Machu Picchu

Aguas Calientes – Ollantaytambo

Lever avant l’aube aujourd’hui pour se rendre sur le site du Machu Picchu. On décide d’y aller à pied, et on est bien content de ne pas avoir à se mettre dans la longue queue pour le bus. Le premier bout du chemin coïncide avec la route d’accès, mais vu que les bus ne circulent pas encore, ce n’est pas un problème. Lorsqu’on arrive au pont traversant la rivière Urubamba, il nous faut montrer nos tickets une première fois à un garde qui semble tellement s’ennuyer qu’il nous demande pourquoi nos passeports (qu’il faut aussi montrer) sont rouges avec un croix blanche. La réponse “par ce qu’ils sont suisses” semble le laisser dubitatif. Une fois de l’autre côté du pont, le sentier est bien séparé de la route (ou plutôt piste), ce qui est une bonne chose, par ce que les bus commencent à monter. Lorsque nous arrivons au sommet, nous découvrons que nous n’avons pas tout à fait échappé à toute file d’attente, puisqu’il y en a une belle pour entrer sur le site lui même.

Machu Picchu au lever du jour

Et nous voici donc sur ce lieu de légende qui a de quoi impressionner. D’abord, pas étonnant que les Espagnols ne l’ait pas trouvé, par ce qu’il faut vraiment chercher: la cité inca reste bien invisible depuis le fond de la vallée. Nous nous promenons dans les ruines et admirons le savoir faire des incas dans le domaine de la construction avec leurs énormes blocs de pierre de plusieurs tonnes qui sont ajustés au millimètre et s’assemblent sans mortier. Force nous est de constater, en comparaison avec les horreurs architecturale que forment les maisons péruviennes dans les villages, que les habitants devraient un peu plus s’inspirer des méthodes de leurs ancêtres lorsqu’ils bâtissent leurs maisons.

Putucusi depuis une fenêtre du Machu Picchu

Un peu avant 10h00, une nouvelle queue nous attend pour monter au Wayna Picchu et bénéficier d’un joli point de vue en hauteur sur le site. Il faut un peu zigzaguer entre les derniers du groupe de 7h00 qui sont encore coincés dans la descente, et ceux qui ont commencé à monter avant nous mais qui avancent comme des escargots. La vue au sommet a bien valu l’effort fourni!

Nous redescendons ensuite à pied jusqu’à Aguas Calientes où nous prenons une bière bien méritée avant de reprendre le train jusqu’à Ollantaytambo.

Le pueblo du bout du monde

Cusco – Aguas Calientes

Notre journée commence par un trajet en taxi jusqu’à la gare de Poroy, à une dizaine de kilomètres de Cusco. C’est de là que nous prenons le train pour aller à Aguas Calientes, puis au Machu Picchu. Le train est la seule manière de se rendre à Aguas Calientes, mais la plupart des visiteurs le prennent à Ollantaytambo, de façon à raccourcir le trajet. Nous décidons de profiter au maximum des paysages et de commencer le trajet à Cusco (ou Poroy plus précisément), ce qui fut un bon choix, puisque le paysage était très différent entre la première moitié du trajet (Poroy-Ollantaytambo) et la seconde (Ollantaytambo-Aguas Calientes). Matteo s’inquiète de savoir s’il pourra entrer dans le train puisque le principe d’embarquement s’apparente plus à celui d’un avion que d’un train et il se trouve que 1) Mes doigts ont glissé sur le clavier lors de la réservation, et le nom de Matteo a deux lettres inversées et 2) Son numéro de passeport est faux puisqu’il en a refait un nouveau entre le moment de la réservation et notre voyage. Mais il se trouve que le type qui contrôlait les billets était aussi dyslexique que moi et s’est contenté de jeter un œil à la photo du passeport et à la bouille de son détenteur. La première partie du trajet implique une descente assez vertigineuse le long d’une gorge, alors que la seconde s’enfonce dans la jungle, pour finalement arriver à Aguas Calientes, pueblo du bout du monde.

