Descendre pour mieux monter

On se réveille à l’aube et on plie discrètement la tente. Après un café et quelques biscuits, on part pour l’étape du jour. Le premier 1.5km est peu agréable, car il suit la route départementale descendant vers la côte, avec pas mal de circulation et aucun trottoir: aucune sécurité… et c’est un chemin pédestre! Mais nous arrivons bientôt au début du sentier qui doit nous amener au bord de la rivière des galets, puis dans le cirque de Mafate, où les routes ne seront qu’un mauvais souvenir. Des pictogrammes nous avertissent des dangers embusqués le long du sentier: passages de rochers, passages d’échelles, passages vertigineux, et passages glissants: tout un programme. Étant donné que le sentier d’hier ne comportait aucun avertissement de ce genre, on se demande ce qui nous attend! Sans être facile — le sentier descend vertigineusement de 900m à 250m d’altitude–, il reste tout de même bien plus aisé que celui du jour précédent.

Traversée à Gué du bras Sainte Suzanne. Ca glisse!

Arrivé en bas, il faut passer le bras Ste Suzanne à gué. Matteo bondit de pierre en pierre, mais connaissant mon agilité pour ce genre d’exercice, sans compter les 18kg sur le dos, cette manière de procéder se solderait par un plus que probable passage à la flotte. J’enlève donc mes chaussures et traverse dans l’eau. Nous entrons maintenant dans le cirque de Mafate dont les remparts se dressent de part et d’autre de la rivière des galets, que nous suivons à présent. Ces falaise verdoyantes sont impressionnantes, et l’on se sent pas bien grands. Il faut traverser la rivière 4 fois, ce qui se révèle bien plus faciles que le passage du bras Ste Suzanne. Mais, à cause de l’absence de pierres, il faut enlever les chaussures à chaque fois, traverser, se sécher les pieds, enlever le sable, remettre les chaussures, et repartir. Les Réunionais, eux, se baladent en baskets et traversent la rivière sans se déchausser ni même ralentir. Ils doivent avoir les pieds blindés pour ne pas avoir des cloques en marchant avec des baskets trempes… Au dernier gué, nous faisons la pose de midi, et en profitons pour se laver un peu, ainsi que nos T-Shirts.

Il nous a fallu 4h pour arriver jusque là, alors que le guide “ff randonnées” indiquait 1h40! Alors d’accord, peut-être que le temps de séchage des pieds après les passages à gué ne sont pas comptés, mais quand même, on est toujours loin du compte, ce d’autant plus que les autres tronçons ont été effectué en en temps sensiblement inférieur aux indications. Le sérieux et la fiabilité du guide sont grandement remis en cause(*).

Apéro sur le terrain de camping d’Aurère. On trouve même des Pringles dans les Îlets!

La portion du sentier le long de la rivière fût bien agréable: en pente douce, elle nous a aussi permis de se rafraîchir les pieds. Mais la rigolade est maintenant terminée, puisqu’il nous faut grimper à 950m d’altitude pour atteindre bord Bazar, soit environ notre altitude de départ: chouette étape en V. La montée est assez pénible, car nous montons sous un soleil de plomb un sentier très raide. En récompense par contre, le décor est grandiose, et l’on ne se prive pas de faire de courtes pauses pour admirer la vue, se reposer un peu et boire quelques gorgées d’eau. Après environ 2h de montée (alors que le guide en annonçait 40 min de plus, allez savoir!), nous arrivons au sommet. Une courte descente en pente douce nous conduit à Aurère, le premier véritable Îlet coupé du monde que nous traversons. Le village est équipé d’un terrain de bivouac avec une vue magnifique, et nous sommes tout content de nous y poser, avant d’arpenter l’ avenue principale d’Aurère (en fait le sentier GR!) à la recherche de l’épicerie (ou boutique, comme on dit par ici) pour compléter notre stock de nourriture.

