Pris en charge

Trajet : En car aux îles Orcades

Une rue de Stromness, dans les îles Orcades

Aujourd’hui, nous goûtons aux joies du voyage organisé, puisqu’après notre traversée vers Bruwick sur les îles Orcades, nous montons dans un car qui va nous balader toute la journée. En prime, les commentaires éclairés du chauffeurs, surtout intéressé par le passé militaire des îles, et le rôle du port naturel formé par les îles durant les deux guerres mondiales. Une partie de la flotte allemande s’y saborda lors de la première, et la royal navy y stationna durant la seconde. Un U-boat allemand parvint cependant à se glisser dans l’archipel et à torpiller un navire. Suite à cela, un camp de prisonniers de guerre italiens fut installé sur les îles pour construire des digues entre les îles. Dans leur camp, les Italiens furent autorisés à transformer 2 baraquements en chapelle, et c’est notre premier arrêt de la journée.

En entrant à l’intérieur, force nous est de constater que malgré le rude climat et le travail – non moins rude – de construction des digues, les prisonniers italiens n’avaient pas perdu une miette de leur goût pour le rococo dégoulinant. Il faut tout de même dire que le travail accompli est impressionnant : à l’intérieur, tout est peint en trompe l’oeil.

 

Ring of Brodgar sur les îles Orcades

Deux sites archéologiques rendent la visite des îles très intéressante : Skara Brae, un village préhistorique qui a été habité il y a 5000 ans, et le Ring of Brodgar, un anneau de 27 pierres debout qui en comptaient 60 à l’origine. On passe la fin de l’après-midi à Kirkwall où à 18h00, les jeunes sont déjà pompette (quand c’est pas bourrés comme des barriques).

Il faut aussi mentionner la présence sur l’île d’une race bizarre de moutons à 4 cornes. En plus de la paire tordue qui pousse sur leurs cousins normalement constitués, ces moutons-là possèdent en plus une grande paire frontale qui les rend assez démoniaques.

IRN-BRU

Trajet : Wick – John O’Groats : 92 km

Sinclar Castle, ou plutôt ce qu’il en reste…

Les châteaux des alentours de Wick sont aussi en ruines que son économie, et du Old Wick castle, il ne reste pas grand chose d’ailleurs, mais au moins la balade côtière nous aura un peu aérés. La seconde ruine (Sinclair Castle) est nettement mieux conservée, mais des travaux de rénovation nous empêchent de visiter l’intérieur et nous devons nous contenter de la vue depuis le chemin. Notre route se poursuit vers un endroit assez controversé : John O’Groats, petite bourgade qui usurpe le titre de “point le plus au nord de la Grande-Bretagne” (sans compter les îles), ce qui n’est pas sans nous rappeler quelque chose. Tourisme de masse, quand tu nous tiens. (Le titre revient en fait à une pointe que l’on visitera plus tard dans la journée.) L’endroit, comme on peut justement s’y attendre est un vrai village à touristes avec gifts shops en veux-tu en voilà. Le lonely planet traite l’endroit de “honte de l’Écosse”, et le GDR n’est guère plus tendre. Nous nous y arrêtons toutefois, car de là opère une compagnie qui organise des traversées en Ferry vers les îles Orcades, avec transport en car vers les principaux points d’intérêt. Nous prenons des billets pour le lendemain.

Nous picniquons sur place et testons la boisson gazeuse nationale. L’Irn-Bru est à l’Ecosse ce que le Rivella est à la Suisse, mais en nettement moins bon! Orange vif, la boisson à un goût de chewing-gum, mais est sensée être un excellent remède contre la gueule de bois. Dans l’après-midi, nous visitons les diverses places dignes d’intérêt autour de John O’Groats. On commence par Duncansby head où nous longeons des falaises impressionnantes et apercevons quelques phoques qui nous regardent très intrigués. Suit Dunnet head, le véritable Nord géographique de la Grande-Bretagne.