Machu Picchu vu depuis le Putucusi
Montée au Putucusi

Il est environ midi lorsque nous arrivons à notre hôtel et décidons d’atteindre un point de vue sur le site du Machu Picchu: le sommet de la montagne Putucusi. Il nous faut demander notre chemin à un local dans la rue qui nous répond: “You want to go to Putucusi, hi hi hi hi!” Après quelques centaines de mètres sur le sentier et après avoir franchi une première échelle, nous comprenons mieux pourquoi le type riait, puisque nous arrivons à une paroi rocheuse sur laquelle est fixée une échelle assez impressionnante. Une fois en haut, on aperçoit même pas le bas à cause de la pente. Il y a plusieurs autres échelles ensuite, mais toutes plus petites, puis une assez forte grimpette, mais nous arrivons finalement en haut et découvrons une vue magnifique sur les montagnes environnantes et le Machu Picchu. On se dit que même si on meurt en tombant de l’échelle géante en redescendant, on aura au moins vu ce site de légende. Mais comme il ne suffit pas seulement de le voir de loin, mais qu’il faut aussi y aller (programme du lendemain), c’est encore trop tôt pour mourir, et nous ferons donc attention en descendant.

Train traversant le village d’Aguas Calientes

Nous finissons l’après-midi aux bassins thermaux d’Aguas Calientes (d’où le nom de la ville), mais ça ne casse rien: trop de monde par rapport à la taille des bassins, qui sont seulement légèrement tièdes, à part un qui est chaud, mais c’est bien sûr le plus densément peuplé. Le cadre par contre est très joli. Aguas Calientes est faite pour les touristes, et ce ne sont donc pas les restaurants qui manquent. Par contre, dur de faire son choix avec tous ces types qui nous agressent pour nous attirer dans leur restaurant. De manière prévisible, les restaurants munis d’un racoleur restent désespérément vide, comme quoi nous ne sommes pas les seuls à être agacés par ce procédé.

Matteo, Lead Traveler

Cusco – Vallée sacrée – Cusco

Nous avons une chambre au rez-de-chaussée, et avons donc assez vite constaté que question bruit, ce n’était pas l’idéal, car il y a pas mal de passage. Mais le pire arrive à 5h00 du matin, lorsque la cuisine commence à préparer le petit-déjeuner, et surtout à passer les fruits au blender avec insistance pour les transformer en jus (succulents, d’ailleurs, mais au prix de combien de décibels?)

Lama ou Alpaga?

Pour commencer en douceur et s’adapter à l’altitude, nous nous joignons à un tour pour visiter la vallée sacrée. Suite à plusieurs expériences concluantes de Matteo lors de voyages précédents, nous choisissons la compagnie Viator, qui est en fait un agrégateur d’activités à travers le monde. Matteo qui a fait la réservation est désigné “Lead Travler”. Ma fois, c’est lui qui portera la responsabilité au cas où le tour est nul.

Ollantaytambo

Mais ce fut une très belle journée. Nous commençons par visiter une ferme avec des lamas, alpagas et vigognes, histoire de pouvoir les différentier, puis nous arrivons à Pisac pour visiter le marché et voir des cochons d’inde entrain de rôtir. Notre guide reçoit une dizaines de pains, contre la promesse de livrer 10 cochons d’inde lors d’une fête à venir. Nous nous dirigeons ensuite vers Ollantaytambo pour visiter la forteresse. Ensuite vient le repas, qui a été décrit très positivement sur les critiques du tour laissées sur le site de Viator. Mais je suppose que les personnes ayant écrit ces commentaires devaient être américaines. Il n’y avait pas à se plaindre de la qualité ni de la quantité de la nourriture: il s’agissait d’un buffet “all you can eat”. Mais par contre, nous qui nous attendions à un repas typique nous avons été un peu déçus, car c’est un restaurant géant pour touristes dans lequel s’arrêtent tous les groupes faisant le tour de la vallée sacrée. C’était bruyant, et il y avait du monde partout qui se goinfrait; ça en couperait presque l’appétit. En fait, on aurait très bien pu être dans le restaurant d’un hypothétique hôtel de Las Vegas au thème péruvien que ce n’aurait pas été différent.