(*) Note à postériori: En effet, on s’apercevra lors des étapes suivantes, que ce guide fait preuve d’une précision toute relative, faisant horreur à tout bon microtechnicien helvétique. On voulait même le brûler une fois la randonnée finie, mais j’en avais besoin pour écrire le journal de bord, alors en ce moment, il est sur mon bureau. Mais je ne donne pas cher de sa vie…

Montagnes Russes

Cette journée est partagée en 2 temps: Nous nous levons au lever du soleil (6h30), et après un rapide café, nous laissons les affaires et la tente sur place et nous commençons notre ascension de 430 m vers la Roche Écrite, l’un des plus beaux points de vue de l’île. La progression, en absence de sacs est un jeu d’enfant; enfin presque puisque le sentier est quand même un peu glissant. Nous progressons sur de la roche dans un paysage de savane. Le ciel est globalement bleu, mais des nuages débordent des sommets, laissant craindre un panorama bouché en haut, crainte qui se confirme au 3/4 de la montée, lorsque nous pénétrons dans la brume. De la brume surgit justement un spectre blanc — en fait une randonneuse dans une cape du plus bel effet– bientôt suivie de son mari habillé en spectre brun. Il s’agit d’un couple que nous avions croisé le soir précédent dans la salle à manger glauque du gîte, et qui avait l’ intention d’assister au lever du soleil depuis le sommet. Ont-ils eu la chance de bénéficier d’une vue dégagée?

Sommet de la roche écrite: 2276m

Arrivés à la roche écrite, nous nous trouvons face à une pénétrante purée de pois et à un vent frigorifique. On décide d’affronter le vent un moment et de rester pour voir si le ciel se dégage. Notre patience se révèle payante, car les nuages en altitude se dissipent rapidement, nous permettant de bénéficier d’une vue dégagée des sommets dominant les cirques de Mafate et Salazie qui demeurent, eux, sous une mer de brouillard. C’est déjà pas mal, mais après encore un peu d’attente, les cirques se vident subitement de leur brume, et un magnifique panorama s’ouvre sous nos pieds, plus de 1000 mètres plus bas. Après avoir pleinement admiré la vue, nous redescendons au bivouac, car malgré l’apparition du soleil, le vent a gardé la température assez basse.

Les nuages évacuent le cirque de Salazie: vue (presque) dégagée depuis la roche écrite
Matteo sur le chemin menant à Dos d’Âne

Après avoir plié la tente, la seconde partie de la journée débute, et nous nous dirigeons vers le village de Dos d’Âne. Il faut reprendre les sacs à dos: la partie de plaisir est terminée! Les paysages que nous traversons sont spectaculaires. On commence par traverser une forêt touffue dont les arbres ont des guirlandes de lichen, et font parfois des ponts au-dessus du chemin. Nous débarquons ensuite en bordure du cirque de Mafate, et bénéficions de points de vue grandioses sur la topographie acérée du cirque. Question sentier, par contre, c’est un peu plus technique, car nous avons affaire à un chemin pour petites chèvres, alors que, chargés de nos gros sacs, nous tenons plus de l’hippopotame que du cabri. Entre les marches de géant, les endroits boueux, les racines, etc. que d’endroit ou glisser! Heureusement, la végétation luxuriante aux abords du sentier rempli avec plaisir son rôle de main courante. Mais attention, certaines plantes ont des épines, comme ma main droite ne tarde pas à s’en apercevoir… Peu avant Dos d’Âne, nous marchons sur une crête pas beaucoup plus large que le sentier et bordée par deux précipices de ceux dont on n’a pas l’occasion de tomber deux fois. Lorsque nous arrivons à une intersection qui nous permet de couper une dernière montée, nous n’hésitons pas longtemps pour descendre directement sur le village.

Nous tombons par chance nez à nez avec une épicerie, dont le sympathique propriétaire nous convainc, après dégustation, d’acheter de son “fromage de tête” pour le pic-nique du lendemain. Nous nous dirigeons ensuite vers un terrain de pique-nique repéré depuis le sommet, où le camping est malheureusement interdit. Nous nous installons à une table et buvons une bière fraîche bien méritée, avec un peu de pain frais et de fromage de tête, dont il vaut mieux ne pas connaître la composition. L’essentiel, c’est que ce soit “bon”. Après le souper, nous installons discrètement notre tente un peu en retrait du terrain de pique-nique, cachée derrière des buissons.

