tout de même pas de griller des saucisses sur le feu. On se dit même qu’elle éloignera les moustiques ; grossière erreur…

Camping de Fort St. James

Douce brise matinale

Mmmm, ça ne sent pas très bon par ici…

Ce n’est qu’au matin que l’on découvre à quoi ressemblent les alentours du camping. Il est bordé par un marais dans lequel sont dressés des restes d’arbres desséchés qui lui donnent un air de marais des morts. Un dinosaure ailé vient s’y nourrir. Paysage assez étrange donc, qui pourrait faire une halte agréable, si ce n’est qu’après avoir déjeuné, une odeur pestilentielle sort du marais pour se répandre insidieusement dans le camping. C’est le moment de partir et d’emprunter la Yellowhead Highway en direction de Prince George.

Florent pris à parti par un marin

Le premier tronçon de la route, entre Prince Rupert et Terrace est sensé être l’une des plus belles routes du Canada. Le décor est en effet fort joli, avec une route serpentant entre des montagnes couvertes de sapins. Il n’y a pas beaucoup d’activités à faire le long de la route, mis à part regarder par la fenêtre le décor bordant la Yellowhead Highway, ce qui nous permet d’admirer des millions de sapins et… un ours au bord de la route.

Alignement de Totems

On s’arrête pour la nuit à Hazelton à côté d’un village gitksan musée que l’on compte visiter le lendemain. Le curry du souper est un peu fort, et Matteo n’en prend qu’une assiette, jurant qu’il trouve super-méga-bon, mais qu’il n’a plus faim (satanées chips prises à l’apéro). Partie de poker après le souper pour se débarrasser de notre monnaie (enfin, sauf pour le gagnant qui ramasse tout!). Spirou se retire assez tôt car il ne veut pas risquer sa douche du lendemain pour laquelle l’eau chaude est payante…

Passage intérieur

Le passage intérieur. Ceci n’a rien à voir avec un processus philosophique de recherche intérieure à la poursuite de son “moi” profond, mais il s’agit simplement d’une route maritime reliant Port Hardy à Prince Rupert à travers un dédale d’îles et d’îlot. Il s’agirait (selon un guide édité au Canada, précisons) d’une des plus belles routes maritimes du monde.

Spirou et Matteo sur le Ferry entre Port Hardy et Prince Rupert

Nous nous levons à 5 heures du matin, car le ferry part à 7h30, et il faut être sur place 2 heures avant le départ. Avant d’embarquer, nos cartes d’identité sont contrôlées scrupuleusement 2 fois. En regardant les monstruosités qui voyagent avec nous, nous constatons que notre mini-van est bel et bien un véhicule sous-dimensionné (profitant donc d’un tarif avantageux). Il semblerait que certains n’arrivent pas à choisir entre partir en vacances et rester à la maison. Ils partent donc en vacances avec leur maison, et apprennent à leur dépends qu’il est extrêmement difficile de faire entrer une maison en marche arrière sur un ferry.

Florent et Daniel sur le ferry du passage intérieur

Nous voici donc partis pour 15 heures de voyage et environ 300 km à travers un paysage grandiose. Le temps est couvert en début de journée mais se dégage ensuite, et c’est un soleil radieux qui nous accompagne tout au long de l’après-midi pour les plus belles parties de l’itinéraire. Nous apercevons quelques baleines et phoques, ainsi qu’un nombre incalculable de sapins. A 22h30, nous arrivons à Prince Rupert et pouvons apprécier la maîtrise du capitaine qui vient loger l’énorme ferry dans un espace à peine plus large que le bateau.

Après le débarquement, c’est la ruée dans l’unique camping. Pas trop de problème pour nous et nos petites tentes, mais il est clair qu’il n’y aura pas la possibilité de placer tous les monstres. Nous quittons discrètement la réception avant que la situation ne dégénère et allons planter nos tentes.

Quai de débarquement du ferry du passage intérieur

Imperméabilisé à outrance

Joli spécimen d’aigle à tête blanche

Oh! le soleil est toujours là au lever. Le record d’Ecosse est déjà battu! Après le déjeuner, nous partons dans le parc de pacific rim. Une première balade nous emmène à travers la forêt pluvieuse tempérée très luxuriante (avec les mètres de pluie annuels, ce n’est pas étonnant). Manque de chance, nous n’apercevons aucune “limace banane” de 120g qui peuplent la forêt. La seconde promenade nous mène sur une plage et me donne l’occasion de tremper les pieds dans l’eau. On n’y tremperait d’ailleurs pas plus que les pieds! Brrrr! Vers midi, après avoir pu observer 2 aigles à tête blanche, nous nous mettons en route pour Port Hardy, à l’extrémité Nord de l’île, d’où nous devons prendre le ferry le lendemain matin.

Pique-nique sur l’île de Vancouver

Pic-nique au bord d’une rivière sous les yeux avides d’un corbeau d’une taille fort respectable qui s’est rué sur nos miettes à peine avons-nous levé le siège. La route traverse de nombreuse forêts, et nous constatons que lorsqu’ils pratiquent l’exploitation forestière, les Canadiens n’y vont pas de main morte. On aperçoit un ours au bord de la route avant d’arriver au camping. Le camping est très joli, au centre d’une forêt à la végétation luxuriante, mais la gérante et son fils sont un peu inquiétants. On se croirait au milieu d’un roman de Stephen King.

Camping de Port Hardy: propriétaires inquiétants, mais joli emplacement!

Le nouveau pulvérisateur que Spirou avait acheté pour y transvaser son précieux imperméabilisant a quelque peu fui, et certaines affaires, dont le sac de couchage de Florent, sont prêts à affronter le déluge!

Undersized Vehicle

Sacrilège! Le pulvérisateur du spray imperméabilisant que Spirou a acheté à prix d’or ne fonctionne pas, et son propriétaire ne semble pas convaincu de notre proposition d’organiser une séance de McGyverisme le soir au camping pour réparer le magnifique objet.

Le ferry reliant le continent à l’île de Vancouver
Wild pacific trail à Ucluelet

Nous partons pour l’île de Vancouver par un temps résolument maussade. Nous avons assez de chance avec le ferry, puisque nous n’attendons presque pas avant de pouvoir le prendre. De plus, étant en Amérique du Nord, on ne s’étonnera pas que notre minivan “Grand Caravan” de 5 mètres de long entre
dans la catégorie des véhicules “undersized”. Au milieu de la traversée, une brume épaisse entoure le ferry, probable prémisse de l’apparition du Hollandais volant, que le capitaine du ferry tente de faire fuir à grands coups de corne de brume. A l’arrivée sur l’île le temps s’améliore et nous partons en direction de la côte ouest de l’île et le parc de Pacific Rim.

A l’arrivée au camping d’Ucluelet (ou de Ukulélé, c’est plus simple à prononcer), les derniers nuages ont disparu du ciel et nous partons pour une balade dans une forêt luxuriante au bord de la mer. D’un point de vue sur l’océan, nous apercevons des cétacés que notre manque de connaissances en baleinologie nous empêche d’identifier plus précisément.