I am British, I know how to queue!

Suisse-Cusco

“I am British, I know how to queue” a déclaré Arthur Dent. Et bien il serait peut-être attristé d’apprendre que les anglais ne sont pas les seuls à faire la queue de manière très disciplinée: les péruviens aussi, comme nous avons pu le découvrir lors des nombreuses files d’attente qu’il a fallu faire à l’aéroport de Lima afin de prendre notre vol pour Cusco. Immigration, douane, check-in, et surtout, surtout, contrôle de sécurité sous la forme d’une file de 200 mètres de long qui serpentait entre les boutiques de Duty-free. Mais on avait le temps (même pour boire un café!) et quelques heures plus tard, nous voici à Cusco, le nombril du monde, l’ancienne capitale des incas. Le taxi pour notre hôtel nous paraît bon marché, mais il semble que l’on ait tout de même payé 3 fois trop cher. Évidement, ce genre de truc ne marche que le premier jour! La première chose que l’on aperçoit en arrivant à Cusco est une pub géante pour McDonald au bord de la voie de roulage de l’aéroport. En effet, l’enseigne du cousin américain de Tricatel a pignon sur rue au plein ville. Peut-être ont-ils un Mac Chu-picchu!

Cathédrale de Cusco

Notre hôtel est près du centre, toutefois pour y arriver, il nous fallait emprunter le “trottoir de la mort” le long de la ruelle Recoleta. Cette dernière n’est pas beaucoup plus large qu’un voiture et est bordée d’un seul côté par un semblant de trottoir sur lequel tient 75% d’un européen moyen ou 45% d’un américain moyen. Les voitures arrivent à la queue-leu-leu dans une directions, et les piétons dans les deux sens. Autant dire qu’il n’est pas possible de croiser sur le trottoir, et que la seule option consiste à mettre un pied sur la route au péril de sa vie…

Vue sur la place centrale de Cusco depuis la terrasse en hauteur d’un bar

Malgré les nombreux avertissements de notre guide de voyage concernant le sorroche, les terrasses en hauteurs autour de la Plaza de Armas (nom générique à toutes les places principales au Pérou et en Bolivie) sont bien trop jolies pour renoncer à une bière bien méritée. Nous poursuivons ensuite notre visite de la ville en passant par le marché où nous dégustons un jus de fruit, et par le quartier San Blas et ses ruelles piétonnes en pente.

Place San Blas

L’épilogue

Puits arabe

La fin des vacances se partage entre la visite de Saint-Pierre, un peu de baignade, puis une excursion dans le sud sauvage de l’île en voiture de location: Pointe de la table, puits arabe, cap méchant, grande Anse, etc. Puis c’est déjà le moment de retourner sur Saint-Denis avec la voiture, avec un petit détour par le village des Makes et par la plage de l’Etang-Salé avant de traverser Saint-Denis paralysée par la circulation et de reprendre l’avion pour Paris (qu’il faut aussi traverser en car Air France, sur des périphériques laids et bouchonnés, et avec un chauffeur qui se perd et qui doit demander son chemin à un passager). Nous voici de retour dans la réalité…

Port de Saint-Pierre avec le cirque de Cilaos en arrière-plan.