Les choses sérieuses commencent

Ce matin, départ pour la randonnée à travers l’île. Nous gagnons le départ du sentier repéré la veille et nous commençons à monter vers le Brûlé, situé à plus de 800m d’altitude. Un bus permet d’atteindre le Brûlé depuis Saint-Denis, mais nous décidons d’éviter cette solution de facilité, et de profiter du joli sentier dans la forêt. Dans la montée, nous sommes dépassés par plusieurs coureurs, mais heureusement — l’honneur est sauf — par personne aussi chargé que nous.

Après le village, la carte indique qu’il fallait suivre une route goudronnée sur plusieurs km. Heureusement, il y avait en fait un sentier, et vu la hauteur des marches qu’il fallait gravir, ce dernier a été construit par un géant. Vers midi, nous atteignons une place de pique-nique (Mamode camp) où nous nous arrêtons pour manger et se reposer un peu.

Entrée dans la réserve de la roche écrite

Départ ensuite pour notre but de la journée: la plaine des Chicots. Nous entrons dans la réserve de la roche écrite, et la végétation est vraiment impressionnante, surtout de par sa quantité. Le sentier qui a commencé à monter doucement grimpe de manière vertigineuse dans sa dernière partie, et nos jambes et épaules commencent à se faire sentir. Mais nous voilà enfin à la plaine des Chicots, après plus de 1800m de montée. On installe la tente sur la place de bivouac, puis nous allons nous désaltérer au gîte. L’ambiance est assez lugubre, car peu avant notre arrivée, nous avons pénétré dans un nuage, et nous sommes dans une épaisse purée de pois assez fraîche. De plus dans le réfectoire du gîte, des draps masquent les fenêtre, et aucune lampe n’est allumée. Pour couronner le tout, les gardiens ne sont pas très causants, épient les randonneurs qui approchent par la fenêtre, et tiennent des messes basses dans la cuisine.

Réserve de la roche écrite

Il est 18h00 et déjà la nuit tombe: c’est le moment de faire à manger. L’épaisse brume se transforme en un léger crachin qui vient quelque peu perturber le repas. On espère avoir beau temps demain pour monter à la roche écrite.

Arrivée à la réunion

Nous débarquons tôt à l’aéroport de St. Denis après un vol sans histoire. Après avoir posé nos bagages à l’hôtel Select (ne pas se fier au nom…), nous partons pour une visite de la ville qui se révèle moyennement intéressante. Le front de mer est assez quelconque, et mis à part le jardin d’État, il n’y a pas grand chose à voir. Il faut dire que nous sommes dimanche et que presque tout est fermé: la ville semble déserte et morte.

Vers 12h30 nous retournons à l’hôtel pour prendre la chambre et partons ensuite en quête de nourriture pour les premiers jours de randonnée. Cependant, il aurait fallu faire cela en arrivant, car les quelques magasins ouverts le dimanche ne le sont que le matin (un bon point quand même: ils ont des magasins ouverts le dimanche à la Réunion)! Nous finissons par trouver une station service avec un shop pour acheter le minimum et prendre du carburant pour notre réchaud: “Bonjour monsieur, le plein… de ma bouteille de 1l SVP! Nous partons ensuite à la recherche du début du sentier GRR2 qui nous mènera du Nord au Sud de l’île, de façon à pouvoir y aller directement le lendemain avec nos gros sacs. On trouve par chance une épicerie ouverte, ce qui nous permet de compléter un peu notre stock de nourriture.

Nos nombreux km effectués à travers St. Denis nous ont permis de voir que nous sommes dans une ville très bureaucratique à en juger par les nombreux bâtiments officiels: office de blablabla, ministère du machin truc, organe de contrôle des trucmuches et j’en passe…

Un gros cratère

Ha ha, quelle chance : la nuit a été bien sèche et on a pu replier des tentes dépourvues de toutes traces d’humidité. Une observation attentive de notre nourriture nous montre que Roger a dû rester dans les Rockies. On en déduit qu’il n’était pas enfermé dans la voiture, mais que cette dernière n’était pas étanche aux petits rongeurs, et que Roger pouvait entrer et sortir comme bon lui semblait.