Nous nous posons ensuite au camping de John O’Groats et profitons de cette journée qui se termine plus tôt que d’habitude pour lire et se reposer. Le soir, pour se réchauffer après le repas (j’ai quand même 5 couches d’habits dans ce pays de fous!), nous allons boire un verre à l’auberge du coin et observons un Jedi montrer sa maîtrise de la Force au billard pendant qu’à la TV passe une émission sur le bricolage à la maison. On apprend ainsi comment faire un cadre à photo en bois et le COLLER (???) au mur, isoler un tuyau d’eau et isoler un toit avec de la laine de verre. Le tout destiné aussi bien aux bricoleurs qu’aux bricoleuses…

Ah mon beau château…

Trajet : Inverness – Wick : 246 km

Le phare de Tarbat Ness, particulièrement haut comparé aux phares nains qui sont légion en Écosse.

Nous nous dirigeons vers le coin Nord-Ouest de l’Écosse et notre itinéraire passe par une petite station thermale victorienne bien proprette. Le temps est assez étrange, puisque le soleil montre le bout de son nez quelque temps, puis est suivi d’averses assez violentes. Ce phénomène se poursuivra toute la journée. Lors de notre passage sur la jolie péninsule de Portmahomack, nous assistons à un exercice des forces aériennes, avec plusieurs Tornados passant en rase motte sur la côte. Dîner avec le soleil (fait assez rare pour qu’il mérite d’être mentionné) et des mouettes qui semblaient très désireuses de s’attribuer nos restes. Nous étions à deux doigts de jeter à leur “chef” un bout de pain généreusement enrobé de notre terrible moutarde anglaise pour le faire exploser sur place.

De passage à Tain, arrêt obligatoire à la distillerie Glenmorangie pour la visite guidée et la dégustation de ce single malt, figurant parmi les préférés des écossais. Le secret, paraît-il provient du fait que la distillerie possède les alambics les plus hauts d’Écosse.

Dunrobin Castle

On s’arrête ensuite pour une pause photo devant Dunrobin Castle, le plus grand et le plus beau des châteaux des Highlands. Il a un petit air de château français (probablement la raison pour laquelle le GDR lui met 3 “sacs à dos”)qui le rend nettement moins austère que les habituels châteaux écossais. Nous poursuivons jusqu’à Wick, une ville plongée dans la morosité économique qui déteint pas mal sur l’ambiance du centre ville en soirée : assez morne, donc.

Bonnie Prince Charlie en fuite…

Trajet : Autour d’Inverness : 74 km

Journée autour d’Inverness. Etant donné qu’il pleut le matin (pour changer!), nous commençons par la visite du château de Cawdor, qui a beaucoup de charme. Dans chaque pièce, un petit panneau explicatif avec ici ou là une touche d’humour british, que l’on ne s’attend pas trop à trouver dans pareil endroit… Parmi les curiosités, notons le donjon caché (dont la trappe se trouve sous l’ancienne porte d’entrée, et la cellule aveugle sous la cheminée pour dissimuler bruits et odeurs!) et the “torn tree room”, pièce sombre et lugubre au centre de laquelle est planté un arbre mort contre lequel s’est jadis couché un âne et qui a servi d’emplacement autour duquel s’est construit le château. L’arbre est mort par absence de lumière (tu m’étonnes!) aux environs de 1370. On dirait un peu l’arbre blanc du Gondor.

La pluie s’est miraculeusement arrêté de tomber lorsque nous sortons du château et nous continuons vers Fort George, fantastique et gigantesque forteresse bâtie au bord du détroit menant à Inverness. Contrairement à ce que nous avions pensé, il ne s’agit pas là d’un fort pour protéger la ville d’une attaque navale, mais pour protéger les troupes du gouvernement contre des soulèvements des Highlanders. Assez bizarrement, le fort est toujours utilisé comme caserne tout en étant ouvert au public. Nous déambulons donc au milieu des soldats, qui doivent effectuer leurs exercices avec des centaines d’yeux braqués sur eux. (Nous avons pu voir des soldats “éteindre” une pelouse lors d’un exercice de pompier). Toutes les armées du monde doivent se ressembler, car l’événement le plus important de la journée au fort semblait être l’installation d’un distributeur de mars.