 

la journée de la fin

Gîte de Basse Vallée – Basse Vallée

L’étape du jour est courte : environ 2h00 et 600 mètres de descente pour atteindre Basse Vallée et la route qui fait le tour de l’île. Le sentier reste magnifique jusqu’à la fin, sans aucune zone de transition longuette. Nous sommes principalement dans la forêt (toujours très touffue) et les goyaviers. Un peu plus bas, nous traversons des plantations de vanille : les plants de vanille, tel le lierre ont besoin d’un tuteur naturel pour pousser, et de nombreux plants de vanille s’accrochent donc aux troncs des arbres qui bordent le chemin. Lorsque nous approchons de la fin du sentier, Jean-Jacques et Claire déclarent qu’ils auraient bien continué encore quelques jours. Ca n’a donc pas été si terrible que ça ! Mais maintenant que la randonnée est finie, place à quelques jours de repos au bord de la mer. Il faut déjà prendre le bus, qui nous conduit à Saint-Pierre pour un prix dérisoire, puis parlementer à l’hôtel qui s’est planté dans la réservation.

c’est la fin du sentier GRR2!

Enfin, nous pouvons se détendre un moment sur la plage, enfin presque, par ce que le vent est tellement fort que le sable s’envole. Depuis le port de Saint-Pierre, on aperçoit le cirque de cilaos, le col du Taïbit et les sommets découpés qui bordent le cirque.

Profil -Étape n° 12

 

  • Départ: Gîte de Basse Vallée (724m)
  • Arrivée: Basse Vallée (55m)
  • Distance: 4.9 km
  • Cumul: 173.9 km
  • Durée (sans pauses): 1h59
  • Dénivelé: +22m / -581m
  • Cumul: +11542m / -11549m

 

la journée de la descente

Gîte du Volcan – Gîte de Basse Vallée

Aujourd’hui, descente vertigineuse depuis le volcan vers le gîte de Basse-Vallée 1868 mètres plus bas. Contrairement aux 2 jours précédents, la brume est montée jusqu’au niveau du gîte. Mais vu que nous sommes plus tôt que d’habitude, en prévision de l’étape assez longue, et que le soleil n’est pas encore levé, nous espérons que sa chaleur aura tôt fait de disperser le brouillard. Il n’en n’est malheureusement rien, et après le petit déjeuner, nous partons dans une atmosphère fraîche et humide. Après quelques minutes, le vent se lève et il commence à faire vraiment froid, puis le brouillard tourne au crachin, et il faut vite sortir les vestes imperméables. Décidément, il faudra que je retourne à la Réunion une troisième fois, si je veux voir le volcan depuis le sommet du rempart en direction du piton de Bois Vert. Car comme lors de mon précédent passage, on ne voit pas à 10 mètres, et cette fois en plus, ça mouille et il fait froid.

Nous arrivons assez rapidement au piton de Bois Vert, qui marque le début de la descente. En effet, si nous avons déjà parcouru environ 8 kilomètres, nous sommes toujours à l’altitude de départ, c’est dire si la descente sera raide. Mais on a tout notre temps. Dès que l’on descend un peu, on passe sous les nuages. Le soleil apparaît, et il est temps de ranger les vestes imperméables.

Vue sur la côte

Le paysage est magnifique : le temps est maintenant complètement dégagé et l’on aperçoit la mer tout en bas. A notre hauteur s’élève une multitude de petits cônes volcaniques enfouis dans la végétation qui se résume à des petits buissons.

Mais au fur et à mesure que nous descendons, les arbres deviennent de plus en plus grand, et nous nous retrouvons rapidement dans une forêt tropicale dense et humide sur un sol de lave : tout est vert et noir ! A environ 1 heure du gîte, quelques gouttes se mettent à tomber. Difficile de savoir ce que cela va donner et si ça vaut la peine de sortir les imperméables. On les met quand même, et si on avait su, on aurait aussi mis les pantalons, car les quelques gouttes se transforment rapidement en une pluie tropicale torrentielle, ce que ne nous empêche tout de même pas de ramasser quelques goyaves ici et là. Le kiosque au pied duquel Matteo et moi avions dormi en 2009, nous fournit un abri à point nommé, puisque la pluie redouble d’intensité lorsque nous l’atteignons. Nous sommes d’ailleurs bientôt rejoint par deux autres randonneurs qui étaient aussi au gîte du Volcan. C’est l’occasion de faire une petite pause et de manger quelque chose. La pluie s’arrête enfin (ou du moins se réduit à presque rien) et nous en profitons pour parcourir la dernière demi-heure qui nous sépare du gîte.