Un trou d’envergure!

Après ces nombreux jours passés en pleine nature, on fera bien une petite visite industrielle typique d’ingénieur non ? Et bien, il y a sur notre route une halte parfaite : Highland copper, une mine de cuivre à ciel ouvert. Impressionnant, mais quel désastre écologique ! Par chance, on arrive droit au bon moment pour la visite des installations. Tout est énorme (je dirais même plus, ENORME), même les chiffres que l’on nous donne : Le plus petit cratère fait 400m de profondeur et 2.5km de diamètre, et le second site est doux fois plus profond ! Des camions surdimensionnés de 150 tonnes transportent 250 tonnes de roche à chaque voyage sur leur 6 pneus qui coûtent chacun $32’000. Bien sûr, on nous parle aussi des nouvelles lois sur la protection de l’environnement qui obligent la société de réhabiliter le terrain qu’elle a terminé de miner.

A quoi reconnaît-on des ingénieurs en vacances?

On nous présente les efforts faits pour rendre à la population des espaces de détente. La mine y consacre chaque année $2 millions, chiffre à mettre en relation avec la facture d’électricité mensuelle de la mine : 2.5 millions, ou son bénéfice pour 2006 : $1’000’000’000 ! Réhabiliter les terrains implique de contrôler la disparition des polluants dans le sol, ce qui est fait en disséquant des poissons (dans les plans d’eau suffisamment dépollués pour qu’ils y survivent), et par le biais d’un troupeau de vaches hublot avec accès direct à la panse, miam !

On continue ensuite notre route vers Vancouver, et on traverse une vallée désertique que l’on ne s’attendait pas du tout à trouver dans ce coin du Canada. Il faut une bonne dose de patience pour atteindre le centre-ville un vendredi après-midi. On profite encore de notre dernière soirée au Canada et de notre retour à la civilisation. On notera qu’après une certaine heure, il faut même payer l’entrée dans les bars : $8 dans celui où nous étions. C’est probablement pour payer le salaire des nombreux securitas, ainsi que celui du Monsieur Pipi qui nous essuie les mains aux WC (et nous les parfume moyennant contribution financière)

Et voilà, demain, c’est déjà le retour en Suisse…

Les 3 Roger

C’est le départ des Rockies aujourd’hui. On constate que notre rongeur est toujours là, car il y a des marques de dents dans le cheddar orange, et dans l’emballage de nos fameux cookies aux quatre chocolats. On baptise notre intrus Roger en l’honneur du principal opérateur de téléphonie mobile de l’Ouest canadien, qui a lui aussi joué à cache cache avec nous. Nous allons jeter un coup d’oeil au point de vue sur “l’upper spiral tunnel”, un tunnel ferroviaire en spirale (en fait seulement 240°) qui permet aux trains de franchir l’importante déclivité du kicking horse pass. C’est un peu l’accès au Gothard en plus petit, mais ce qui est remarquable, c’est que les trains sont tellement longs (>2km) qu’on les voit dépasser des deux extrémités du tunnel.

On part ensuite en direction de Golden. Dès la limite du parc national franchi, on peut à nouveau observer les traces de l’exploitation forestière à outrance. La route transcanadienne qui nous ramène vers Vancouver traverse le Glacier National Park, au centre duquel se trouve le Roger’s pass. Décidemment, ces Roger… Après avoir picniqué au col, nous allons prendre un café dans un motel qui pourrait servir de décor pour un remake canadien de “The Shining”.

Des cèdres 5 fois centenaires et des humains un peu plus jeunes

Nous traversons ensuite le parc du mont Revelstoke avec deux arrêts. Le premier pour contempler des cèdres géants de 500 ans, et le second pour emprunter un sentier au nom très poétique : La promenade du chou puant. On poursuit ensuite notre route jusqu’à Kamloops pour notre dernière nuit de Camping.

