Le gâteau n’était pas léger(*)!

La Paz – Chacaltaya – La Paz

Aujourd’hui nous allons à Chacaltaya, un sommet à 5380m, mais rien de physiquement bien impressionnant, puisqu’il n’y a que 150 mètres de dénivelé à faire à pied. Nous voulions y aller avec la même agence que le jour d’avant, mais ils ne voulaient pas faire l’excursion aujourd’hui, pour cause de manque de clients et de fête nationale bolivienne. Ils nous proposent de nous faire faire le même tour (Chacaltaya + vallée de la lune) en taxi, pour un prix tout à fait acceptable, et nous voici donc partis pour une petite virée en altitude avec notre chauffeur Alex et son taxi automatique. Dommage que la fête nationale bolivienne ne s’étende pas sur 365 jours par ans, par ce qu’aujourd’hui, il n’y a absolument aucun trafic.

Panorama depuis Chacaltaya

Sitôt sortis de la Paz, nous nous engageons sur une route non goudronnée et en assez mauvais état qu’il serait mieux de pratiquer en 4×4 qu’en taxi avec boîte automatique. Une fois un peu sur les hauteurs, nous pouvons contempler la Paz, dont les maisons partent à l’assaut des flancs montagneux abruptes qui la bordent, ainsi que son cancer métastaseux el Alto, sorte de tumeur incontrôlable et moche qui s’étend sur le plateau. Je décerne à El Alto le prix du coin où je voudrais le moins vivre parmi tous les endroits que j’ai visités. Par contre où nous nous trouvons, à quelque kilomètre de cette anarchie, le décor est grandiose et paisible. Nous apercevons Chacaltaya, où nous nous rendons, ainsi que Huayna Potosi, qui culmine à 6088m. Les derniers km de route sont assez accidentés, mais nous finissions par arriver au parking. Depuis là, une courte montée à pied nous permet d’atteindre le sommet de Chacaltaya, d’où nous jouissons d’une superbe vue sur les environs, dont la Paz, et même le lac Titicaca.

Les deux conquérants au sommet de Chacaltaya. En arrière plan: El Alto, le cancer de La Paz.

On redescend, traverse la Paz pour arriver à la vallée de la lune une formation géologique intéressante de terre érodée dans laquelle on peut se promener. Le soir, après le souper, nous remarquons un pub anglais en face du restaurant d’où nous sortons, mais avant d’aller boire une bière, nous voulons aller prendre un dessert, et nous redescendons donc jusqu’au restaurant du premier soir et ses tourtes appétissantes dont nous dégustons une (énorme) tranche sous le regard approbateur d’Audrey Hepburn. Lorsque nous ressortons, nous sommes sur le point d’exploser, et remonter jusqu’au bar s’avère être un tour de force.

(*) c.f. 24 juin 2012, dernier paragraphe

Tiwanaku

La Paz-Tiwanaku – La Paz

Aujourd’hui nous allons sur le site archéologique de Tiwanaku. Le bus passe nous prendre à l’hôtel, et nous allons ensuite chercher d’autres personnes dans d’autres hôtels. Et là, on se rend compte que le problème de la Paz est un peu plus sérieux qu’une simple urbanisation galopante, car les rues sont littéralement paralysées, et nous avançons centimètres par centimètres. Il nous faudra 1h10 pour sortir de la ville et parcourir les 3 km qui nous séparent d’el Alto. Ensuite, il faut encore 1h10 pour arriver à Tiwanaku, mais pour 70km de trajet. Au bord des routes, il y a de nombreuses affiches qui louent les mérites du président, et sur chacune d’elle une photo de l’intéressé tout sourire: Evo offre du gaz de chauffage à la Bolivie, Evo veut construire un télécabine entre la Paz et el Alto, Evo offre de convertir gratuitement les voitures pour fonctionner au gaz, etc.