Le fort a été construit juste après la cuisante défaite des Highlander à Culloden qui a mis un terme aux prétentions royales de Bonnie Prince Charlie. Nous nous rendons donc ensuite sur place et nous promenons sur le champ de bataille, prenant successivement place sur les lignes anglaises et écossaises. Visite d’Inverness, où il n’y a rien à voir et à faire, à part secouer un pont suspendu pour piétons, au plus grand agacement d’une greluche armée d’un caméscope. Son agacement s’est d’ailleurs transformé en regard assassin lorsqu’elle a remarqué nos sourires reliant nos deux oreilles.

Un éternel absent

Trajet : Ardelve – Inverness : 208 km

S’il y a un jour pour devenir riche et célèbre, c’est bien celui-là, puisque nous allons remonter le terrible loch Ness et qu’une photo de l’insaisissable Nessie nous propulserait de suite au rang de gloires internationales. Malheureusement, Nessie est aux abonnés absents et nous devrons attendre afin de bénéficier de la reconnaissance mondiale que l’on mérite, par exemple en recevant le prix Nobel de la paix pour l’invention d’un plat de Haggis pré-cuisiné en kit pour campeurs écossais en goguette (avec dague en plastique thermomoulé pour le sacrifice rituel lors duquel la pense est ouverte pour laisser apparaître l’intérieur encore fumant).

En l’absence du principal intéressé, le loch Ness n’offre en fait que peu d’intérêt. Les ruines d’Urquhart Castle sont devenues une extorsion touristique, et heureusement que les arbres en bordure du parking n’ont encore pas trop poussé, ce qui nous permet d’admirer le château sans entrer sur le site. On s’éloigne un peu du Loch pour se balader dans une charmante vallée, le Glen Affric. Dommage qu’il pleuve! Véritable attaque de midges au parking, mais quand on se déplace, la situation s’améliore.

On poursuit ensuite vers Inverness en évitant comme la peste le bled des chasseurs de monstres et ses innombrables attrape-touristes. A Inverness, le camping est à 15 min à pied du centre ville en suivant la rivière Ness, et on décide d’aller y manger. Malheureusement, nous suivons le canal calédonien au lieu de la rivière, et celui-ci contourne la ville! Il nous faut donc un peu plus de temps que prévu pour atteindre le centre, mais grâce à cette petite marche, Florent a bien mérité son Haggis, toujours pas servi à l’intérieur d’une pense, à l’instar de sa première tentative à Edinburgh.

Talisker

Trajet : Sligachan – Ardelve : 221 km

On visite la péninsule Nord-Ouest aujourd’hui, avec notamment une petite balade le long des falaises et d’une plage parsemée de déchets. Au fond d’un trou, une ruine de ferme et une baraque manoir tristounette à souhait, le tout copieusement entouré de boue. Il faut avoir le moral solide pour habiter là. Dans la prairie, rencontre avec deux moutons qui ont dû échapper à la tonte depuis de nombreuses années…

Péninsule de Waternish

Étape suivante : le château des McLeod, en bien meilleur état que la ruine des McDonald visitée 2 jours avant. Il semblerait que la gueguerre des clans n’ait pas profité à ces derniers, qui selon la légende auraient émigré aux USA pour se lancer dans la gastronomie.

Le GDR recommande de poursuivre jusqu’à Neist point pour profiter d’un joli panorama, mais prévient que la descente est difficile. Arrivés sur place, nous constatons qu’il s’agit d’un chemin goudronné et d’escaliers en béton. Comparé au Lonely Planet qui décrivait l’itinéraire précédent comme facile, on s’aperçoit qu’il y a deux poids deux mesures. (Ce qui n’est pas étonnant quand on regarde quelle proportion les sections “Où boire un verre et “où manger” occupent dans le GDR : les rédacteurs doivent passer plus de temps en face d’une bière que d’un mouton dans la lande!).