Liqueur de chocolat mi-sucré, traitée à l’alcali

La pluie s’est installée pendant la nuit, ce qui ne devrait pas trop gêner la descente en rafting. Malheureusement, un mauvais sort semble avoir été lancé sur les activités aquatiques, car une ranger vient nous annoncer qu’un accident a eu lieu sur la transcanadienne, qui va rester fermée plusieurs heures. Il ne sera donc pas possible d’atteindre Golden à temps. Heureusement, la société organisatrice, jointe par téléphone, procède à un remboursement intégral.

Notre mini-van est équipé d’une “fosse à bouffe”. Il s’agit en fait d’une trappe dans le plancher de la voiture dans laquelle peuvent être repliés les sièges arrières. Nous avons mis ce volume à profit pour y stocker notre nourriture. La fosse à bouffe a été maltraitée à plusieurs reprises, par exemple par fuite d’une bouteille d’huile (Ooooops!). Mais ce matin, elle semble souffrir d’un mal différent, puisqu’on dirait bien qu’elle abrite un passager clandestin, à en juger par les marques de dents de rongeur laissées sur l’emballage d’une boîte de cookies. Le visiteur, toutefois, semble introuvable.

On décide tout de même de partir pour Golden, mais la voiture accidentée n’a pas encore été dégagée et la circulation est alternée, si bien que l’on atteint Golden avec une heure de retard pour le rafting. En traversant la ville, Matteo nous apprend, par un terrible lapsus, qu’il n’avait pas aimé le curry du 26 Juillet. On continue donc en direction de radium hot springs pour remonter par le parc de Kootenay. Ce dernier a été ravagé par des incendies il y a quelques années, ce qui lui donne un air un peu inquiétant. On s’arrête aux paint pots, qui sont des gisements d’ocre qui ont été exploités jusqu’à la création du parc dans les années 20.

De retour à la voiture, un violent orage se déchaîne, mais il ne pleut plus lorsque nous arrivons au camping. Prudents, nous installons la bâche au dessus de la table, ce qui pousse le ciel à se dégager complètement et nous permet, une fois la nuit tombée, d’observer la voie lactée sans aucune pollution lumineuse. Nous dégustons aussi quelques cookies aux 4 chocolats dont la composition est sans fin et un peu effrayante : Liqueur de chocolat belge mi sucré, traitée à l’alcali, et l’un des 250’000 ingrédients qui composent ces biscuits somme toute très bons…

L’absence de lumière parasite dans le parc de Yoho nous permet d’admirer la voie lactée

Iceline trail

Le Yoho national park a l’avantage d’avoir un réseau de sentiers interconnectés, ce qui était moins le cas des parcs que nous avons visités précédemment. Nous partons donc pour une plus longue marche : Le “Iceline Trail”, 20km avec option d’allongement. Le point de départ est la chute Takakkaw, l’une des plus hautes du Canada. Le sentier commence par une brusque montée dans la forêt, et nous avons tôt fait de dépasser les groupes qui nous avaient précédés. Pour changer, les gens que nous rencontrons sont correctement chaussés et équipés. Il y a quand même 2 filles qui devaient avoir une peur bleue des ours, car elles étaient équipées de clochettes, de spray anti-ours (500ml de spray au poivre compressé : un objet qui ferait un malheur dans certains sacs à main) et d’un klaxon à air comprimé qu’elles actionnaient à intervalles réguliers.

A la sortie de la forêt, nous marchons dans un champ de pierres en passant sous plusieurs glaciers. Matteo enclenche le pas de charge et court en tête pendant que Florent Daniel et moi préférons un rythme plus adapté à la contemplation du paysage. On croise d’ailleurs un couple qui nous demande si nous sommes les wagons que la locomotive a perdus… On retrouve notre locomotive un peu plus haut, nous attendant au bord d’un petit lac. On picnique à la lisière de la forêt, puis nous commençons la descente.