Tiwanaku fût la capitale d’un gigantesque empire pré-inca, le site regroupe plusieurs curiosités archéologiques, dont la porte du soleil qui a inspiré Hergé pour son album “Tintin et le temple du soleil”. Notre billet nous donne accès aux différentes sections du site, à savoir 2 musées, ainsi que les ruines en plein air. Nous découvrons une nouvelle spécialité bureaucratique ridicule: notre billet a un numéro (jusque là rien de bien étonnant). Lorsque nous entrons dans chaque section du site, il faut présenter le précieux sésame dans lequel l’employé diligent perce un joli trou. Mais ce n’est pas tout: l’employé diligent possède aussi un grand livre dans lequel tous les numéros de billets ont été pré-inscrits à la main, au stylo bleu. Une fois le trou percé dans le billet, l’employé lit le numéro qui y est imprimé, cherche dans son livre le numéro correspondant, et met un vu à côté (si si, je ne vous mens pas). Nous sommes un groupe d’une quinzaine de personnes, alors je ne vous dis pas le temps que ça prend! Et encore, on a des numéros qui se suivent. Si j’étais le type à la caisse, je mélangerais les billets au début de la journée afin de les vendre dans un ordre aléatoire, histoire de compliquer le travail des employés diligents (qui ont bien sûr un fort joli uniforme, cela va de soi!).

De retour à la Paz, nous faisons le tour des agences de voyage pour organiser un tour du Salar d’Uyuni et désert du sud Lipez. Il y a deux difficultés de taille pour faire son choix. D’une part trouver une agence fiable. En effet, il semble que l’augmentation de la popularité de cette région a vu la création d’agences qui sont tout sauf sérieuses. Les problèmes rencontrés vont d’un entassement de 10 personnes dans une jeep pour 6, à l’absence de roue de secours, en passant par le chauffeur bourré. La seconde difficulté, c’est que nous aimerions rester 5 jours, afin d’avoir le temps de faire un peu de randonnée, mais la plupart des agences ont des circuits de 3 jours immuables, à croire qu’ils sont coulés dans le béton. On finit donc par prendre un tour sur mesure, ce qui nous permet de rester 5 jours, et d’aller où on veut. On verra bien sur place ce que cela donne, et si notre chauffeur boira l’essence du réservoir…

Miel en ours

Puno – La Paz

Nous sommes bien soulagés, au moment de monter dans le bus qui nous conduit à la Paz de constater que notre chauffeur n’est pas le type qui nous a vendu les billets, ce qui augmente grandement la probabilité d’arriver vivants. Après quelques heures de bus, nous arrivons à la frontière avec la Bolivie, qui n’a rien de commun avec les frontières désertes entre la Suisse et ses voisins européens. En plus de l’impressionnante colonne de voiture (que l’on court-circuite, n’allez pas me demander par quel passe-droit), nombre des personnes traversent la frontière à pied, sans compter les marchands vendant de la nourriture et des boissons, faisant du change, etc. Il nous faut descendre du bus, passer dans deux bureaux du côté péruviens avec nos passeport, afin d’y faire apposer les tampons ad hoc (de manière similaire à l’Europe de l’Est, les sud-américains sont friands d’uniformes, de tampons, de poinçonnage et de toute sortes de formulaires inutiles. Par exemple dans les hôtels, il faut toujours mettre sa profession, que je change chaque fois: hier à Puno, j’étais boulanger. C’est tout juste s’il ne faut pas indiquer sa taille ou son groupe sanguin). En Bolivie, il n’y a qu’un seul bureau à visiter dans lequel ce cirque se répète. Ensuite on remonte dans le bus jusqu’à Copacabana où l’on fait une courte pause à midi. On commande un burger avec une bière (Huari), et je regarde circonspect la bouteille d’un demi-litre que l’on nous amène. Je décide de n’en boire que la moitié. En effet, et rien à voir avec la bière elle même qui était très bonne, mais mon passage aux WC du bus durant le trajet ne m’a pas laissé un très bon souvenir: il n’y avait pas de lumière. En plus on doit changer de bus, et celui que l’on ne nous a montré ne me semble pas même avoir de WC, lumière ou pas. “Tu rigoles” me dit Matteo qui ne se permettrait jamais de partir avant d’avoir fini sa bière, “il y aura forcément des toilettes!”