Vache des Highlands

Notre prochaine et dernière étape sur l’île de Skye consiste en la visite de la distillerie Talisker qui produit l’un des single malts les plus tourbés d’Ecosse. Malheureusement, notre budget ne nous permet pas de repartir avec une bouteille de 25 ans d’âge.

Bad Step

Trajet : Sligachan – Sligachan (boucle dans l’île de Skye) : 68 km

La tempête a continué pendant une bonne partie de la nuit, par contre le matin, pas question de dormir un peu, puisque avant 8h00, l’équipe de “Monodent” a décidé de s’écouter un CD d’un troubadour écossais qui chante en roulant les r et raconte des histoires (en roulant les r aussi bien sûr). Ceci a déclenché nos deux autres voisins motards qui ont décidé de faire chauffer leurs Harley en mettant des gaz, histoire de réveiller tout le camping. La tempête partie, ce sont les midges qui font leur apparition, et la mode “tête dans le sac” fait son grand retour en force sur le terrain. “Monodent” avait d’ailleurs mis le sien de travers.

Marche le long de la côte de l’île de Skye

Nous partons ensuite pour une marche d’une journée (cette fois avec carte et GPSr) sur la côte aux pieds des montagnes Cuillins. L’itinéraire est recommandé par le Lonely Planet et décrit comme “facile”. Mais bien vite, nous avons affaire à un petit problème : une rivière coule devant nous mais il semblerait que quelqu’un ait omis d’y construire un pont. Nous choisissons donc l’endroit où elle est le plus large pour traverser, afin de minimiser la profondeur et le courant.

Il semble qu’il manque un pont à cette rivière. Heureusement l’eau n’est pas froide, mais les cailloux sont glissants!

On enlève nos chaussures et nous nous aventurons dans l’eau, heureusement pas trop froide. Toutefois, le courant est assez fort, et nous avons de l’eau jusqu’au genoux. De plus, il semblerait qu’un petit rigolo ait passé toutes les pierres du lit de la rivière au savon noir, car c’est extrêmement glissant. Nous traversons tant bien que mal les 15 m de la rivière, pour ensuite s’apercevoir que nous l’avons franchie à un endroit que la mer recouvre à marée haute. Il nous faudra donc trouver un autre point de traversée au retour.

La suite du chemin suit la côte aux pieds des montagnes dans un terrain saturé d’eau : un vrai marais en pente! (il n’y a qu’en écosse que ça se trouve ça!). Le but de notre randonnée est maintenant en vue : une vallée encaissée entourée de pics acérés et au fond de laquelle se trouve un petit loch. Il reste tout de même un petit obstacle à franchir : une masse rocheuse suspendue au-dessus des flots et nommée le Bad Step. Sur la carte, le chemin s’arrête d’un côté du bloc de rocher et reprend de l’autre, sans informations sur la manière de négocier l’obstacle. On le contourne par le haut en crapahutant dans les rochers, puis nous arrivons aux portes du loch Coruisk, le but de notre sortie.

Arivée au Loch Coruisk. Il reste à franchir le Bad Step

Nous nous apprêtons à pic-niquer tout en savourant le magnifique panorama chèrement gagné, lorsque nous nous apercevons que l’endroit grouille de touristes : un petit malin les amène en bateau pour £13. Maigre consolation : nous occupons le plus beau point de vue, qui reste inaccessible pour les touristes venus en bateau, car séparé par une rivière.

Le magnifique panorama des abords loch Coruisk valait bien l’effort

Au retour, Florent remarque une fissure qui court le long du Bad Step et qui doit être le passage officiel. Les pieds sur la fissure, les mains contre le rocher, 5m de vide puis l’eau (probablement assez froide), voilà la situation de laquelle Florent m’a extrait en faisant le singe acrobate pour me dire où poser les pieds. Autant dire que l’on n’a pas croisé grand monde sur cet itinéraire! Au camping, la mode tête dans le sac bat toujours son plein, sans pour autant que nous prenions part aux réjouissances. Certains arrivent même à boire et à fumer à travers leur accoutrement. Par contre, nous n’avons vu personne manger…

Regardez, il pleut du crachin!