On décide d’allonger un peu la marche en ajoutant 8km et une montée de 300m pour se rendre au sommet du Whaleback où l’on bénéficie une fois encore d’un magnifique panorama, et d’un avant goût du mauvais temps à venir. Plusieurs glaciers sont visibles, dont celui des poilus que Daniel dédie à Florent, et celui des Diablerets (!). Le chemin du retour nous même au sommet des twin falls d’où nous pouvons apprécier la hauteur de la falaise, puis à leurs pieds pour se faire un peu mouiller (mais de toute façon, il a commencer de pleuvoir légèrement). Après cet exercice physique, un bon repas serait de mise, mais les saucisses que nous avons achetées auraient plutôt dû être rangées au rayon “Pet Food”.

Yoho National Park

Nous partons pour le parc national de Yoho, qui est nettement moins touristique que celui de Banff : Le seul camping avec douche ne fait qu’un dixième de la taille du précédent. Maintenant on connaît le truc avec les campings des Rockies : si on veut trouver un emplacement, il faut se pointer vers 11h00, au moment des départs. C’est donc en fin de matinée que nous atteignons le kicking horse campground et y installons les tentes pour nos trois dernières nuits dans les Rockies. On se rend ensuite au visitor center du parc pour obtenir des informations sur les balades et marches intéressantes. Florent, Daniel et Matteo réservent aussi une descente en rafting pour le surlendemain. Pour ma part je décide de ne pas y participer, vu l’épisode du kayak d’il y a quelques jours.

Emerald Basin, au-dessus du lac du même nom.
Emerald Basin, mais où est le bassin?

On se rend au lac Emerald pour une petite marche jusqu’au fond du lac, suivie d’une montée à Emerald Basin, un cirque entouré de montagnes avec un glacier. Le parc de Yoho est nettement plus humide que ceux de Banff et Jasper, ce qui se remarque à la végétation luxuriante qui nous entoure. En rentrant, il nous faut faire quelques courses et nous nous rendons dans la seule épicerie de Field qui fait en même temps restaurant et liquor store (il faut aller chercher les bières dans la partie restaurant!)

La source du problème

Première mission de la journée : Larguer Spirou à  l’aéroport de Calgary (La catastrophe est évitée de peu : il a failli oublier son fameux spray imperméabilisant). Après de poignants et larmoyants adieux dignes du départ de Frodon pour les terres immortelles (OK, j’exagère peut-être un tout petit peu…), nous prenons congé de notre joyeux drille pour continuer l’aventure à  4 pendant encore 5 jours.

Calgary ne nous enchantant guère, on repart rapidement pour Banff. Un orage éclate, mais par chance nos déplacements nous ont presque tenus complètement hors de la pluie. Après une petite balade dans la région du lac Minewanka, nous nous dirigeons vers “Cave and Basin”, lieu de naissance de Banff, où 3 individus ont découvert une source d’eau chaude sulfureuse et ont cherché à  l’exploiter commercialement. Ceci a attiré l’attention du gouvernement canadien, qui s’est emparé de la concession pour attirer les touristes et a du même coup créé le parc national de Banff, preuve s’il en faut que le parc national a d’abord une vocation touristique avant d’être une réserve naturelle. Ceci explique certaines choses que nous avons vues, comme le sommet-autoroute du mont Sulphur ou les bus sur le glacier.

On peut visiter les sources historiques, mais pas s’y baigner. En effet, malgré une restauration à  coups de millions en 1984, un panneau explique l’incompétence de parc Canada à  assurer l’entretient des installations. C’est vraiment dommage, car le bassin principal (naturel) est dans une grotte avec stalactites, et il y a un second bassin naturel situé à  l’extérieur. Mais dans un parc dominé par la rentabilité commerciale, cette installation ne pouvait pas survivre. On décide de ne pas effectuer la visite, mais d’emprunter le sentier didactique qui nous mène à  la source. Pas de doutes, elle est soufrée! Le soir, Matteo nous démontre encore son expertise en “cuisson parfaite de steaks”.