Lorsque nous montons dans le bus, force est de constater qu’il n’y a pas la moindre trace de toilettes. Bon courage Matteo, la Paz, c’est encore assez loin. Nous nous installons et attendons le départ. Un groupe de jeunes étudiants américains sont dans le bus juste devant nous, et il ne tardent pas à sortir leur pique-nique de midi: pain toast, beurre de cacahuètes et miel en ours (i.e. Miel liquide dans une bouteille en forme d’ours): clichés quand vous nous tenez…

Après un moment, nous arrivons au détroit de Tiquina, sur le lac Titicaca qu’il s’agit de traverser en bac. Ceci donne l’occasion à Matteo d’aller aux toilettes, mais elles se trouvent de l’autre côté, et il va être contraint d’attendre encore un moment en contemplant de l’eau. Ce sera nos premiers WC publics en Bolivie, et il ne me laissent pas un souvenir impérissable! Le bus voyage sur quelques planches attachées ensemble sur lesquelles sont fixées un moteur, alors que nous, les passagers, nous prenons un petit bateau. On continue ensuite notre route en direction de la Paz.  L’américaine devant nous est malade, et je soupçonne le beurre de cacahuètes d’en être responsable, mais Matteo prétend qu’elle n’en a pas mangé. Peu avant la Paz nous nous arrêtons à une station service pour ceux voulant encore passer au petit coin, et l’américaine malade refuse de sortir. Résultat, lorsque l’on repart, elle se met à vomir. Matteo fait un commentaire sur la couleur du vomi (il est rouge-brun dit-il). Quant à moi, l’odeur me suffit, et j’évite de regarder le contenu du sachet. Nous traversons el Alto, la “banlieue” de la Paz à l’urbanisme incontrôlable (j’aurai l’occasion d’y revenir) qui se développe sur le plateau. Au bord de celui-ci, un impressionnante dépression dans laquelle se croit la Paz. A l’endroit où la route arrive en bordure du plateau et s’apprête à plonger sur la Paz, se trouve une statue de Che Guevara de 7 mètres de hauteur. Étant donné que nous sommes en Amérique du Sud, il semble logique de penser que cette statue est à l’honneur du Che et de ce qu’il représente (il est d’ailleurs entrain d’écraser un aigle: quelle subtile allégorie). Toutefois, si on avait voulu représenter le personnage comme un cinglé sanguinaire, on ne lui aurait pas mis un autre visage que celui de cette statue. A se demander si “l’artiste” n’était pas à la botte de la CIA. Nous descendons de 500 mètres avant d’arriver au centre de la ville où se trouve notre hôtel. Le soir, nous mangeons dans un restaurant à côté d’un cinéma. A noter: 1) les nombreuses photos des gloires de l’âge d’or du cinéma: Humphrey Bogart, Marlene Dietrich, Audrey Hepburn, Lauren Bacall et 2) les tourtes qui ont l’air délicieuses: nous laissons donc la place pour un dessert.

Le lead travler a encore frappé

Lac Titicaca

Visite des îles Uros et Taquile sur le lac Titicaca. Etant donné que nous avions prévu que l’on arriverait un peu tard le soir précédent pour organiser cette excursion, nous avions réservé via la Suisse avec Viator, comme pour la vallée sacrée. Matteo se retrouve donc propulsé une nouvelle fois au rang de “lead travler”. Encore une excursion avec eux, et il recevra la médaille de l’alpaga voyageur. Nous commençons par quelque minutes d’attente devant un hôtel par ce qu’un couple est en retard. Il semblerait que la réception a oublié de les réveiller. Mais à l’heure des smart phones, qui fait encore appel à ce service dont la fiabilité laisse souvent à désirer? Mais ce fût le seul petit point noir de la journée (ah non, il y en aura un autre, mais de ma faute).