Trajet : Sligachan – Sligachan (boucle dans l’île de Skye) : 153 km

Regardez, il pleut du crachin; regardez, je crache des bouts de pain… Cet hymne guerrier breton s’applique visiblement aussi à l’île de Skye, à voir la légère bruine qui tombe, ainsi que notre voisin de camping édenté que j’ai affectueusement surnommé “Monodent”.

Départ pour la visite du Nord de l’île de Skye. Les nuages sont extrêmement bas, ce qui fait que même si l’on a un tant soit peu de visibilité au niveau de la côte, tous les sommets sont complètement dissimulés dans la purée de pois. La première curiosité géologique sur notre passage, the old man of Storr, pourtant normalement visible depuis la route, reste totalement hors d’atteinte de nos regards perçant d’aigle. Mais vu qu’un chemin au fort dénivelé (300m) nous amène à son pied, on se dit que si on ne peut pas voir ce représentant en stores (en fait un énorme pilier rocheux de plus de 50m de haut) de loin, et bien on ira le voir de près. Sauf qu’arrivés sur place, on a failli le louper, vu les 10m (à peine) de visibilité dont on jouissait. Tout ce que l’on a vu, ce sont les pieds, ou plutôt LE pied (mais un gros!), du “old man”, et on ne parle pas du vent tempétueux qui nous empêchaient de tenir debout. On redescend donc sur la côte et longeons les falaises. Cependant une formation rocheuses, les Quiraing nous pousse à remonter en altitude pour une petite balade. Grossière erreur, puisque la situation est identique à celle du Old Man of Storr. Les formations rocheuses, nous n’en avons pas vu l’ombre d’une seule, puisqu’à part le sentier et une masse grise de brouillard, on ne discernait pas grand chose. On a d’ailleurs réussi à se perdre dans cet endroit que le GDR décrit très justement comme un véritable labyrinthe. Alors que notre itinéraire formait une boucle, nous avons été contraints de revenir sur nos pas afin de retrouver la voiture… dans laquelle était resté le récepteur GPS de Florent.

 

La péninsule Nord de l’île de Skye

Retour sur la côte et visite des ruines du château du clan MacDonald. Il parait qu’il est hanté par le fantôme d’un enfant qu’une nurse “maladroite” aurait lâché par la fenêtre. Dommage qu’il ne s’agissait pas de Ronald, car cela aurait épargné le monde d’une piteuse calamité gastronomique. De retour au camping, une pluie fine se met à tomber et se transforme rapidement en déluge tempétueux. Il faut installer notre bâche. Mais si nous avons réussi à trouver de la cordelette à Tobermory, nous n’avons toujours pas de baguettes, et c’est pas sur cette île que nous allons trouver des arbres! Nous voici donc forcés de coincer un pan de la bâche dans les portes de la voiture et de former un triangle sous lequel nous arrivons juste à nous placer pour cuisiner et manger au sec… mais pas en silence, car le vent agite sans merci notre bâche. Un compositeur aurait été probablement inspiré pour écrire une symphonie pour bâche, cornemuse et orchestre, l’eût-on invité sous notre luxueuse installation. Nous partons boire une verre au pub du coin, et lorsqu’on le quitte pour aller se coucher, nous constatons qu’il pleut et souffle toujours autant.

Terrain de camping spartiate à Sligachan. C’est mieux que la tempête d’hier soir. Cette fois, pas besoin de cuisiner sous une bâche.

La moutarde nous monte au nez

Trajet : Craignure – Sligachan : 382 km

Cette fois, la chance météo nous abandonne, et bien qu’il ne pleuve pas lorsque l’on sort de la tente, plusieurs averses sont déjà tombées tôt ce matin. On commence par la visite de Tobermory qui, en plus d’être un petit port aux maisons colorées, possède le seul distributeur de billets de l’île de Mull, convoité par Florent depuis déjà un moment. Nous poursuivons notre tour de l’île sur une route de campagne semblant mener à la fin du monde. Nous renonçons à la visite du musée de Dervaig, malgré son “attraction majeure” : une maquette de moucheron de 40 cm! La pluie s’installe et nous n’avons d’autres choix que de poursuivre l’itinéraire touristique qui nous ramène au ferry. Nous retournons sur la terre ferme et nous arrêtons pour pique-niquer. C’est l’inauguration de notre moutarde anglaise achetée la veille. L’expression “La moutarde me monte au nez” prend tout son sens grâce à la puissance phénoménale de la chose qui nous fait littéralement cracher du feu par les naseaux.