Forêt tropicale sur la route vers Basse-Vallée

Le gîte de Basse-Vallée est situé dans un endroit décidément bien humide, et la pluie de cet après-midi qui nous a parue torrentielle n’a semblé être qu’une petite averse pour la gardienne, qui nous explique qu’il est impossible de faire sécher la lessive et que les draps moisissent… Chouette ! Le gîte est un peu glauque et manque d’entretien. Dans la salle-de-bains dont la lumière marche, la douche est fichue, et dans celle dont la douche marche, il n’y a pas de lumière (ça ne semble pas bien difficile de changer une ampoule non ?). Je suppose que c’est le mari de la gardienne qui est responsable de ça, et à le voir, c’est pas près d’être réparé…

Profil -Étape n° 12

  • Départ: Gîte du volcan (2261m)
  • Arrivée: Gîte de Basse Vallée (624m)
  • Distance: 17.9 km
  • Cumul: 169 km
  • Durée (sans pauses): 6h37
  • Dénivelé: +222m / -1868m
  • Cumul: +11520m / -10968m

 

la journée de la lave

Piton de la fournaise

C’est la journée de “repos” aujourd’hui, même si on va quand même marcher presque 13 km. Mais au moins nous n’avons pas à porter les sacs. Au programme : l’ascension du Piton de la Fournaise. A la différence de mon précédent passage en 2009, le sentier qui mène au sommet a été rouvert, et c’est donc l’occasion d’aller voir l’intérieur du cratère Dolomieu.

Dans l’enclos du piton de la fournaise

Depuis le gîte, on commence par monter jusqu’au pas de Bellecombe, d’où l’on descend au fond de la caldeira via une série d’escaliers. S’en suit une partie en pente douce sur de la lave très dure et stable. Un fois passé la chapelle de Rosemont (Lé fai pou prié pas pou pissé), la pente se fait plus raide sur un terrain plus instable. En plus de monter, le sentier tourne aussi autour du volcan, puisque la chapelle se trouve au Nord-Ouest, et le sentier atteint le bord du cratère au Sud-Est. Le ciel est bleu au sommet, mais il y a des nuages plus bas, et on ne voit pas la côte. Le cratère forme une impressionnante dépression et a l’air bien calme… tant mieux.

Nous redescendons ensuite par le même chemin et pique-niquons dans l’enclos avant de profiter du soleil sur la terrasse du gîte. Aujourd’hui encore le soleil aura brillé jusqu’à son coucher.

Profil -Étape n° 11

  • Départ: Gîte du volcan (2261m)
  • Arrivée: Gîte du volcan (2261m)
  • Distance: 12.7 km
  • Cumul: 151.1 km
  • Durée (sans pauses): 4h30
  • Dénivelé: +720m / -720m
  • Cumul: +11298m / -9100m

 

la journée des pantalons propres

Bourg Murat – Gîte du Volcan

Petit déjeuner royal le matin, puis nous nous préparons pour la montée au volcan, qui selon mes souvenirs consiste en une pente pas trop raide, sur un chemin sec et globalement non boueux (mais si si, je vous l’assure. Lisez le passage de 2009!). Jean-Jacques a d’ailleurs lavé ses pantalons boueux de la veille vu qu’il ne devrait pas les salir. Le beau-frère de l’invisible monsieur Le Bon arrive à l’heure prévue, et nous prenons place dans sa voiture. Claire est à nouveau chargée de protéger le trésor du chauffeur. Nous lui demandons de nous laisser où il nous avait pris afin de continuer notre traversée où nous l’avons laissée, mais il s’avère être difficile de faire arrêter notre chauffeur qui tient absolument à nous pousser un bout plus loin. Nous commençons ensuite la montée qui débute dans les champs.