Iles flottantes d’Uros sur le lac Titicaca

Nous montons dans un bateau et nous dirigeons vers les îles Uros, des îles artificielles faites de joncs sur lesquelles vivent le peuple du même nom, qui a choisi ce mode de vie autrefois afin de se protéger des incas agressifs. Aujourd’hui, de plus en plus de familles décident d’abandonner les îles pour aller vivre à Puno, et c’est seulement gâce/à cause des touristes que les autres restent. Toute la vie des Uros est basée sur le jonc qu’ils cultivent: ils en font leur îles flottantes, mais aussi leurs maisons, leur bateaux, et même une partie de leur nourriture (et qui selont eux est aussi bonne pour les dents, raison pour laquelle ils ne les lavent jamais…). Nous poursuivons notre traversée jusqu’à l’île de Taquile, pendant laquelle notre guide nous donne un grand nombre d’explication sur la vie autour du lac et ce qu’il représente pour la population locale. Elle le fait en espagnol et en anglais, mais il y a aussi un couple d’allemand ne parlant pas anglais. Ces derniers ont une guide personnelle qui ne ressemble à rien. Déjà “elle est maquillée, je vous dis pas, c’est une horreur”, et en plus, ses connaissances en allemand sont au mieux basiques. Alors que notre guide parle pendant plusieurs minutes, avant de laisser le soin à la guide allemande de prendre le relais, celle-ci se contente d’une phrase genre “Wir sind auf einem See”. Super!

Je pousse peut-être un gueule d’enterrement, mais à la différence de Matteo, je ne fais pas seulement semblant de manger le roseau…

On apprendra que sur l’île de Taquile les habitants vivent passablement isolés du reste du Pérou, et que les us et coutumes sont par conséquent assez différents. Par exemple, à l’inverse du reste du Pays, ce sont les hommes qui portent un couvre-chef, une sorte de bonnet au motif complexe qu’ils doivent confectionner eux même. Les hommes mariés portent un motif différent des célibataires, qui, selon la manière de porter le bonnet, se distinguent encore en deux sous-groupes: les financés et les libres comme l’air. Il n’y a pas de lois (ni d’avocats!), mais 3-4 règles de base qui règlent la vie de l’île. L’une de ces règles est “ne soit pas paresseux”, ce qui nous fait dire que le type nous ayant vendu le billet de bus à Cusco il y a 2 jours ne doit sûrement pas être un descendant de Taquile. Après une petite balade sur l’île et une truite du lac pour le repas, nous rentrons à Puno. Mon gps glisse hors de ma poche sur le bateau, et il a fallu faire quelques téléphones pour le récupérer. Après un mauvais souper (c’est rare que l’on soit mal tombé en choisissant les restaurants durant ces vacances), nous retournons au bar à cocktails moléculaire pour une nouvelle dose d’azote liquide.

La bière a 200 mètres de retard

Cusco – Puno

Nous quittons Cusco et sa région aujourd’hui pour nous rendre à Puno, au bord du lac Titicaca. Nous avons décidé d’y aller en train pour profiter au maximum des paysages, malgré le prix bien plus élevé que le bus. Dans la gare nous jetons un coup d’oeil aux autre voyageurs, et il semble y avoir grosso-modo 3 catégories. D’une part des voyageurs tels que Matteo et moi, qui ont décidé de voyager en train soit par ce qu’ils aiment ce mode de transport (en tant que suisses, c’est notre cas), ou pour changer du bus, ou encore pour pouvoir faire de jolies photos. Dans une autre catégorie, on trouve des gens qui ont visiblement un budget très généreux voire illimité pour leur vacances, et qui ne considéreraient même pas le bus comme une option. Inutile de dire que leurs bagages ne sont pas des sacs à dos, et c’est volontairement que j’ai mis un s à bagageS. Durant les 10 heures de trajet cette catégorie de personne passera aussi peu de temps que possible à regarder le paysage, mais pianotera sur son ipad ou se montrera très désagréable envers le personnel du train. Et enfin la dernière catégorie est formée par les voyages en groupe dont le trajet en train fait partie du package, et qui suivent sans trop se poser de question. D’ailleurs arrive un groupe de français bruyant (pléonasme) entrant dans cette catégorie. Leur guide (qu’ils appellent “Jojo”) a l’air très sympathique mais semble dépité par le groupe dont il a écopé. Nous reconnaissons certains membres du groupe pour les avoir déjà croisés dans un restaurant de Cusco où ils se faisaient déjà (naturellement!) remarquer, dont un type en particulier, et nous nous demandons comment avec une grosse tête comme ça, il arrivera à passer par la portière étroite du train. Plus sérieusement nous nous inquiétons du fait que l’on pourrait tomber dans le même wagon, mais en jetant un coup d’oeil très indiscret au billet de l’un de leurs membres, je constate que nous sommes sauvés. Leur guide par contre à réussi à s’arranger pour avoir une place dans notre Wagon, bien séparé de ses clients insupportables.