Notre prochaine étape est l’île de Skye et l’itinéraire nous mène à travers d’impressionnantes montagnes avant d’arriver au Eilean Donan castle, l’un des châteaux les plus photographiés d’Ecosse, et nous nous joignons donc à la tradition grâce à quelques clic-clac-kodak bien placés. Lorsque nous arrivons sur l’île de Skye (par le biais d’un pont), il est déjà passablement tard, mais aucun camping ne semble localisé près du pont, et il nous faut parcourir quelques kilomètres avant de découvrir un petit terrain avec bloc sanitaire sur lequel on peut planter la tente.

Eilean Donan Castle, joliment situé sur le loch Duich

La tête dans le sac

Trajet : Craignure – Craignure (aller-retour dans l’île de Mull) : 113 km

Les réveils en écosse sont assez matinaux. Les jours précédents ils furent causés par des gamins turbulents (oxymoron) ou par des vaches affamées. Aujourd’hui, c’est l’arrivée du premier ferry qui met un terme à ma douce nuit de sommeil, et je constate avec stupeur qu’il fait chaud dans la tente. Croyez-moi si vous voulez, mais le soleil dardait notre palace de ses rayons généreux. Ceci dit, une fois hors de la tente, j’ai été forcé de constater que le vent rendait l’atmosphère fort fraîche, ce qui n’empêche nullement les écossais de gambader en shorts et T-shirts, comme s’ils voulaient (à tort) se persuader qu’ils vivaient dans un pays au climat tempéré et agréable.

D’ailleurs, lorsque nous arrivons au départ du ferry pour l’île d’Iona (après une heure de route à une voie mettant les nerfs à rude épreuve) le ciel s’est déjà lourdement chargé, mais sans toutefois nous cracher dessus. Il ne pleuvra en fait pas de toute la journée, faisant de ce jour le deuxième consécutif sans pluie. C’est sur la petite île d’Iona, que l’on atteint depuis l’extrémité de l’île de Mull, que débarqua d’Irlande St. Columba avec la ferme intention de christianiser l’Ecosse. Le pauvre, savait-il qu’il avait débarqué sur une toute petite île? Quoiqu’il en soit, lorsqu’il l’a remarqué, il s’est empressé de débarrasser l’îlot de ses femmes et ses vaches, car d’après lui, là où il y a des vaches, les femmes ne sont pas loin, et là où il y des femmes, il y a la zizanie. Depuis, ces deux espèces proscrites ont visiblement pu réintégrer l’île.

En plus des monument religieux, l’endroit possède notamment de magnifiques plages de sable blanc. L’eau, dont j’ai testé la température en y trempant mes pieds qui en sont ressortis gourds et sourds aux commandes issues par mon unité centrale, ne se prêtait pas du tout à la baignade. Florent déclare qu’en plein été, ces plages doivent être bien sympathiques, avant de réaliser que l’été ne deviendra vraisemblablement pas plus “plein” qu’il ne l’est déjà.

Nous nous aventurons ensuite dans la lande de l’île pour atteindre l’extrémité sud qui se révèle bien plus éloignée que prévu. De retour au camping, nous allons faire quelques courses et passons devant le très officiel “parking des toilettes de Craignure”… payant. Le vent est tombé, et les midges sont à présent de la fête (mais qui les a invités ?). Nous mettons de l’anti-Brumm pour les tenir éloignés, mais il semblerait que ce ne soit pas là la manière écossaise de procéder, puisqu’à quelques tentes de nous, nous apercevons un gaillard la tête plantée dans un sac de toile. Efficace peut-être, mais d’un ridicule à s’en rouler par terre.