Vue sur la plaine des cafres et le piton des neiges depuis le Piton Rouge (1926 m)

Lorsque nous avions fait la traversée avec Matteo, nous avons plusieurs fois loupé des bifurcations, car le balisage du chemin est souvent très discret : il faut avoir l’oeil. Mais cette fois avec le gps et le parcours de 2009, ce genre de problème a été presque totalement absent. Mais voilà qu’aujourd’hui, après quelques kilomètres de marche, un panneau de balisage du GRR2 à moitié dissimulé dans l’herbe est clair : il faut tourner à gauche. Pourtant mon gps indique clairement que Matteo et moi avions passé tout droit. En sortant la carte, il apparaît donc que nous avions loupé ce panneau avec Matteo, et avions suivi une variante du GRR2, qui rejoint le sentier principal au piton Textor. Cette fois, nous décidons de suivre le sentier officiel, qui passe par la forêt et plusieurs petits sommets. Première étape : le Piton Rouge, et ça monte sec pour y arriver. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que ça montait en pente douce ?” “Heu oui, mais on n’avait pas pris ce chemin !”. Après être redescendu sur l’autre flanc du piton rouge, nous rencontrons une zone fortement boueuse, bien pire que le jour précédent. Marcher au centre du chemin est impossible, car les chaussures s’enfonceraient complétement. D’ailleurs, il y a des traces de personnes ayant marché pieds nus, ce qui semble être une solution, à part qu’il faudrait pouvoir se nettoyer les pieds une fois la boue finie pour pouvoir remettre chaussettes et chaussures. Nous prenons donc une approche différente, qui consiste à marcher sur les flancs du sentier, tout en s’accrochant aux branches des arbres qui bordent le sentier. Heureusement, après quelques centaines de mètres le chemin devient moins boueux. On rencontre d’autre passage boueux un peu plus loin, mais moins problématiques que le précédent. Bien sûr les pantalons de Jean-Jacques sont tout crottés. “Dis, Samuel, tu ne nous avais pas dit que le chemin n’était pas boueux ?”.

Pause fruits et biscuits à l’oratoire Ste-Thérèse

Une fois arrivés au piton Textor, nous nous arrêtons pour pique-niquer. Depuis là, le paysage est nettement plus minéral, et nous ne rencontrerons pas de boue. Nous arrivons ensuite à l’oratoire Ste. Thérèse et profitons d’un panorama totalement dégagé sur le piton de la Fournaise, le plateau de la rivière de l’Est, et au fond, l’océan indien. Nous arrêtons quelques instant pour profiter de la vue et manger une pomme. On aperçoit le gîte, mais il semble encore assez loin.

Sur la plaine des sables, à proximité du piton de la fournaise

On descend ensuite sur le plateau des basaltes, puis ensuite jusque sur la plaine des sables, vaste étendue minérale, que nous traversons. Nous arrivons ensuite au gîte, sous un soleil radieux : point de nuage aujourd’hui, et nous pouvons profiter de lire dehors jusqu’au coucher du soleil. Par contre, dès qu’il disparaît la température chute de manière vertigineuse, autant dehors qu’à l’intérieur du dortoir.

Profil -Étape n° 10

 

  • Départ: Pont de Trente (1616m)
  • Arrivée: Gîte du volcan (2261m)
  • Distance: 18.6 km
  • Cumul: 138.4 km
  • Durée (sans pauses): 6h02
  • Dénivelé: +1111m / -478m
  • Cumul: +10578m / -8380m

 

la journée du beau-frère

Caverne Dufour – Bourg Murat

Personne ne sera surpris d’apprendre que l’on dort vraiment mal au clapier de la cabane Dufour. A 4 heures lorsque les gens commencent à partir pour l’ascension au sommet, nous pourrions peut-être trouver l’occasion de dormir un peu, mais c’est sans compter sur Claire qui commence à ronfler, et sur deux pipelettes qui sont aussi restées à la cabane et qui causent dans le réfectoire. Enfin 6h30 arrive, et c’est le moment de sortir du lit pour contempler le lever du soleil que l’on peut aussi très bien admirer depuis la terrasse du gîte. Il fait encore très froid, mais le spectacle est magnifique et le panorama qui s’étend devant nos yeux (plaine des cafres, piton de la Fournaise, côte de l’île…) est bien dégagé.