Il est 8h00 et l’Andean Explorer s’ébranle pour 387 km de trajet à la vitesse moyenne de 38 km/h. De 3550 mètres à Cusco, nous commençons par descendre le long d’une rivière (Huatanay) jusqu’à une altitude de 3100m. S’en suit alors une montée vers l’Atiplano péruvien à travers un paysage magnifique. Nous décidons qu’il serait de circonstance de boire un bière lorsque l’on arriverait à 4000m, altitude qui ni Matteo ni moi n’avions franchie jusqu’ici. Bien qu’on la commande vers 3500m, elle ne nous est servie qu’à 4200m, la faute au service pas très rapide. Caramba! Nous arrivons ensuite au col de Raya, le point culminant du parcours à 4330m. Le train y fait un court arrêt dans un cadre assez particulier où s’y mêlent un arrière plan de montagnes enneigées, notre magnifique train bleu et or ainsi qu’une chapelle blanche au toit rouge. Nous poursuivons notre voyage et le repas de midi est servi. Ce n’est pas très rapide mais en même temps, on n’est pas pressés. On déplorera juste qu’il ait fallu 20 minutes entre l’arrivée du dessert sur la table et celle de la cuillère pour le manger, et nous fûmes donc contraints de regarder un dessert bien appétissant sans pouvoir y toucher, sorte de torture psychologique.

Andean Explorer. Arrêt au point le plus haut du trajet: 4400m

 

Andean Explorer. Arrêt au point le plus haut du trajet: 4400m

Nous sommes maintenant sur l’altiplano, et les paysages sont toujours grandioses. Un peu avant Puno, nous traversons la ville de Juliaca qui est affreuse, mais la curiosité réside en son marché qui a lieu sur l’avenue principale qui se trouve aussi être la voie du train, et nous voici donc entre les étals de pièces automobiles, ferrailles, chambres à air, boulons rouillés, strings sur des annaux circulaire (drôle de manière de présenter des culottes… Je me demande s’il faut demander: J’aimerais un diamètre de 40 cm SVP), etc. Les derniers km avant Puno longent le lac Titicaca, mais il fait malheureusement déjà nuit, et l’on ne voit pas grand chose.

Andean Explorer à travers l’altiplano péruvien

Dans la salle des bagages, on n’entend que le groupe français, même s’ils ne représentent pas le 10% de la totalité des passagers, et c’est dans des moments comme ceux-là que l’on souhaiterait ne pas comprendre le français. L’hôtel est tout près de la gare, et nous nous y rendons à pied. Notre chambre a une grande fenêtre, mais lorsque nous ouvrons le rideau, nous constatons qu’elle donne sur un mur, environ 20 cm en face. Mais mis à part cette particularité architecturale, l’hôtel offre un très bon rapport qualité prix et la douche est bonne chaude. On fait un tour de la ville et on trouve un bar sympathique qui fait des cocktails moléculaires. Hourra pour la caipiriña à l’azote liquide. Hourra pour le mojito en sphères gélifiées.

Autour de Cusco

Cusco

Visite des sites archéologiques autour de Cusco. On y va à pied, et ça commence par bien monter pour arriver à Sacsayhuaman (ou sexy woman comme l’appellent les guides locaux pour amuser les touristes, très fiers de cette plaisanterie qui ne doit probablement pas être toute récente). De manière assez standard au Pérou, nous arrivons à une caisse où l’on achète notre ticket d’entrée (le type essaye d’ailleurs de nous arnaquer en voulant nous vendre un billet pour l’ensemble des sites de la région, y compris Ollantaytambo, Moray, etc. Heureusement que, à son plus grand désespoir, nous savions exactement quel billet nous voulions et combien il coûtait), et ce n’est que quelques centaines de mètres plus loin que l’on rencontre un deuxième point de contrôle où il s’agit de montrer le billet précédemment acheté. Pourquoi le contrôle ne se fait pas au même moment que l’achat, mystère. Il faut croire que la main d’oeuvre est bon marché…

Pierres parfaitements ajustées à Sacsaywamán

Nous commençons par nous rendre au pied du Christ géant qui domine Cusco, et force est de constater qu’il est bien plus beau vu de loin (d’en bas en ville) que de près. Ce sont surtout ses yeux qui sont dérangeants avec un gros trou au milieu comme s’ils avaient été picorés par des oiseaux. Mais ce qu’ili faut surtout admirer depuis là haut, c’est la ville de Cusco, le nombril du monde, qui s’étend sous nos pieds. Le site de Sacsayhuaman est assez impressionnant de par ses murs formés de blocs énormes ajustés au millimètre et qui forcent l’admiration. Nous nous rendons ensuite au site de Kenko, puis à la forteresse de Puka Pukara en passant par un joli sentier à travers les champs. Nous finissions ensuite à Tombomachay, qui est un peu décevant après ceux déjà parcourus.

Paysages aux abords de Cusco

Le truc bizarre étant surtout que la taille du parking et la grandeur de la guérite de contrôle contrastent bizarrement avec l’étendue réduite de ce dernier site. Nous retournons ensuite à Cusco en bus en début d’après-midi, puis allons acheter nos billets de bus Puno-La Paz, vu que l’on aura pas trop le temps de le faire à Puno. Nous nous rendons au terminal de bus à pied, qui se révèle être beaucoup plus loin que prévu. Lorsque l’on y arrive finalement, on s’adresse au bureau de Tour Peru qui semble être une bonne compagnie. Nous avons à faire à une sorte de gamin assis derrière un ordinateur, la tête couchée sur le comptoirs comme s’il dormait. Lorsque Matteo lui demande de réserver les billets il ne bouge pas sa tête et entreprend donc de se servir de l’ordinateur la tête toujours couché sur la table. Malgré une interface super simple, il n’arrive pas à émettre les billets, et la fille qui se trouve dans le même bureau n’a pas l’air d’en savoir plus, et il nous faut donc attendre qu’une personne qui sache utiliser l’ordinateur arrive. On espère juste que ce ne sera pas notre chauffeur se dit-on entre deux fous-rires.

Salines et terrasses

Ollantaytambo – Cusco

Programme du jour: retour sur Cusco. Nous souhaitons nous arrêter à quelques endroits sur le chemin, et trouvons un taxi qui veut bien nous amener là où on veut. On commence par les salines de Maras: Il semblerait qu’un inca de passage dans les environs a voulu boire de l’eau à une source qui jaillissait dans le coin et… pouah! elle était salée. Depuis, le sel est exploité grâce à un système d’irrigation perfectionné qui rempli environ 2000 piscines d’eau saumâtre qui peut ensuite s’évaporer. La superposition des ces milliers de gouilles accrochées au flanc de la montagne vaut le détour.

Les salines de Maras

Notre chauffeur (il s’appelle Julio) nous laisse le long de la rivière Urubamba, ce qui nous permet de monter à pied jusqu’aux salines, de les traverser, et il revient nous attendre de l’autre côté. Après un petit arrêt un peu plus haut pour contempler la vue d’ensemble des salines, nous nous rendons aux terrasses de Moray, le laboratoire agronomique des incas.

Fleurs aux terrasses de Moray

Le trajet se poursuit en passant par Maras, puis Chinchero, où selon notre chauffeur, on trouve de l’artisanat fait localement, par opposition au marché de Pisac dominé par les produits boliviens. Tu parles Charles! On s’est fait avoir, comme on le découvrira plus tard en trouvant les même pulls en Bolivie!

Chinchero

Nous retournons ensuite au même hôtel, et bénéficions cette fois d’une chambre tout en haut que nous espérons (à tort, mais je ne vais pas m’étendre sur le sujet) être plus silencieuse que lors de notre premier passage. L’hôtel est orné de peintures à thème religieux d’un goût un peu douteux. Au dessus de mon lit trône, celui que j’ai nommé saint Genou, à cause de la forme assez excentrique de sa rotule. Le vêtement qu’il porte met curieusement cette bizarrerie en évidence. Nous avons aussi le grand “plaisir” de devoir arpenter à nouveau le boyau “Recoleta” pour se rendre au centre ville.