C’est déjà un peu boueux, mais on n’a encore rien vu!

C’est ensuite l’heure de prendre le petit-déjeuner. Bizarrement, alors que le refuge possède une salle à manger avec une superbe vue (dont on n’a pas pu profiter lors du souper hier puisqu’il faisait complétement nuit), le plateau d’hôpital qui fait office de repas nous est servi dans un horrible espace tout sombre à la sortie des chambres, par un type qui a l’air de se faire chier royalement. Au mur, il y a une pancarte qui explique que nous sommes en altitude, ce qui limite les services qui peuvent être offerts (mais est-ce que ça justifie la gueule du gérant ?). Ceci fait un peu sourire, quand on compare au service offert dans les cabanes en Suisse dans des conditions climatiques bien plus difficiles et à des altitudes plus élevées. Mais passons ! On savait dès le départ que ce serait le gîte le moins agréable, mais il n’était pas possible de l’éviter…

Vue sur la forêt primaire de Bébour

Nous partons donc sitôt nos estomacs remplis pour cette étape qui s’annonce assez longue, d’une part question kilomètres (environ 15), mais surtout à cause du terrain qui est particulièrement boueux. Mais heureusement, nous avons bien assez de temps. La première partie du trajet cependant est sèche, mais nous ne progressons pas pour autant rapidement, car le chemin est parsemé de pierres couvertes d’une petite couche de givre, ce qui semble poser problème à Claire, qui prend plus l’allure de l’escargot que celle de la chèvre agile.

Lorsque l’on quitte le coteau Kerveguen, le chemin s’enfonce dans la forêt, et devient plus boueux. Mais c’est surtout après une abrupte montée sur un petit sommet, lorsque l’on bascule sur la pente qui descend sur Bourg Murat que la boue se montre dans toute sa splendeur, avec un chemin parsemé de petits bouts de bois sur lesquels il faut marcher pour ne pas que notre pied s’enfonce.

Mais malgré cela, nous progressons rapidement, et vers 14h30, nous voici aux kiosques de l’aire de pique-nique du pont de trente, là où Matteo et moi avions passé la nuit. Pour nous éviter les 3km de marche le long de la route nationale, nous avions pris le numéro d’un taxi des environs : Monsieur Le Bon, avec qui nous avions déjà pré-arrangé la course ; il suffit juste de le rappeler lorsque nous sommes arrivés, ce que nous faisons. Une voiture grise devrait venir nous chercher d’ici une dizaine de minutes. Lorsque ladite voiture arrive, nous faisons connaissance avec son chauffeur très bavard et sympathique, qui se trouve être le beau-frère de M. Le Bon, et qui a aussi une entreprise, « mais pas la même que celle de mon beau-frère ». Claire se voit promue au rang de gardienne du « trésor » (la sacoche du chauffeur), et nous voici en route pour un court trajet (bien animé), mais qui aurait été ennuyeux voire dangereux de faire à pied. Nous sommes déposés à la chambre d’hôtes de Clément Alicalapa-Tenon, mais pas avant d’avoir pris rendez-vous pour le lendemain afin d’effectuer le même trajet dans l’autre sens.

La halte du jour est très contrastée avec celle d’hier : propriétaire sympathique et accueillant, lit douillet dans lequel nous pourrons passer une bonne nuit de sommeil, propreté etc. Le repas du soir cuisiné par nos hôtes est très bon, avec notamment un poulet à la vanille dont nous nous souviendrons.

Profil -Étape n° 9

  • Départ: Caverne Dufour (2496m)
  • Arrivée: Pont de Trente (1616m)
  • Distance: 14.7 km
  • Cumul: 119.8 km
  • Durée (sans pauses): 6h03
  • Dénivelé: +241m / -1118m
  • Cumul: +9467m / -7902m