Machu Picchu

Aguas Calientes – Ollantaytambo

Lever avant l’aube aujourd’hui pour se rendre sur le site du Machu Picchu. On décide d’y aller à pied, et on est bien content de ne pas avoir à se mettre dans la longue queue pour le bus. Le premier bout du chemin coïncide avec la route d’accès, mais vu que les bus ne circulent pas encore, ce n’est pas un problème. Lorsqu’on arrive au pont traversant la rivière Urubamba, il nous faut montrer nos tickets une première fois à un garde qui semble tellement s’ennuyer qu’il nous demande pourquoi nos passeports (qu’il faut aussi montrer) sont rouges avec un croix blanche. La réponse “par ce qu’ils sont suisses” semble le laisser dubitatif. Une fois de l’autre côté du pont, le sentier est bien séparé de la route (ou plutôt piste), ce qui est une bonne chose, par ce que les bus commencent à monter. Lorsque nous arrivons au sommet, nous découvrons que nous n’avons pas tout à fait échappé à toute file d’attente, puisqu’il y en a une belle pour entrer sur le site lui même.

Machu Picchu au lever du jour

Et nous voici donc sur ce lieu de légende qui a de quoi impressionner. D’abord, pas étonnant que les Espagnols ne l’ait pas trouvé, par ce qu’il faut vraiment chercher: la cité inca reste bien invisible depuis le fond de la vallée. Nous nous promenons dans les ruines et admirons le savoir faire des incas dans le domaine de la construction avec leurs énormes blocs de pierre de plusieurs tonnes qui sont ajustés au millimètre et s’assemblent sans mortier. Force nous est de constater, en comparaison avec les horreurs architecturale que forment les maisons péruviennes dans les villages, que les habitants devraient un peu plus s’inspirer des méthodes de leurs ancêtres lorsqu’ils bâtissent leurs maisons.

Putucusi depuis une fenêtre du Machu Picchu

Un peu avant 10h00, une nouvelle queue nous attend pour monter au Wayna Picchu et bénéficier d’un joli point de vue en hauteur sur le site. Il faut un peu zigzaguer entre les derniers du groupe de 7h00 qui sont encore coincés dans la descente, et ceux qui ont commencé à monter avant nous mais qui avancent comme des escargots. La vue au sommet a bien valu l’effort fourni!

Nous redescendons ensuite à pied jusqu’à Aguas Calientes où nous prenons une bière bien méritée avant de reprendre le train jusqu’à Ollantaytambo.

Le pueblo du bout du monde

Cusco – Aguas Calientes

Notre journée commence par un trajet en taxi jusqu’à la gare de Poroy, à une dizaine de kilomètres de Cusco. C’est de là que nous prenons le train pour aller à Aguas Calientes, puis au Machu Picchu. Le train est la seule manière de se rendre à Aguas Calientes, mais la plupart des visiteurs le prennent à Ollantaytambo, de façon à raccourcir le trajet. Nous décidons de profiter au maximum des paysages et de commencer le trajet à Cusco (ou Poroy plus précisément), ce qui fut un bon choix, puisque le paysage était très différent entre la première moitié du trajet (Poroy-Ollantaytambo) et la seconde (Ollantaytambo-Aguas Calientes). Matteo s’inquiète de savoir s’il pourra entrer dans le train puisque le principe d’embarquement s’apparente plus à celui d’un avion que d’un train et il se trouve que 1) Mes doigts ont glissé sur le clavier lors de la réservation, et le nom de Matteo a deux lettres inversées et 2) Son numéro de passeport est faux puisqu’il en a refait un nouveau entre le moment de la réservation et notre voyage. Mais il se trouve que le type qui contrôlait les billets était aussi dyslexique que moi et s’est contenté de jeter un œil à la photo du passeport et à la bouille de son détenteur. La première partie du trajet implique une descente assez vertigineuse le long d’une gorge, alors que la seconde s’enfonce dans la jungle, pour finalement arriver à Aguas Calientes, pueblo du bout du monde.

Machu Picchu vu depuis le Putucusi
Montée au Putucusi

Il est environ midi lorsque nous arrivons à notre hôtel et décidons d’atteindre un point de vue sur le site du Machu Picchu: le sommet de la montagne Putucusi. Il nous faut demander notre chemin à un local dans la rue qui nous répond: “You want to go to Putucusi, hi hi hi hi!” Après quelques centaines de mètres sur le sentier et après avoir franchi une première échelle, nous comprenons mieux pourquoi le type riait, puisque nous arrivons à une paroi rocheuse sur laquelle est fixée une échelle assez impressionnante. Une fois en haut, on aperçoit même pas le bas à cause de la pente. Il y a plusieurs autres échelles ensuite, mais toutes plus petites, puis une assez forte grimpette, mais nous arrivons finalement en haut et découvrons une vue magnifique sur les montagnes environnantes et le Machu Picchu. On se dit que même si on meurt en tombant de l’échelle géante en redescendant, on aura au moins vu ce site de légende. Mais comme il ne suffit pas seulement de le voir de loin, mais qu’il faut aussi y aller (programme du lendemain), c’est encore trop tôt pour mourir, et nous ferons donc attention en descendant.

Train traversant le village d’Aguas Calientes

Nous finissons l’après-midi aux bassins thermaux d’Aguas Calientes (d’où le nom de la ville), mais ça ne casse rien: trop de monde par rapport à la taille des bassins, qui sont seulement légèrement tièdes, à part un qui est chaud, mais c’est bien sûr le plus densément peuplé. Le cadre par contre est très joli. Aguas Calientes est faite pour les touristes, et ce ne sont donc pas les restaurants qui manquent. Par contre, dur de faire son choix avec tous ces types qui nous agressent pour nous attirer dans leur restaurant. De manière prévisible, les restaurants munis d’un racoleur restent désespérément vide, comme quoi nous ne sommes pas les seuls à être agacés par ce procédé.

Matteo, Lead Traveler

Cusco – Vallée sacrée – Cusco

Nous avons une chambre au rez-de-chaussée, et avons donc assez vite constaté que question bruit, ce n’était pas l’idéal, car il y a pas mal de passage. Mais le pire arrive à 5h00 du matin, lorsque la cuisine commence à préparer le petit-déjeuner, et surtout à passer les fruits au blender avec insistance pour les transformer en jus (succulents, d’ailleurs, mais au prix de combien de décibels?)

Lama ou Alpaga?

Pour commencer en douceur et s’adapter à l’altitude, nous nous joignons à un tour pour visiter la vallée sacrée. Suite à plusieurs expériences concluantes de Matteo lors de voyages précédents, nous choisissons la compagnie Viator, qui est en fait un agrégateur d’activités à travers le monde. Matteo qui a fait la réservation est désigné “Lead Travler”. Ma fois, c’est lui qui portera la responsabilité au cas où le tour est nul.

Ollantaytambo

Mais ce fut une très belle journée. Nous commençons par visiter une ferme avec des lamas, alpagas et vigognes, histoire de pouvoir les différentier, puis nous arrivons à Pisac pour visiter le marché et voir des cochons d’inde entrain de rôtir. Notre guide reçoit une dizaines de pains, contre la promesse de livrer 10 cochons d’inde lors d’une fête à venir. Nous nous dirigeons ensuite vers Ollantaytambo pour visiter la forteresse. Ensuite vient le repas, qui a été décrit très positivement sur les critiques du tour laissées sur le site de Viator. Mais je suppose que les personnes ayant écrit ces commentaires devaient être américaines. Il n’y avait pas à se plaindre de la qualité ni de la quantité de la nourriture: il s’agissait d’un buffet “all you can eat”. Mais par contre, nous qui nous attendions à un repas typique nous avons été un peu déçus, car c’est un restaurant géant pour touristes dans lequel s’arrêtent tous les groupes faisant le tour de la vallée sacrée. C’était bruyant, et il y avait du monde partout qui se goinfrait; ça en couperait presque l’appétit. En fait, on aurait très bien pu être dans le restaurant d’un hypothétique hôtel de Las Vegas au thème péruvien que ce n’aurait pas été différent.